Au salon de l'Agriculture, le lin défile et tisse son réseau d'adeptes

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Par Nicolas GUBERT - Paris (AFP)
Publié le 28 février 2018 - 10:57
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Des mannequins portant des vêtements de lin au 55e salon international de l'agriculture à Paris le 27 février 2017
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© Thomas SAMSON / AFP
Des mannequins portant des vêtements de lin au 55e salon international de l'agriculture à Paris le 27 février 2017
© Thomas SAMSON / AFP

Imprimés asiatiques, tissages travaillés de multiples façons: au salon de l'Agriculture, un défilé de tenues de soirée en lin a rappelé au public que la France était le premier berceau de ce textile de niche qui continue à gagner de nouveaux adeptes.

Satin-lin, organza de lin, taffetas de lin, "on peut avoir tous les aspects avec une seule fibre", explique Anne Fo, styliste du jour, originaire de Normandie, alors que ses modèles défilent sous les regards des visiteurs, dans le pavillon 2.2 du parc des expositions de la porte de Versailles.

Cette polyvalence du lin-textile et sa capacité à garder la chaleur est ce qui a séduit la styliste du pays de Caux, laquelle ne se lasse pas d'admirer depuis l'enfance les champs de fleurs bleues se confondant avec l'horizon marin.

Dans les allées du salon, des mannequins coiffés d'hortensias, de fleurs de cerisiers ou de chignons noués avec des baguettes, emmènent le badaud de l'Occident vers l'Orient.

Le regard du passant s'attarde sur les motifs représentant grues ou paons aux plumes dorées, qui ornent des vêtements dont la coupe est inspirée du kimono ou du hanbok, la tenue traditionnelle coréenne.

Pourtant, la fibre qui a servi à concevoir ces tenues à la découpe n'a que peu de rapport avec l'Asie, même si c'est en Chine que se trouve, comme pour le coton, l'écrasante majorité des filatures (environ 90%).

Mais c'est bien de France que provient la plus grande partie de la production mondiale et 80% de la fibre en Europe, plus précisément des côtes de Normandie et des Hauts-de-France.

A l'aise dans un sol profond et limoneux, le lin a besoin de conditions climatiques tempérées. Sa fleur bleue qui éclôt en juin met cinq semaines pour arriver au stade de la récolte, en juillet.

"Lorsque la plante arrive à maturité, elle est arrachée et pas fauchée", explique Laurent Cazenave, porte-parole de Terre de lin, plus importante coopérative en France. Commence alors le rouissage: les plants sont laissés en tas dans le champ et "grâce à l'alternance de la pluie et du soleil, s'opère une destruction des liens entre la fibre et la partie boiseuse du lin.

- Des récoltes variables en qualité -

Le paysan "tremble du semis à récolte", explique Jérôme Lheureux, cultivateur en Seine-Maritime et président de la section lin et chanvre au Gnis (interprofession des semenciers), en raison du caractère aléatoire du rouissage, qui fait de chaque année un millésime différent, même si les producteurs ont appris à limiter les risques.

La précieuse fibre peut ainsi varier en qualité sur de nombreux aspects, souligne Laurent Cazenave, qui évoque sa "longueur, qui peut aller jusqu'à 1,20 mètre, la couleur de la fibre, de préférence grise et brillante, et le facteur résistance".

Sur environ 98.000 hectares dans le nord de la France, le lin ne peut pousser que tous les cinq à six ans, pour assurer une qualité optimale.

Outre le débouché textile, qui représente 70% de la valorisation des fibres longues, de nouveaux usages ont vu le jour ces dernières années, comme des matériaux composites pour fabriquer des casques de motos ou des skis.

Si des "pays émergents comme l'Inde commencent à consommer du lin" et si en Occident la demande pour des fibres naturelles est repartie à la hausse, les surfaces ne sont pas extensibles, selon M. Lheureux, qui évoque "un frein climatique".

"Nous travaillons à l'amélioration génétique pour améliorer les rendements et permettre de suivre la progression de la demande au niveau mondial", explique-t-il toutefois, affirmant qu'"à l'heure actuelle, on est à l'équilibre".

Point de ruée vers le lin, en effet: la fibre, qui compte pour environ 200 millions d'euros de chiffre d'affaires annuel en France, ne représente que 0,7% du textile mondial, très loin derrière le géant coton.

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