Manifestation anti-Polanski avant une cérémonie des César sous tension

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Par Sophie LAUBIE - Paris (AFP)
Publié le 28 février 2020 - 05:00
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Collage de militantes féministes pour s'indigner des nominations du film de Roman Polanski aux César, le 26 février 2020 à Paris
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© BERTRAND GUAY / AFP
Collages de militantes féministes pour s'indigner des nominations du film de Roman Polanski aux César, le 26 février 2020 à Paris
© BERTRAND GUAY / AFP

Quelques centaines de manifestants ont protesté vendredi soir contre les douze nominations du film "J'accuse" de Roman Polanski, visé par une nouvelle accusation de viol, avant une cérémonie des César sous haute tension.

Vers 19H30, moins de deux heures avant le début de la cérémonie, des manifestants avec des fumigènes ont tenté d'approcher de la salle Pleyel, où se tient la soirée, protégée par des policiers et des barrières métalliques en criant "Enfermez Polanski". Les manifestants qui tentaient de renverser des barrières ont été repoussés par la police.

"On veut interpeller le milieu du cinéma qui peut soutenir (l'actrice) Adèle Haenel, qui dénonce des faits d'agressions sexuelles et, dans le même temps, avec une hypocrisie incroyable, soutient Roman Polanski", a expliqué au début du rassemblement Céline Piques, porte-parole d'Osez le féminisme à une journaliste de l'AFP.

Les manifestantes ont lancé des slogans hostiles au cinéaste comme "Polanski violeur, cinéma coupable, public complice". Sur des pancartes, on pouvait lire: "Victimes de Polanski, on vous croit" ou "A bas le patriarcat".

Roman Polanski et l'équipe de son film "J'accuse", y compris l'acteur Jean Dujardin qui joue le rôle principal, ont décidé de ne pas se rendre à la cérémonie des César alors que son long métrage sur l'Affaire Dreyfus a récolté douze nominations.

Ce thriller historique sur l'Affaire Dreyfus fait partie des favoris, aux côtés notamment du film de Ladj Ly, "Les Misérables" (12 nominations aussi), sur une bavure policière dans un quartier populaire de Seine-Saint-Denis, et "Portrait de la jeune fille en feu" de Céline Sciamma, qui en compte dix.

"En faisant ce film, j'ai cru et je le crois encore, avoir fait plus de bien que de mal", a commenté Jean Dujardin vendredi soir sur Instagram.

- "responsabilité" -

La place de choix donnée à Roman Polanski est cependant jugée inacceptable par les féministes et une partie de l'opinion publique, alors qu'il est visé depuis novembre par une nouvelle accusation de viol.

Le réalisateur franco-polonais de 86 ans est également toujours poursuivi par la justice américaine pour relations sexuelles illégales avec une mineure en 1977.

"Je pense que c'est important qu'on soit là. On est un peu tendues je dirais quand même, et contentes de pouvoir représenter notre cinéma et nos idées", a déclaré l'actrice Adèle Haenel, nommée pour le César de la meilleure actrice et symbole d'un nouvel élan de #MeToo en France depuis qu'elle a accusé en novembre le réalisateur Christophe Ruggia d'"attouchements répétés" quand elle était adolescente.

"Cette cérémonie est particulière. On n'a pas le confort de faire fi du contexte, et donc on est en responsabilité par rapport à ce contexte", a souligné Céline Sciamma, très impliquée dans le collectif 50/50 pour la parité dans le cinéma.

Elle pourrait créer un moment historique en raflant le César de la meilleure réalisation, qui a été remporté seulement une fois par une femme, Tonie Marshall pour "Vénus Beauté (Institut)", il y a vingt ans.

- "Regrets" de Costa Gavras -

Le réalisateur Costa Gavras a regretté pour sa part que "Roman Polanski et l'équipe du film ne soient pas là". "Les nominations pour le films ont été décidées démocratiquement", a-t-il estimé, ajoutant qu'"il faut distinguer l'homme et l'oeuvre".

Vendredi matin, le ministre de la Culture Franck Riester a déclaré qu'un César de meilleur réalisateur pour Polanski serait "un symbole mauvais par rapport à la nécessaire prise de conscience que nous devons tous avoir dans la lutte contre les violences sexuelles et sexistes". Des déclarations qui n'ont pas plu au producteur du film Alain Goldman, déplorant "une escalade de propos et comportements déplacés et violents".

Cette soirée devrait aussi être celle du début d'une renaissance pour l'institution des César, secouée par une grave crise de fonctionnement.

Un vent de révolte, émanant de personnalités du cinéma, a soufflé depuis la mi-janvier pour critiquer l'opacité, le manque de démocratie, de diversité et de parité de la direction de l'Académie des César.

Cette fronde avait conduit, à la mi-février, à la démission en bloc de son conseil d'administration, présidé depuis 2003 par Alain Terzian.

Une présidente par intérim, Margaret Menegoz, a déjà été nommée mercredi, et une assemblée générale extraordinaire se tiendra le 20 avril pour adopter de nouveaux statuts.

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