Attaque à Paris : l'identité réelle de l'assaillant au cœur de l'enquête

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Par Alexandre HIELARD, Guillaume DAUDIN - Paris (AFP)
Publié le 28 septembre 2020 - 13:42
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Trois jours après l'attaque au hachoir à Paris, les enquêteurs tentaient lundi de faire la lumière sur la véritable identité de l'assaillant, dont la garde à vue a été prolongée et qui s'est présenté jusqu'à présent comme un Pakistanais de 18 ans.

Depuis le début de l'enquête, cet homme, qui a reconnu avoir blessé gravement vendredi deux salariés de l'agence de presse Premières Lignes en pensant s'en prendre à des journalistes de Charlie Hebdo, se présente comme Hassan A., âgé de 18 ans, né à Mandi Bahauddin, une ville agricole du Pendjab au Pakistan.

Cette identité correspond à celle d'un jeune homme entré en France encore mineur, il y a trois ans. Pris en charge par l'aide sociale à l'enfance dans le Val-d'Oise jusqu'à sa majorité en août, il ne présentait "aucun signe de radicalisation", selon le conseil départemental.

Il n'était pas connu non plus par les services spécialisés, n'étant ni fiché ni inscrit au Fichier des signalements pour la prévention de la radicalisation à caractère terroriste (FSPRT) sous ce nom.

C'est en analysant son téléphone portable que les policiers de la brigade criminelle et de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), chargés de l'enquête sous l'autorité du parquet national antiterroriste (Pnat), ont mis la main sur une photo d'une pièce d'identité.

Selon ce document, Hassan A. s'appellerait en réalité "Zaheer Hassan Mehmood" et aurait 25 ans, ont indiqué à l'AFP des sources proches du dossier confirmant une information du Monde.

A ce stade de l'enquête, ce patronyme n'apparaît pas non plus dans les fichiers de police ou de renseignement, a précisé l'une de ces sources.

C'est sous cette identité que s'est présenté cet homme dans une vidéo enregistrée avant l'attaque et authentifiée par les enquêteurs, selon une source proche du dossier. Dans ce document de deux minutes, qui a circulé dans le week-end sur les réseaux sociaux, l'assaillant, en habit traditionnel, pointe, entre chants psalmodiés et pleurs, "les caricatures du prophète Mohammed qui ont été faites".

"Aujourd'hui, vendredi 25 septembre, je vais les condamner", ajoute-t-il, sans donner plus de détails et sans faire allégeance à une quelconque organisation. Il revendique en revanche avoir pour "guide" le mollah Ilyas Qadri, chef de file de Dawat-e-Islami, un groupe religieux apolitique et non-violent d'inspiration soufie, basé au Pakistan.

- Téléphones portables saisis -

Des perquisitions dans deux des domiciles présumés de cet homme présenté comme "itinérant", dans un hôtel social à Cergy-Pontoise et un appartement de Pantin (Seine-Saint-Denis), ont permis la saisie de matériels, notamment des téléphones portables, dont l'analyse pourrait permettre d'en savoir davantage sur son parcours avant son arrivée en France en 2018.

La garde à vue de l'assaillant, qui parle mal le français et est assisté d'un interprète en ourdou, a été prolongée de 48h dimanche, a indiqué une source judiciaire à l'AFP.

Cinq autres gardes à vue sont encore en cours lundi: trois anciens colocataires du principal suspect dans son appartement de Pantin, son jeune frère et une connaissance.

Ces auditions consistent pour l'heure à comprendre l'"environnement" de l'assaillant car, selon une source proche du dossier, "tout laisse à penser qu'il a agi seul".

Cinq autres personnes ont déjà vu leurs gardes à vue levées dont "Youssef", dès vendredi soir. Cet homme de 33 ans, initialement considéré comme suspect, a raconté au Monde samedi et sur TF1 dimanche comment il s'est retrouvé en garde à vue alors qu'il avait en réalité tenté d'arrêter l'attaquant : "Je voulais être un héros, je me suis retrouvé derrière les barreaux".

Dimanche, le patron de la "task force" antiterroriste de la présidence Laurent Nuñez a estimé dans un entretien à l'AFP que "nous améliorons la détection" en la matière mais "il faut resserrer encore les mailles du filet".

Le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, a estimé lui que les Français et leurs dirigeants avaient "peut-être (...) collectivement" évacué la menace du "terrorisme islamique" et qu'il lui revenait de leur "rappeler la réalité".

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