Au procès Toscan du Plantier, les témoins racontent les étranges confessions de l'accusé

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Par Anne-Sophie LASSERRE - Paris (AFP)
Publié le 28 mai 2019 - 23:52
Mis à jour le 29 mai 2019 - 00:18
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La maison où a été retrouvée morte Sophie Toscan du Plantier, le 24 décembre 1996
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© - / AFP/Archives
La maison où a été retrouvée morte Sophie Toscan du Plantier, le 24 décembre 1996
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D'étranges confessions et la "peur": deux témoins irlandais ont chargé mardi l'ex-journaliste britannique Ian Bailey, jugé en son absence par les assises de Paris pour le meurtre commis à Noël 1996 de Sophie Toscan du Plantier dans un coin isolé d'Irlande.

"Ils sont finalement arrivés": l'annonce de la présidente de la cour d'assises, qui juge depuis lundi l'homme de 62 ans par défaut, fait frémir les bancs des parties civiles. Sur une vingtaine de témoins irlandais cités par l'accusation à ce procès sans accusé ni avocat de la défense, une ex-voisine et un ancien ami de Ian Bailey sont les deux seuls témoins irlandais à avoir répondu à la convocation de la justice française.

Amanda Reed est la première à s'avancer à la barre: son fils, 14 ans à l'époque, a été également cité, mais "bouleversé" depuis les faits, il n'a pas souhaité témoigner. C'est lui pourtant qui avait déclaré à la police irlandaise avoir reçu cet aveu de Ian Bailey, lors d'un trajet en voiture en février 1997: "Je suis allé chez elle avec un caillou une nuit et ai explosé sa putain de cervelle". "Ian était sérieux quand il a dit ça et il était saoul", avait assuré l'adolescent.

Deux semaines plus tôt, le 23 décembre 1996, la productrice française de 39 ans, mariée au producteur Daniel Toscan du Plantier, avait été retrouvée morte, le crâne fracassé, en contrebas de sa maison isolée de Schull, sur la côte sud-ouest de l'Irlande où elle était venue passer quelques jours avant Noël.

"Il était très effrayé. J'ai cru mon fils et je n'ai jamais remis sa parole en question", témoigne Amanda Reed, plus de 22 ans après les faits.

- "Verrous aux portes" -

"Après cela, nous avons mis des verrous à toutes les portes de la maison", poursuit la femme de 60 ans, cheveux mi-longs et veste grise. Mme Reed vit toujours dans les environs de Schull, tout comme Ian Bailey. "Quand je suis en sa présence, je ne lui permets pas de m'adresser la parole", affirme-t-elle.

Il arrive que Bill Fuller, ancien jardinier-paysagiste reconverti en cuisinier, tombe aussi sur son ancien "ami" au pub. Mais les deux hommes ne se parlent plus depuis que Ian Bailey l'a accusé du crime fin janvier 1997.

"Il m'a dit: +C'est toi qui l'as tuée. Tu l'as vue au Spar avec son beau petit cul. Tu es allée chez elle vers 2H00 du matin pour voir ce que tu pouvais en tirer. Tu l'as effrayée, pour la calmer tu lui as donné un coup mais c'est allé trop loin. C'est ce qui s'est passé avec Jules (la compagne de Ian Bailey, NDLR), j'ai vu son petit cul mais elle elle m'a laissée entrer+", se remémore Bill Fuller.

Un aveu indirect, est-il persuadé: "Ian Bailey avait l'habitude de parler de lui-même à la deuxième ou troisième personne. Ce qui m'a convaincu, c'est qu'il donnait un motif sexuel. Et quand il parlait, tout était autour du sexe", poursuit M. Fuller, carrure imposante sous son costume gris.

En sortant de la maison de Ian Bailey ce soir-là, il "tremblait" tellement au volant de sa voiture qu'il a eu peur "qu'elle ne démarre pas". Après, "il me suivait beaucoup, il a intimidé pas mal de témoins" du village, assure Bill Fuller.

Dans une missive adressée à la cour et lue à l'audience, une autre témoin, qui avait chargé Ian Bailey de couvrir le meurtre de Sophie Toscan du Plantier pour le "Sunday Tribune", s'est émue de "la notification tardive" de la tenue du procès, auquel elle se trouve "dans l'impossibilité d'assister".

"Les témoins ne sont pas fautifs, ils n'ont eu de cesse de se rendre disponibles", ajoute cette ancienne responsable éditoriale, à qui Ian Bailey aurait dit: "Oui, je l'ai fait, je l'ai tuée pour ressusciter ma carrière de journaliste".

Placé deux fois en garde à vue, en 1997 et 1998, Ian Bailey a toujours clamé son innocence. Il n'a jamais été poursuivi par la justice irlandaise faute de preuves suffisantes, et Dublin a refusé de le remettre aux autorités françaises, invoquant l'absence de réciprocité entre les deux pays en matière d'extradition.

Verdict vendredi.

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