Bac 2020 : une édition "exceptionnelle", avec encore des interrogations

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Par Isabelle TOURNÉ - Paris (AFP)
Publié le 04 juin 2020 - 10:00
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Depuis mars, les lycéens travaillent de chez eux. Les lycéens commencent à rouvrir progressivement leurs portes cette semaine
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© Alain JOCARD / AFP/Archives
Depuis mars, les lycéens travaillent de chez eux. Les lycéens commencent à rouvrir progressivement leurs portes cette semaine
© Alain JOCARD / AFP/Archives

L'édition 2020 du baccalauréat, délivré cette année sur la base du contrôle continu, doit être marquée du sceau de la "bienveillance" selon les textes officiels du ministère, qui n'ont pas levé toutes les interrogations entourant la validation du diplôme.

Initialement la réforme du bac prévue par Jean-Michel Blanquer devait faire la part belle au contrôle continu à partir de l'an prochain. L'épidémie de coronavirus aura précipité les choses puisque cette année aucune épreuve finale ne sera prise en compte pour la délivrance de l'examen.

Selon les textes officiels devant paraître jeudi au bulletin officiel, "cette organisation exceptionnelle est conçue dans un esprit de bienveillance vis-à-vis des candidats".

En clair, pas question qu'ils soient pénalisés par la fermeture des lycées décidée mi-mars. Ne seront prises en compte que les notes des premier et deuxième trimestres avant le confinement. Les livrets scolaires, qui doivent tous être rendus d'ici au 15 juin, pourront aussi "valoriser" l'implication ou les progrès des élèves.

Quant aux moyennes annuelles, elles seront "arrondies à l'unité supérieure".

Le bac sera-t-il pour autant donné à tout le monde ? Pas du tout, assure Claire Guéville, du Snes-FSU, premier syndicat du secondaire. "Les moyennes des deux premiers trimestres sont le plus souvent inférieures aux notes obtenues à l'examen final", regrette d'ailleurs l'enseignante, qui s'inquiète de résultats "très inégaux selon les établissements". "Il va nous falloir des garanties sur le bon fonctionnement des jurys", déclare-t-elle.

Ces jurys d'harmonisation, qui auront accès aux notes des élèves et à leurs appréciations, disposeront également d'éléments statistiques des lycées sur les trois dernières années, comme les résultats au bac dans chaque série ou le taux de mentions.

Forts de ces données, ils pourront ainsi décider de "revaloriser la moyenne annuelle" d'un candidat.

C'est en tout cas le souhait de bons lycées, ayant la réputation de noter sévèrement leurs élèves, une pratique qui risque cette année de les désavantager.

- "Coaching intensif" -

"Nous espérons pouvoir rassurer les familles, aujourd'hui un peu inquiètes", souligne par exemple Romuald Eyraud, proviseur adjoint du lycée du Parc, à Lyon. "D'ordinaire, environ les trois quarts de nos élèves ont des mentions, ce qui ne serait pas le cas cette année si on s'en tenait aux seules moyennes des deux premiers trimestres".

D'autres établissements, réputés moins bons, contestent à l'inverse cette décision. "Cela nous condamne de nouveau à des résultats médiocres au bac cette année", regrette une professeure d'anglais en Terminale souhaitant garder l'anonymat. Pour de nombreux élèves de son lycée du centre de Paris, "c'est un peu la panique": "ils ont tendance à travailler dans la dernière ligne droite, ils vont être très pénalisés par la seule prise en compte des bulletins du début d'année". "Comment les rassurer et faire en sorte qu'ils restent mobilisés ?", se demande-t-elle.

Les lycées commencent à rouvrir progressivement leurs portes cette semaine. Beaucoup d'entre eux veulent notamment cibler les Terminales qui savent déjà que leur moyenne sera comprise entre 08 et 10/20 et qui iront au rattrapage (8 au 10 juillet).

"Pour ces élèves, on va mettre en place des séances de coaching intensif", affirme Pascal Bolloré, du SNPDEN, premier syndicat des chefs d'établissement, et proviseur à Saint-Maur-des-Fossés (Val-de-Marne).

"On va leur proposer une forme de tutorat, c'est un vrai challenge pédagogique", explique aussi Florence Delannoy, membre du SNPDEN et proviseure d'un lycée dans le Nord.

"Ils ont la chance de savoir très tôt qu'ils iront à l'oral de rattrapage et en même temps ils sont, pour beaucoup, totalement déconnectés de l'école", souligne-t-elle.

Certains ne sont pas encore fixés sur leur sort, comme Hugo, en Terminale ES à Châtellerault (Vienne): "J'ai fait le calcul de ma moyenne sur un simulateur en ligne. Ca me donne 10 pile, mais je pourrais rater le bac du premier coup pour un ou deux points", craint-il. Alors il essaye de se motiver pour travailler un peu chaque jour. A l'inverse, ses camarades qui sont sûrs de l'avoir "ont déjà tout lâché", assure-t-il.

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