Le gouvernement serre la vis sur l'assurance chômage, les syndicats "en colère"

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Par AFP - Paris
Publié le 18 juin 2019 - 06:00
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Le taux de chômage au 1er trimestre en recul de 0,1 point à 8,7% le 16 mai 2019
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© PASCAL GUYOT / AFP/Archives
Le gouvernement a présenté mardi une vaste réforme de l'assurance chômage durcissant les règles d'indemnisation.
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Le gouvernement a présenté mardi une vaste réforme de l'assurance chômage durcissant les règles d'indemnisation, renforçant l'accompagnement des chômeurs et frappant au portefeuille les entreprises abusant des contrats courts, une réforme immédiatement brocardée par les syndicats qui ont fait part de leur "colère".

La réforme vise jusqu'à 250.000 chômeurs en moins et 3,4 milliards d'euros d'économies d'ici fin 2021 pour désendetter l'Unedic, a expliqué Édouard Philippe, en présentant ces mesures à Matignon aux côtés de la ministre du Travail, Muriel Pénicaud.

"Le système actuel dysfonctionne car les règles d'indemnisation incitent trop souvent au maintien d'emplois précaires et pas suffisamment au retour à l'emploi", a plaidé le Premier ministre pour qui cette réforme est "le troisième temps de la transformation de notre marché du travail" après celles du code du travail et de la formation professionnelle.

A partir du 1er novembre, il faudra avoir travaillé six mois sur les 24 derniers mois -- au lieu de quatre mois sur 28 -- pour accéder à l'assurance chômage et les conditions de "rechargement" des droits seront également durcies, passant d'un mois de travail à six mois.

Quant aux demandeurs d'emploi qui avaient un revenu de travail supérieur à 4.500 euros brut par mois, ils verront leur indemnisation réduite de 30% à partir du septième mois, à l'exception des plus de 57 ans et avec un plancher de 2.661 euros nets.

"À la demande du patronat, ce gouvernement organise la baisse massive du paiement des qualifications et de l'expérience accumulée tout au long de la carrière", s'est emportée l'Union des cadres CGT. "Un jour funeste", pour François Hommeril (CFE-CGC).

A partir du 1er avril, le mode de calcul de l'indemnisation sera également modifié de façon à ce "qu'à travail égal, allocation égale", selon Muriel Pénicaud. Les règles actuelles sont plus favorable aux personnes alternant inactivité et contrats courts qui peuvent aussi dans certains cas toucher plus au chômage que leur ancien salaire mensuel.

Dans son entourage, on reconnait que 6 à 700.000 personnes sont "potentiellement impactées" par ces mesures mais on table sur "des effets de comportement" par la modification des règles.

"Aucun pays de l'OCDE n'a atteint le plein emploi sans une profonde réforme de l'indemnisation chômage", assume-t-on.

Un système de bonus-malus sur les contrats courts va être mis en œuvre le 1er janvier 2020 dans sept secteurs de l'économie, dont l'hébergement et la restauration ou encore l'agroalimentaire mais pas dans le bâtiment et la santé. Une taxe de 10 euros par CDD d'usage va être créée pour ce contrat spécifique.

Mme Pénicaud a par ailleurs annoncé le recrutement de plus de 1.000 nouveaux conseillers Pôle emploi pour trois ans, afin de proposer de nouveaux services d'accompagnement à partir de janvier 2020, mettant fin à trois années de diminution d'effectifs.

Par ailleurs la réforme élargit les droits au chômage pour les démissionnaires et indépendants.

Mme Pénicaud a précisé que les mesures ne s'appliqueraient pas aux chômeurs actuels, sauf dans les cas de rechargement des droits.

- "Injuste" et "inique" -

Des mesures immédiatement fustigées par les syndicats auxquels elles ont été présentées juste avant la conférence de presse du gouvernement, les partenaires sociaux ayant été tenus à l'écart des arbitrages.

Laurent Berger (CFDT) les a qualifiées de "profondément injustes" et "extrêmement dures" pour les personnes précaires alternant périodes d'emploi et de chômage. Et la réforme ne "responsabilise qu'en partie" les entreprises "qui usent et abusent de la précarité", selon lui.

Catherine Perret (CGT) a jugé la réforme à la fois "inique" et "inefficace". "Il y a un chômeur sur deux qui est indemnisé. Avec la réforme du gouvernement, c'est un sur trois", a-t-elle calculé.

Le numéro un de FO, Yves Veyrier, a fustigé "un raisonnement consistant à faire le procès des salariés précaires qui seraient responsables de leur situation".

Des critiques relayées par les députés PS, PCF et LFI, qui ont dénoncé un "mauvais coup" et une réforme de "petit comptable" qui "rabougrit" le droit à l'indemnisation.

Côté patronal, c'est le bonus-malus sur les contrats courts qui fait grincer des dents. Geoffroy Roux de Bézieux (Medef) a regretté une mesure "inefficace qui découragera l'emploi". Pour François Asselin (CPME), "un employeur va réfléchir à deux fois" avant d'embaucher.

Le secteur de l'hôtellerie-restauration juge la mesure "discriminatoire" dans un communiqué intitulé "pourquoi seuls sept secteurs concernés?"

Après l'échec des négociations entre patronat et syndicats cet hiver, c'est la première fois depuis 1982 que l'Etat redéfinit seul les règles d'indemnisation. Les derniers changements étaient entrés en vigueur à l'automne 2017.

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