Aux assises, une accusatrice de Georges Tron s'excuse pour ses "bribes" de souvenirs

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Par AFP - Bobigny
Publié le 31 octobre 2018 - 16:51
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Virginie Ettel (à droite), une des deux plaignantes dans le procès de Georges Tron, le 23 octobre 2018 au tribunal de Bobigny
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© Thomas SAMSON / AFP/Archives
Virginie Ettel (à droite), une des deux plaignantes dans le procès de Georges Tron, le 23 octobre 2018 au tribunal de Bobigny
© Thomas SAMSON / AFP/Archives

"Ça fait neuf ans que j'essaie d'oublier": Virginie Ettel, l'une des deux femmes qui accusent l'ex-secrétaire d'État Georges Tron de viols, a regretté mercredi devant la cour d'assises à Bobigny de se souvenir par "bribes" des scènes qu'elle dénonce.

"Pardon", "désolée", "excusez-moi". Tout au long de sa journée d'audition, les phrases de Virginie Ettel, 41 ans, commencent souvent par des excuses. Qu'elle comprenne mal le sens d'une question ou peine à remonter le fil de ses souvenirs.

Longs cheveux blonds lâchés sur sa tenue noire, l'ancienne employée de la municipalité de Draveil (Essonne) justifie: "Il me reste encore des bribes mais je ne vous cache pas que ça fait neuf ans que j'essaie d'oublier."

Comme Éva Loubrieu, 44 ans, elle accuse Georges Tron, maire de Draveil depuis 1995, de lui avoir imposé des attouchements et des pénétrations digitales, avec la participation de son ex-adjointe à la Culture Brigitte Gruel.

Les deux sexagénaires sont jugés pour viols et agressions sexuelles en réunion depuis la semaine dernière devant les assises de Seine-Saint-Denis. Ils nient en bloc.

La voix de Virginie Ettel se brise au moment d'évoquer la première agression qu'elle dit avoir subie. "Quand le verrou a été fermé" après un déjeuner à la mairie, elle s'est sentie "prise au piège". Elle explique, en larmes, s'être trouvée comme une "poupée de chiffon" entre les mains des accusés.

Certains aspects varient depuis ses premières déclarations, provoquant haussements d'épaule et sarcasmes du côté de la défense.

"Je suis désolée, j'ai occulté beaucoup de choses", répond-elle.

En l'absence d'éléments matériels et de témoins directs, la crédibilité des plaignantes est au cœur des débats. Virginie Ettel étant la seule à avoir daté les agressions alléguées (en novembre 2009 et janvier 2010), la défense s'engouffre dans chaque incohérence.

Elle s'était ainsi trompée sur la date du déjeuner. Et l'enquête a démontré qu'elle avait essayé le soir-même de se suicider - ce qu'elle n'avait jamais rapporté - expliquant seulement s'être lavée méthodiquement chez elle.

"J'étais désorientée, déboussolée, c'est difficile de retracer les faits", avance-t-elle.

"Comment peut-on expliquer que vous ne vous souveniez pas de votre tentative de suicide ?" s'emporte Eric Dupond-Moretti, conseil de Georges Tron.

Des témoins ont relié cet événement à la fin d'une aventure avec un chirurgien - qu'elle nie - et non à une éventuelle agression.

"Comprenez-vous que vos mensonges, incohérences, invraisemblances peuvent permettre de douter de vos accusations ?" interroge l'avocat de Brigitte Gruel, Frank Natali.

"Je suis désolée, dit encore Virginie Ettel. Mais j'ai pas raconté 50 faits, j'en ai raconté deux, j'en ai pas rajouté."

Les plaintes avaient été rendues publiques fin mai 2011, dix jours après la retentissante arrestation à New York de l'ex-patron du FMI Dominique Strauss-Kahn, accusé de viol par une femme de chambre. Georges Tron avait démissionné le 29 mai de son poste de secrétaire d'État à la Fonction publique mais est resté maire de Draveil.

Le procès, qui reprendra lundi, doit durer jusqu'à la mi-novembre.

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