Avec "M", Sara Forestier a voulu un "film sauvage"

Auteur:
 
Par AFP
Publié le 10 novembre 2017 - 16:47
Image
Sara Forestier lors d'une séance photo à Paris, le 2 novembre 2017
Crédits
© STEPHANE DE SAKUTIN / AFP/Archives
Sara Forestier lors d'une séance photo à Paris, le 2 novembre 2017
© STEPHANE DE SAKUTIN / AFP/Archives

Le premier long-métrage de Sara Forestier en tant que réalisatrice, "M", en salles mercredi, raconte le coup de foudre improbable entre Lila, une lycéenne bègue et introvertie, et Mo, un homme tchatcheur et charismatique. De cette histoire d'amour, elle a tiré "un film sauvage".

La comédienne, 31 ans, portait cette histoire en elle depuis l'adolescence. "C'est une idée que j'ai eue il y a 16 ans", raconte-t-elle dans un entretien à l'AFP. A l'époque, elle a vécu une histoire d'amour avec un garçon dont elle a appris après coup qu'il ne savait pas lire.

"J'ai été extrêmement touchée par le fait que ce garçon, que je trouvais très charismatique, m'ait caché quelque chose" tant sa honte était forte, explique Sara Forestier. De cette histoire, elle a tiré le personnage de Mo, campé par l'humoriste Redouanne Harjane.

Elle a aussi trouvé son inspiration dans le film de Charlie Chaplin, "Les lumières de la ville", sur la rencontre entre un vagabond et une jeune fleuriste aveugle.

Face à Mo, elle a imaginé Lila, une jeune femme à la sensibilité à fleur de peau, très intelligente, coincée entre un père blessé et mal-aimant (Jean-Pierre Léaud) et une petite soeur effrontée (Liv Andren), que son bégaiement empêche de s'épanouir, mais que l'amour va transformer.

"Dans les premières versions (du scénario), elle faisait des crises d'angoisse. Je voulais parler de l'hypersensibilité mais ça n'était pas assez manifeste (...) Tout d'un coup, j'ai eu l'idée que son empêchement soit organique, dans sa mâchoire, d'où le bégaiement", relate Sara Forestier, révélée en 2004 dans "L'Esquive" d'Abdellatif Kechiche.

Elle avait pensé confier le rôle de Lila à Adèle Exarchopoulos ("La Vie d'Adèle"), mais pour des questions d'agenda, a fini par interpréter elle-même le personnage, en même temps qu'elle passait derrière la caméra. "C'était mon rôle le plus difficile en temps que comédienne et le plus passionnant", dit-elle.

- "Vivre la vie plus fort" -

Tout au long du film, Sara Forestier rend palpable toutes les émotions qui secouent ses personnages, "l'amour, le désir, la puissance d'une rencontre, la honte, la souffrance, la peur", sans qu'ils parviennent toujours à les communiquer comme ils le souhaitent.

"Le film parle de ça: les choses les plus importantes dans la vie se passent en creux", poursuit-elle.

La jeune femme rend vivante et crédible cette histoire d'amour inattendue, qu'elle a plantée dans le décor gris, urbain, d'une banlieue.

Perfectionniste, elle a tourné 200 heures de rush. "J'ai mis quatre ans à faire le film": deux ans pour la préparation, le casting, travailler son rôle avec des personnes bègues, et deux autres années pour le montage, détaille-t-elle. "Tout est dans le choix des prises (...)" pour "capter le moindre souffle, le moindre frémissement sur un visage".

La réalisatrice a voulu "toucher quelque chose de plus organique (...), que les gens vivent le film, pas qu'ils le regardent", explique-t-elle.

Avant "M", Sara Forestier avait réalisé deux courts-métrages et un moyen-métrage. Si depuis l'enfance, elle rêvait d'être actrice, elle a aussi toujours eu envie "de raconter des histoires (...) d'inventer, pour vivre la vie plus fort". Elle s'est déjà lancée dans un autre projet, "Alpha", qu'elle espère tourner à l'été.

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Dessin de la semaine

Portrait craché

Image
Castex
Jean Castex, espèce de “couteau suisse” déconfiné, dont l'accent a pu prêter à la bonhomie
PORTRAIT CRACHE - Longtemps dans l’ombre, à l’Elysée et à Matignon, Jean Castex est apparu comme tout droit venu de son Gers natal, à la façon d’un diable sorti de sa ...
13 avril 2024 - 15:36
Politique
Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.