Ascoval : audience de la dernière chance, le PDG de l'aciérie confiant

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Par Clément MELKI, Julia PAVESI - Strasbourg (AFP)
Publié le 24 avril 2019 - 06:00
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Le délégué CGT, Nacim Bardi, devant le panneau d'Ascoval, à Saint-Saulve,le 3 avril 2019
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© PHILIPPE HUGUEN / AFP/Archives
Le délégué CGT, Nacim Bardi, devant le panneau d'Ascoval, à Saint-Saulve,le 3 avril 2019
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"Tous les feux sont au vert": le PDG de l'aciérie Ascoval s'est montré confiant mercredi alors que le tribunal de Strasbourg examine, en principe pour la dernière fois, les projets des candidats à la reprise de l'aciérie nordiste, un dossier aux multiples rebondissements emblématique de la désindustrialisation.

"Je considère qu'il y a 95% de chances que ce soit la dernière" audience, a déclaré Cédric Orban quelques minutes avant le début de l'audience devant la chambre commerciale du tribunal de grande instance (TGI) de Strasbourg.

Selon lui, le TGI pourrait rendre sa décision dans le courant de la semaine prochaine, mettant fin ainsi au feuilleton Ascoval, devenu un marqueur de la politique industrielle du quinquennat d'Emmanuel Macron.

Selon des sources sur place, l'audience devrait durer une grande partie de la matinée.

- Voyants "au vert" -

"Tous les feux visibles sont au vert. Toutes les informations qu'on reçoit par la banque nous indiquent que c'est vert aussi", s'est encore félicité M. Orban.

Les magistrats strasbourgeois avaient accordé le 27 mars un nouveau délai, un mois après le désistement surprise du groupe franco-belge Altifort, une douche froide pour les salariés, désormais 270 après une dizaine de démissions et de départs en retraite.

Créée en 1975 par Vallourec et devenue Ascoval en 2017, cette aciérie qui fabrique des tubes d'aciers spéciaux attend un repreneur depuis la liquidation judiciaire en février 2018 du groupe Asco Industries, auquel le sidérurgiste Vallourec avait cédé 60% de l'usine, tout en conservant 40% des engagements de commandes.

Mi-décembre, le TGI de Strasbourg avait mis fin à un long suspense en validant la reprise de l'usine par Altifort. Mais le projet avait échoué en février, le groupe franco-belge ne parvenant pas à réunir les 35 millions d'euros qu'il s'était engagé à apporter.

La justice devait examiner mercredi les quatre offres déposées par le sidérurgiste britannique British Steel, le fabricant italien d'aciers spéciaux Calvi Networks, le fonds SecuFund Industry et l'industriel régional Pascal Cochez.

Depuis le 27 mars, seul British Steel a déposé une offre améliorée, qui "se distingue" et "tient la corde" alors que Calvi et l'ancien patron d'Ascometal Franck Supplisson, qui porte le projet du fonds SecuFund Industry, ont maintenu la leur sans revoir leur copie, selon des sources concordantes.

"Quels que soient les deux candidats sérieux, ils ont de très bons projets, ils ont chacun leurs avantages et leurs inconvénients mais (...) ils sont tous les deux bons", a commenté Cédric Orban.

- "Brûler les ailes" -

Les offres de British Steel et Calvi ont la préférence de la direction et des syndicats. "Elles sortent du lot. Ce sont les dossiers les plus crédibles parce qu'ils maintiennent l'effectif contrairement aux autres et ce sont des sociétés du métier", a souligné Nacim Bardi, délégué CGT.

Mardi à Paris, les représentants syndicaux ont remis à l'administrateur judiciaire un avis "consultatif", joint au dossier. Celui-ci se veut "prudent": avis neutre pour les projets de British Steel et Calvi, défavorable pour les deux autres, selon un salarié proche du dossier.

Selon M. Bardi, British Steel anticipe le Brexit et les économies de taxe carbone qu'elle pourrait réaliser avec cette aciérie tournant à l'électricité face aux hauts fourneaux d'outre-Manche, tandis que Calvi aurait besoin d'une aciérie pour posséder une filière intégrée.

"On n'a pas le droit de redonner un nouveau faux espoir à nos collègues (...) on est à bout", a averti Bruno Kopzinski, délégué CFDT et porte-parole de l'intersyndicale d'Ascoval, qui a aussi fait le déplacement à Strasbourg.

"Je souhaite qu'enfin ça finisse et qu'on ait la vraie fin de l'histoire (...) On s'est quand même fait brûler les ailes quelquefois et on va rester méfiants jusqu'au bout", a-t-il enchaîné.

Faute de nouvelles commandes, la production de l'aciérie est à l'arrêt depuis vendredi, mais Ascoval compense la perte de salaire engendrée par le chômage technique, a assuré à l'AFP une source proche de la direction.

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