Au Louvre-Lens, une histoire des manières d'aimer depuis l'Antiquité

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Par Zoé LEROY - Lens (AFP)
Publié le 26 septembre 2018 - 13:59
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Oeuvres exposées au Louvre-Lens dans le cadre de l'exposition "Amour", le 25 septembre 2018
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© DENIS CHARLET / AFP
Oeuvres exposées au Louvre-Lens dans le cadre de l'exposition "Amour", le 25 septembre 2018
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Du péché originel à la quête de liberté : l'exposition "Amour", qui s'ouvre mercredi au Louvre-Lens, montre comment chaque époque, de l'Antiquité jusqu'à aujourd'hui, propose sa vision de l'amour.

Cette exposition thématique "est un point de vue d'auteur qui raconte une histoire des manières d'aimer", résume Marie Lavandier, directrice du musée.

"Et cette histoire commence mal, car Eve, au jardin d'Eden, et Pandore, au temps de +l'Age d'or+, sont considérées comme responsables de tous les maux de l'humanité", relate Zeev Gourarier, commissaire de l’exposition.

Dans l'Antiquité, il y a en effet cette idée que "la femme est quelque chose de mauvais et qu'on peut alors en user à sa guise", explique Mme Lavandier.

L'amour est alors perçu comme un "amollissement" et représenté comme un obstacle à la réalisation de soi et non pas comme un "aboutissement".

Les œuvres de l'Antiquité expriment ainsi une conception de l'amour qui peut être vécu comme un mal: dans "La Tentation de Saint Antoine", de Jacques-Antoine Vallin, un groupe de jeunes filles dénudées entourent l'homme de leur danse enjôleuse, illustrant la dangerosité de la séduction charnelle.

Cette vision évolue avec le christianisme : la femme, épouse et mère, est revalorisée dans la relation amoureuse, au prix d'une "stigmatisation des plaisirs charnels".

En témoigne une peinture de Hans Memling, "Allégorie de la chasteté", visant à exalter la vertu : la femme y est rendue inaccessible par sa position au sommet d'une montagne gardée par des lions.

Au Moyen Age, l'amour courtois émerge : il repose sur une "exclusivité", une "constance" et une "réciprocité" du sentiment. Il rompt ainsi avec "la glorification de la chasteté" et propose un rapport plus égalitaire entre amour "charnel" et "spirituel".

- 250 œuvres d'art -

L'exposition se poursuit "avec le XVIIIe siècle libertin, où une place plus importante est tenue par le plaisir", poursuit Mme Lavandier.

Cette notion accompagne les idées des Lumières et transforme ainsi "l'art galant de se plaire réciproquement en une recherche raffinée des plaisirs de la chair", relève un panonceau.

Ici, les artistes mettent en scène des épisodes où un personnage espionne l'intimité d'un autre. En témoigne le célèbre tableau de Jean-Honoré Fragonard, "Le Verrou", montrant une femme s’abandonnant dans les bras de son amant dans une chambre à coucher.

Mais dès le XIXe siècle, "le romantisme préfère, à la quête du plaisir sans affect, une réhabilitation du sentiment", et l'amour, attendu dans le mariage, est pensé comme unique. Une sculpture de Camille Claudel met ainsi en scène le chavirement de deux corps: "c'est l'amour fou", résume Dominique de Font-Réaulx, autre commissaire de l'exposition.

Enfin, l'exposition, qui compte 250 œuvres, se penche sur l'époque contemporaine, où la liberté s'invite dans la relation amoureuse, avec des œuvres de Niki de Saint Phalle.

L'artiste "représente avec ses Nanas le bonheur d'être femme, avec la mise en valeur des courbes, un certain bonheur d'être, mais qui s'accompagne aussi d'un mal-être dans l'amour et, quelque part, ça nous interpelle sur la liberté", explique Zeev Gourarier.

Cette exposition, visible jusqu'au 21 janvier, s’achève sur une mosaïque de 350 pochettes de disques vinyles.

Ces chansons d'amour témoignent des changements des façons d'aimer: il y a "l’exaltation de l’amour libre", comme Carmen avec "L'Amour est enfant de Bohême" ou Barbara avec "Moi je me balance". D'autres évoquent des questions relatives au genre, comme Sylvie Vartan et sa rengaine "Comme un garçon".

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