Arsenic à Conques-sur-Orbiel : la rentrée scolaire mobilise les parents

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Par Hervé GAVARD - Conques-sur-Orbiel (France) (AFP)
Publié le 30 août 2019 - 10:32
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Des parents écrivent des mots d'alerte devant une école de Conques-sur-Orbiel, le 26 août 2019
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© PASCAL PAVANI / AFP
Des parents écrivent des mots d'alerte devant une école de Conques-sur-Orbiel, le 26 août 2019
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Pour la rentrée des classes, "nos enfants resteront à la maison": à Conques-sur-Orbiel, dans cette vallée de l'Aude polluée par l'arsenic, pas question pour Laurie Bauer d'envoyer son fils et sa fille dans un établissement potentiellement dangereux.

Malgré des informations rassurantes de la préfecture, "nous, on part vivre chez mes parents, à Villegailhenc, à quelques kilomètres", témoigne de son côté Vanessa Mot, dont le fils de trois ans et la fille de 19 mois jouent dans la salle de séjour, sur les hauteurs du village.

La commune est située en aval de la mine d'or et d'arsenic de Salsigne qui a légué des millions de tonnes de déchets toxiques, arsenic, soufre et autres métaux. Les terribles orages (14 morts) qui s'y sont abattus en octobre 2018 ont provoqué des ruissellements vers les cours d'eau, dont l'Orbiel.

A Conques, les écoles, dans le bas du village, ont été inondées. Si la maternelle a déménagé en zone non inondable, les classes primaires se préparent à recevoir les enfants lundi, ravivant "la peur et la colère" de parents qui soupçonnent un établissement pollué par le toxique cancérigène.

La préfecture a assuré mercredi que l'école, comme deux autres du secteur, "dispose d’un revêtement imperméable mis en place avant ou après la crue", rendant "impossible le contact avec une terre éventuellement souillée".

Les locaux ne présentent donc "à ce jour" "pas de risques pour les élèves et les personnels", affirme-t-elle.

"On nous prend pour des idiots", s'énerve Vanessa Mot. "Ils ont refait un revêtement à la va-vite, mais nous on ne veut pas mettre nos enfants dans un endroit qui n'est pas sain", renchérit Anthony Liégeois, compagnon de Laurie Bauer.

Une manifestation de parents est prévue lundi devant la mairie.

- "Abasourdies" -

Ces familles sont encore "abasourdies" par les résultats des analyses d'urine de leurs enfants réalisées après la révélation, en juin, que trois garçonnets présentaient des taux d'arsenic plus élevés que la moyenne.

Chez les Mot, les enfants présentent des taux respectifs de 14 et 22 microgrammes par gramme de créatinine, pour une valeur de référence à 10 µg/g.

Chez les Liégeois, la fillette de sept ans reste sous la barre, mais pas son frère de quatre ans (14 µg/g). "Quand j'ai vu ça, je me suis effondrée", raconte sa maman.

Une seconde analyse, le mois prochain, sera menée, pour déterminer s'il y a, ou non, imprégnation durable.

Au total, dans la vallée, 48 des 143 enfants testés présentent des valeurs égales ou supérieures à 10 µg/g.

Lundi, le président Emmanuel Macron a reconnu que la situation était "préoccupante".

- "C'est pas une vie" -

Pas de quoi rassurer les familles, qui se plaignent de n'avoir aucun contact avec le maire de Conques-sur-Orbiel-- qui n'a pas répondu à la sollicitation de l'AFP -- et n'ont pas confiance dans les autorités, préfecture, Agence régionale de santé...

"On nous dit de ne pas nous affoler", tempête Marlène Simonnet, dont la fillette de sept mois présente un taux d'arsenic de 25 µg/g.

"Elle ne va pas à l'école, ne joue pas dans la terre, ne boit pas l'eau du robinet. Il reste l'air, mais mon médecin m'a dit que la contamination par l'air n'est pas possible".

Selon l'ARS, le risque de contamination par inhalation est "marginal" par rapport au risque d'ingestion.

Les familles veulent la "vérité", sur les causes de la surexposition, les risques de maladie, et sur les résultats d'analyses des sols. La préfecture doit rendre publics les résultats de 200 prélèvements, mais "pas avant fin septembre".

"Ne pas avoir de réponses nous bouffe la vie", assure Vanessa Mot qui s'interroge avec son mari Vincent, à l'instar de Laurie et Anthony, sur la nécessité, voire l'urgence, de déménager.

En attendant, "on se lève avec l'arsenic, on se couche avec l'arsenic", raconte Laurie. Dès qu'un enfant a mal à la tête ou au ventre, on se demande si ça vient de l'arsenic. C'est pas une vie".

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