Avec la grève, les associations de solidarité au ralenti

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Par Chloe ROUVEYROLLES-BAZIRE - Paris (AFP)
Publié le 17 janvier 2020 - 15:56
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Les bénévoles de l'Armée du Salut, habituellement une quinzaine pour distribuer des repas le soir près de la place de la République à Paris, sont actuellement bien moins nombreux, après plus de 40 jou
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© PHILIPPE HUGUEN / AFP/Archives
Les bénévoles de l'Armée du Salut, habituellement une quinzaine pour distribuer des repas le soir près de la place de la République à Paris, sont actuellement bien moins nombreux,
© PHILIPPE HUGUEN / AFP/Archives

Les bénévoles de l'Armée du Salut, habituellement une quinzaine pour distribuer des repas le soir près de la place de la République à Paris, sont actuellement bien moins nombreux: après plus de 40 jours de grève, les associations de solidarité commencent à fatiguer.

"Certains bénévoles ont arrêté de venir à cause des grèves dans les transports", raconte pour l'AFP Étienne Mangeard, directeur du bénévolat à l'Armée du Salut.

Avec son équipe, il a passé une bonne partie du mois de décembre à gérer ce casse-tête en tentant de recruter de nouveaux bénévoles et, pour ceux déjà en poste, en "optimisant au cas par cas" l'affectation à des activités près de leur lieu d'habitation.

Sans se positionner sur le bien-fondé de la grève, des associations font état à l'AFP de bénévoles contraints d'annuler leur service pour "garder leurs enfants lors des grèves de l'école" ou "éviter de marcher des heures ou devoir prendre un taxi".

Antoine Chossat, 19 ans, participe au dispositif Paris en compagnie qui met en lien volontaires et personnes âgées, notamment pour les aider à se déplacer. "Clairement, il y a des accompagnements que je ferais en temps normal, mais sur lesquels je ne me propose pas parce que je me déplace à vélo et que ça va me prendre beaucoup trop de temps".

"Les bénévoles se serraient les coudes, maintenant on commence à avoir des défections parmi ceux qui ont assuré ces dernières semaines et c'est normal", déclare M. Mangeard, déplorant aussi que des projets de développement de l'association aient dû être mis entre parenthèses.

- "Je me traîne, comme la grève" -

Les bénéficiaires ont le même problème.

Dorothée Pierard dirige un centre d’accueil pour usagers de drogues piloté par l'association Aurore. "Se rendre chez nous sans transport, ça veut dire traverser Paris à pieds alors qu'ils ont une santé très fragile. Ils sont fatigués", explique-t-elle à l'AFP.

Si l'association Aurore a réussi à maintenir l'ensemble de ses activités qui bénéficient à 41.300 personnes, elle a été contrainte de suspendre des services comme les maraudes dans le métro, une grande partie du réseau étant fermée.

Dorothée Pierard rappelle que le métro est "une solution de repli pour beaucoup de personnes qui y vivent, y dorment, y font la manche". "La fermeture de nombreuses stations a été "très difficile pour eux".

Odile Piechorowski elle, a recours au dispositif Paris en compagnie. "Pour les jeunes qui m'aident, c'est difficile de venir jusqu'à moi, et une fois qu'on est ensemble, c'est compliqué aussi bien en transports qu'en taxi à cause des embouteillages. Ca crée du stress", raconte la nonagénaire.

"Du coup, je me traîne, comme la grève", s'amuse-t-elle.

Dans les locaux parisiens de l'association Un petit bagage d'amour, qui vient en aide aux futures mères en situation de précarité, poussettes et layettes s'entassent.

"Les bénévoles ne peuvent pas facilement venir trier les dons, on est débordé", raconte Samira Tamansourt, la secrétaire de l'association. "On s'arrache les cheveux: certaines femmes ont déjà accouché et n'ont pas pu récupérer ce dont elles ont besoin".

"Des femmes ont dû laisser une partie des dons parce qu'elles repartaient vers de longs trajets dans des transports bondés, elles pensaient ne pas pouvoir entrer dans la rame avec de trop gros sacs", ajoute-t-elle.

Olivier Loock, directeur de la recherche de fonds pour les Petits frères des pauvres, explique par ailleurs n'avoir reçu aucun courrier pendant cinq jours en décembre: "Nous ne recevions pas les chèques et nous ne pouvions pas envoyer de reçu fiscal ou même nos remerciements".

Le mois de décembre est pourtant "crucial" dans la collecte de dons. "Là, c'est comme si on nous avait mis des bâtons dans les roues", ajoute-t-il, estimant à environ 500.000 euros la perte pour son association.

Selon lui, "la morosité ambiante" a également pu freiner les dons.

Le contexte était déjà difficile pour les associations qui enregistrent des baisses de dons depuis deux ans. "On est battants mais inquiets", dit M. Loock. "Si la collecte ne reprend pas, on essaiera de tirer sur d'autres coûts plutôt que de suspendre des actions".

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