Avant Johnny, la France dit au-revoir à Jean d'Ormesson

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Par AFP
Publié le 08 décembre 2017 - 05:40
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Jean d'Ormesson le 23 juin 1976 à Paris
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Jean d'Ormesson le 23 juin 1976 à Paris
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Un simple crayon à papier, "le crayon des enchantements", posé par le président Emmanuel Macron sur le cercueil orné du drapeau français de Jean d'Ormesson : c'est l'image que l'on retiendra de l'hommage national à l'écrivain vendredi aux Invalides.

Le chef de l'Etat répondait à un vœu de l'écrivain, qu'il a cité: "A l'enterrement de Malraux, on avait mis un chat près du cercueil, à celui de (Gaston) Defferre, un chapeau, moi je voudrais un crayon, pas d'épée, pas de croix, un simple crayon à papier".

- 'Gourmandise et gratitude' -

"Du moins puis-je vous rester fidèle en déposant sur votre cercueil ce que vous avez voulu y voir: un simple crayon, le crayon des enchantements. Qu'il soit aujourd'hui celui de notre immense gratitude et de notre souvenir", a-t-il ajouté.

La cérémonie en l'honneur de l'académicien a eu lieu vingt-quatre heures avant "l'hommage populaire" prévu samedi pour le chanteur Johnny Hallyday, disparu mercredi, peu après le décès de l'écrivain.

Après l'émotion, la France vit à l'heure du souvenir pour l'un de ses romanciers et l'un de ses chanteurs parmi les plus populaires.

Jean d'Ormesson "fut ce long été auquel pendant des décennies nous nous sommes réchauffés avec gourmandise et gratitude. Cet été fut trop court", a déclaré le chef de l’État dans un discours truffé de références littéraires.

"C'est cette clarté qui d'abord nous manquera", a-t-il poursuivi.

La famille de l'écrivain, de nombreux membres de l'Académie française dont il était le doyen d'élection après en avoir été le benjamin, les anciens présidents Nicolas Sarkozy et François Hollande, des ministres, des dizaines de personnalités du monde de la culture et de la politique ont assisté à cette cérémonie qui avait été précédée d'une messe en la cathédrale Saint-Louis des Invalides toute proche.

Répondant aux "esprits chagrins" qui réduisaient cette grande signature du Figaro à un simple "ludion", M. Macron a salué celui qui était de "ceux qui nous rappelaient que la légèreté n'est pas le contraire de la profondeur mais de la lourdeur".

Après la marche funèbre entonnée par l'orchestre de la Garde républicaine, la Marseillaise a retenti avant que le pianiste Karol Beffa joue un concerto pour piano de Mozart.

Porté par des gardes républicains, le cercueil a quitté la cour d'honneur des Invalides, suivi par les membres de sa famille et le couple présidentiel, sur les notes du violon de Renaud Capuçon.

La dépouille de Jean d'Ormesson sera incinérée "plus tard" dans l'intimité, a confié sa famille à l'AFP.

- 'La mort ne peut rien contre moi' -

Dans une vidéo postée sur Twitter par un journaliste du Figaro, la romancière Danièle Sallenave, une des quatre "immortelles" siégeant aujourd'hui sous la Coupole, a salué "une cérémonie dotée d'une grande simplicité avec un discours du président d'une tonalité exceptionnelle".

Le romancier à qui l'on doit notamment l'entrée de la première femme à l'Académie française au début des années 1980, est décédé dans la nuit de lundi à mardi à l'âge de 92 ans.

Son 41e et dernier livre, "Et moi je vis toujours" paraîtra le 11 janvier chez Gallimard.

Sa fille, l'éditrice Héloïse d'Ormesson, a présenté jeudi soir à la télévision les ultimes mots écrits par son père.

"Une beauté pour toujours. Tout passe. Tout finit. Tout disparaît. Et moi qui m'imaginais devoir vivre pour toujours, qu'est-ce que je deviens? (...) Que je sois passé sur et dans ce monde où vous avez vécu est une vérité et une beauté pour toujours et la mort elle-même ne peut rien contre moi."

Comme en octobre 1963, où la mort de la chanteuse Édith Piaf était survenue la veille de la mort de l'académicien Jean Cocteau, le décès de Jean d'Ormesson a précédé de quelques heures la disparition de "l'idole des jeunes".

La France rendra samedi un "hommage populaire" à l'interprète de "Que je t'aime".

Accompagné de 500 à 700 motards, le convoi funéraire du chanteur que le président Macron a qualifié de "héros français" descendra les Champs-Élysées de l'Arc de Triomphe à la Concorde à partir de midi avant une cérémonie religieuse à la Madeleine

Le chef de l’État "prendra brièvement la parole" à la Madeleine avant d'autres intervenants dont l'ex-président Nicolas Sarkozy.

Les musiciens du rocker joueront des standards du chanteur disparu sur le parvis de l'église à l'issue du service.

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