A Avignon, baptême du feu difficile pour les nouveaux visages

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Par Rana MOUSSAOUI - Avignon (AFP)
Publié le 19 juillet 2019 - 15:10
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Festival d'Avignon, qui se déroule du 4 au 23 juillet
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© GERARD JULIEN / AFP
Festival d'Avignon, qui se déroule du 4 au 23 juillet
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Le festival d'Avignon est connu pour être un test à haut risque pour les jeunes pousses du théâtre et l'épreuve s'est avérée difficile pour les nouveaux visages de l'édition 2019, jugés trop "sages".

Maëlle Poésy, la narratrice

Cette Parisienne de 34 ans, soeur de l'actrice Clémence Poésy (ex-Fleur Delacour dans Harry Potter), formée à l'Ecole supérieure d'art dramatique de Strasbourg, est parmi les plus "aguerris" des nouveaux invités à Avignon, où elle débarque pour la deuxième fois.

Remarquée par la Comédie-Française pour laquelle elle adapte en 2016 deux pièces de Tchekhov, elle collabore régulièrement avec le dramaturge Kevin Keiss.

"La jeune génération de metteurs en scène ne travaille pas forcément à partir du répertoire, mais d'écritures de plateau, de collaboration avec un écrivain", dit-elle à l'AFP. "C'est aussi une génération d'auteurs-metteurs en scène qui cherche une mise en scène intimement liée à l'écriture".

Elle a créé à Avignon avec le même Kevin Keiss "Sous d'autres cieux", une relecture de l'Enéide de Virgile.

"J'ai rencontré des gens du Centre Primo Levi à Paris (qui offre des soins aux victimes de torture et de violence politique des psychologues) pour savoir comment les souvenirs traumatiques fonctionnent, ça m'a aidé à construire une narration de la mémoire", explique-t-elle.

"Sans faire de contextualisation brûlante avec l'actualité, ce genre de récit fondateur se recoupe avec les migrants d'aujourd'hui".

Si RFI a vu "intelligence et sensibilité" chez cette "Virgile du XXIe siècle", Les Echos ont relevé "quelques beaux tableaux" mais une "adaptation sans souffle", tandis que la radio belge RTBF a qualifié le spectacle de "L'Eneide pour les nuls", avec un "texte boursouflé de Kevin Keiss".

Julie Duclos, la cinéphile

A 34 ans, cette comédienne formée au Conservatoire national supérieur d'art dramatique en est à son cinquième spectacle mais c'est son premier Avignon en tant que metteure en scène.

Passionnée de cinéma, le grand public l'a peut-être remarquée dans le récent "Grâce à Dieu" de François Ozon. Elle cite parmi ses références le réalisateur français Maurice Pialat, John Cassavetes ou encore Maurice Bresson.

Dans son spectacle "Pelléas et Mélisande", du prix Nobel belge Maurice Maeterlinck, elle inclut des séquences filmées à l'extérieur pour contextualiser cette pièce qui parle d'un amour juvénile hanté par la mort.

Elle rejoint Maëlle Poésy quand elle parle d'une nouvelle génération qui "invente sa propre écriture scénique".

Son spectacle a divisé la critique, Télérama saluant une "direction habile", tandis que Libération a évoqué une "mise en scène prudente" et "un peu trop sage".

Clément Bondu, le poète

Né en banlieue parisienne, formé à l'Ecole normale supérieure de Lyon et au Conservatoire national supérieur d’art dramatique de Paris, Clément Bondu, 30 ans, est le benjamin de ce festival, où il est invité pour la première fois.

C'est aussi le premier texte de théâtre du jeune homme qui s'est essayé surtout à la poésie.

Dans "Dévotion, dernière offrande aux dieux morts", il convoque des fantômes littéraires comme Hamlet en guise de métaphore des spectres de l'Europe.

"Ma génération a l'impression de ne pas avoir été amenée vers un monde meilleur mais plutôt dans un siècle cruel et violent; il y a une sensation de perte d'idéaux", dit le jeune homme.

Pour Le Monde, Bondu exprime à travers son spectacle "un si fort désir de théâtre qu’il déborde de partout", tandis que La Croix évoque une "pièce foisonnante mais un peu hermétique".

Tommy Milliot, l'identité double

A 35 ans, ce Franco-Flamand cite beaucoup des artistes belges comme Jan Fabre et Jan Lauwers qui lui ont donné le goût du théâtre contemporain.

Evoquant "l'envie de vivre avec les auteurs de mon époque", il a choisi d'adapter "La brèche" de l'Américaine Naomi Wallace, sur quatre adolescents dont l'éveil à la sexualité "vient se fracasser contre la question du consentement".

"Ca parle de l'espace-temps dans lequel on vit et de la déconstruction du rêve américain", commente-t-il.

Malgré un "beau travail scénographique", Les Echos ont critiqué une "adaptation trop littérale".

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