Attentats de janvier 2015 : le rôle central d'Ali Riza Polat, cheville ouvrière des préparatifs

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Par Eleonore DERMY - Paris (AFP)
Publié le 18 janvier 2019 - 19:36
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Photo prise le 22 décembre 2015 de militaires en faction aux abords de l'Hyper Cacher de la Porte de Vincennes, à Paris, l'une des cibles des attaques terroristes de janvier 2015
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© Eric FEFERBERG / AFP/Archives
Photo prise le 22 décembre 2015 de militaires en faction aux abords de l'Hyper Cacher de la Porte de Vincennes, à Paris, l'une des cibles des attaques terroristes de janvier 2015
© Eric FEFERBERG / AFP/Archives

Il a, selon l'enquête, joué le rôle de "bras droit" d'Amédy Coulibaly dans la préparation des attentats de janvier 2015: Ali Riza Polat sera le seul sur le banc des accusés à répondre de "complicité des crimes" de son ami jihadiste et des frères Kouachi.

Son nom est inconnu du grand public. Pourtant, dans son réquisitoire de près de 500 pages que l'AFP a pu consulter, le parquet de Paris souligne que cet homme aujourd'hui âgé de 33 ans a été une pièce centrale dans les préparatifs des attaques de Charlie Hebdo, Montrouge et de l'Hyper Cacher qui ont fait 17 morts.

Et ce, "très en amont par rapport à d'autres protagonistes", ont relevé les enquêteurs.

Ce Franco-Turc, en détention depuis mars 2015, avait fait connaissance avec Coulibaly en 2007 à la cité de Grigny où il avait grandi.

Il est suspecté d'avoir aidé ce dernier à se procurer l'arsenal employé dans les attaques de l'Hyper Cacher et de Montrouge, mais aussi celle de Charlie Hebdo, commise par les frères Kouachi.

Il aurait en particulier effectué un transport d'armes de la ville belge de Charleroi vers Paris dès début août 2014.

Devant les enquêteurs, il a nié avoir fait ce voyage. Il a en revanche reconnu avoir agi comme intermédiaire pour le compte de l'aspirant jihadiste dans la vente d'une Mini et avoir commis des escroqueries au crédit à la consommation concernant des voitures. Des transactions destinées à financer des livraisons d'armes, selon les investigations.

Une liste relative à des armes a été retrouvée chez Metin Karasular, un autre protagoniste renvoyé devant les assises, et une expertise en écriture a conclu que Polat en était l'auteur. "Prix des détonateurs en plus ? Balle de kalash 500 pièce ? (...) 3 chargeur de kalash prix ?", est-il écrit.

Il est aussi soupçonné d'avoir récupéré une moto Suzuki dont le traqueur avait été enlevé et qui a été utilisée par la suite par Coulibaly à Montrouge, le jour où il assassinait une jeune policière.

- "Un soldat face à un commandant" -

Pour Metin Karasular, Ali Polat se comportait avec Coulibaly comme "un soldat face à un commandant".

Issu d'une famille kurde alevi - une communauté connue pour son interprétation tolérante du Coran - ce délinquant multirécidiviste, connu pour être particulièrement violent, s'est converti à l'islam sunnite radical en 2014.

Aux enquêteurs, il a raconté être redevable envers Coulibaly qui lui avait donné en 2009 quelques kilos de cannabis pour 15.000 euros. Sorti de prison en 2014, ce dernier l'avait recontacté dans le but de se faire rembourser. Or, la nouvelle religion d'Ali Riza Polat lui interdisait de faire du trafic de drogue et il aurait donc cherché à effacer sa dette par d'autres moyens.

"Il connaissait et partageait l'adhésion des auteurs principaux à l'idéologie du jihad armé et à l'organisation terroriste +État Islamique+" (EI), estiment les juges à leur tour dans leur ordonnance de mise en accusation dont l'AFP a eu connaissance.

Les magistrats antiterroristes concluent qu'il avait "eu connaissance préalable de la nature terroriste des projets criminels en préparation".

Dès l'après-midi de la tuerie dans les locaux de Charlie Hebdo et alors que Coulibaly n'était pas encore passé à l'acte, Ali Riza Polat contactait un des suspects du réseau logistique pour récupérer les téléphones et la carte grise de la Suzuki, dans une tentative d'effacer les traces de son implication.

Quelques jours après les sanglantes attaques, il tentait de quitter la France à plusieurs reprises. Il s'est notamment rendu au Liban dans le but de rejoindre la Syrie, mais n'a pu traverser la frontière et avait rebroussé chemin.

Parmi les treize autres protagonistes renvoyés devant les assises, un autre, Mohamed Belhoucine, est lui aussi accusé de "complicité" par les juges d'instruction. Mais parti vers la zone irako-syrienne quelques jours avant les attentats, il reste introuvable et est aujourd'hui présumé mort.

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