Assises du Rhône : 30 ans de réclusion pour un sextuple meurtre

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Par Marjorie BOYET, Nicole DESHAYES - Lyon (AFP)
Publié le 16 mars 2018 - 09:00
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La maladie "ne vaut pas permis de tuer": Yassine Mechta a été condamné vendredi à trente ans de réclusion, dont deux tiers incompressibles, devant les assises du Rhône, pour les meurtres de six membres de sa famille.

Après moins de trois heures de délibéré, la cour a suivi l'avocat général Charlotte Millon pour qui le discernement de Yassine Mechta, 35 ans, était "altéré" au moment des faits, et non "aboli" comme le soutenait la défense.

La cour a également prononcé le retrait de l'autorité parentale de l'accusé sur son fils aîné, seul rescapé du massacre - il était absent du domicile familial au moment des faits. Les jurés ont même été plus sévères en ne fixant aucune limitation de durée au suivi socio-judiciaire, avec injonction de soins, imposé au condamné.

Pour l'avocat général, "ses passages à l'acte ont été facilités par la maladie psychique" mais Yassine Mechta "n'était pas en dehors de lui-même".

La magistrate a détaillé comment, entre le 28 novembre et le 3 décembre 2015, dans cet appartement du 8e arrondissement de Lyon, Yassine Mechta a battu puis poignardé Caroline, sa compagne de 32 ans, avant de "méthodiquement" donner des coups de couteau à quatre de leurs enfants, âgés de 5 mois à six ans.

Il s'était par la suite rendu chez son frère, Djamel Mechta, 49 ans, dans un foyer social près de Lyon, et l'avait poignardé dans son sommeil.

"La maladie n'excuse pas tout mais (reconnaître) l'abolition du discernement, ce n'est pas l'acquittement, c'est une déclaration d'irresponsabilité pénale, c'est l'hospitalisation d'office sous contrainte", a plaidé l'avocate de la défense, Me Marina Stefania, pour qui "le crime se punit mais la folie se soigne".

- 'Quelque chose d'inéluctable' -

L'accusé, violent depuis de nombreuses années à l'égard de sa compagne, consommant quotidiennement "15 à 20 bières", du whisky et "10 à 15 joints", n'a pas expliqué les raisons de son geste durant le procès.

"Dans cette affaire, on n'est pas loin de l'abolition du discernement mais on n'y est pas", avait tranché jeudi un expert psychiatre, le Dr Jean Canterino, estimant que les troubles schizophréniques du père de famille avaient été aggravés par ses addictions. Extrêmement jaloux, il vivait dans la "peur" irrationnelle que sa compagne, enceinte de moins d'un mois, ne le quitte.

Condamné à deux reprises en 2006 et 2012 pour violences sur sa compagne, il avait écopé de 30 mois de prison, dont 15 avec sursis assorti d'une mise à l'épreuve de trois ans et d'une obligation de soins. Obligation qu'il n'avait pas respectée et le couple avait repris la vie commune.

"Caroline était le jouet de Yassine, il en faisait ce qu'il voulait, il avait une emprise sur elle", a expliqué à la barre une nièce de l'accusé, Célia, qui a découvert les corps. Selon les proches de la victime, son compagnon menaçait de la tuer, elle et sa famille, si elle le quittait.

"Il y avait quelque chose d'inéluctable car Yassine Mechta m'a dit qu'il avait pensé la veille" à tuer la jeune femme, a affirmé le Dr Canterino.

En 2014, Yassine Mechta avait été hospitalisé en psychiatrie à la demande d'un de ses frères, parce qu'il "entendait des voix". Il était ressorti, quinze jours plus tard, avec un traitement antipsychotique, qu'il avait toutefois "rapidement arrêté". De nouveau en proie à un "sentiment de persécution", en août 2015, il avait fait un bref passage à l'hôpital psychiatrique du Vinatier, près de Lyon, et en était ressorti à sa demande.

"Si j'aurais (sic) continué mon traitement, peut-être que tout cela ne serait pas arrivé", a dit l'accusé avant que la cour ne se retire pour délibérer.

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