Bagarre Booba-Kaaris à Orly : l'épilogue du "clash" de l'été mardi

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Par Marie DHUMIERES - Créteil (AFP)
Publié le 08 octobre 2018 - 10:03
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Une bagarre générale devant les smartphones des passagers d'Orly, un séjour en prison, et un procès début septembre: l'épilogue du "clash" de l'été entre les rappeurs Booba et Kaaris est attendu mardi, avec la décision du tribunal de Créteil.

Le 6 septembre, le procureur a requis un an de prison avec sursis contre ceux qu'il avait qualifiés de "petits bourgeois du clash". Booba, "patron" du rap français, et Kaaris, son ancien protégé, ne seront pas présents au tribunal pour entendre le jugement, selon leurs avocats.

Les deux hommes de 41 et 38 ans et leurs gardes rapprochées avaient été placés en détention provisoire après la bagarre collective à l'aéroport parisien d'Orly début août, avant d'être libérés trois semaines plus tard avec une interdiction de quitter le territoire, que le tribunal a levée dans l'attente du jugement.

Booba, qui habite Miami depuis 10 ans, y a rejoint ses deux jeunes enfants. Il devrait rentrer en France quelques jours avant un concert prévu le 13 octobre à la U Arena de Nanterre, la plus grande salle d'Europe.

Brouillés depuis quelques années, les deux hommes ne se voyaient plus mais se "clashaient" régulièrement sur internet à coups de piques, de photos-montages moqueurs ou de vidéos menaçantes.

La scène de leur première rencontre "en vrai" est pour le moins insolite: deux stars du rap français qui, quelques instants auparavant faisaient des selfies avec des fans, se retrouvent au coeur d'une bagarre à onze, en plein hall d'embarquement.

Eloquentes, les vidéos ne sont flatteuses pour personne: Booba, flacon de parfum au poing, qui frappe un proche de Kaaris, ce dernier caché derrière un rayon d'une boutique duty-free qui jette des objets sur un proche de Booba... des coups de pieds au sol, de poings sur la tête, un peu de sang... Au final, des blessés légers dans chaque camp, plusieurs vols retardés et plus de 50.000 euros de casse, le tout devant des passagers éberlués filmant la scène, qui tournera en boucle sur les réseaux sociaux et les chaînes d'information.

"N'y avait-il pas moyen que cela se termine autrement?", a soupiré la juge pendant le procès.

"Je me suis défendu, tout simplement", a répondu Booba, "c'est vraiment pas ma faute", a dit Kaaris.

- "Enfantillages" -

Devant une salle comble, lors d'une audience qui s'est étirée jusqu'à 2h00 du matin, les rappeurs ont joué l'apaisement et présenté leurs excuses, laissant au soin de leurs avocats de s'écharper pour imposer leurs vérités au visionnage des vidéos de la bagarre.

C'est Kaaris "qui se lève et va au contact", c'est Booba qui "porte le premier coup de pied", a tranché le procureur. Mais qu'importe, ces deux "pères de famille", "chefs d'entreprise", sont surtout "tous deux responsables" d'avoir perdu "toute lucidité" et entraîné leurs gardes rapprochées dans la bagarre, de peur de devenir "la risée d'internet".

Contre leurs neuf proches jugés en même temps, il a échelonné ses réquisitions selon la gravité des violences et leurs antécédents judiciaires: relaxe pour un membre du clan Booba resté à l'écart, entre six mois d'emprisonnement avec sursis et huit mois ferme pour les autres.

La rencontre entre les deux rappeurs qui devaient embarquer sur le même vol pour Barcelone, était "fortuite" selon le procureur qui a rejeté l'hypothèse d'un "guet-apens" ou d'un "coup marketing", mais "ne pouvait que se conclure par une confrontation physique": à force de "clashs" publics, Booba et Kaaris "se sont créé des personnages forts, puissants, violents, excessifs et déterminés", a-t-il estimé.

Dans ce contexte, "baisser les yeux, détourner le regard, ignorer l'autre, c'est déjà perdre la face", a résumé le magistrat.

"On peut considérer que tout ça est grotesque, c'est des enfantillages", a admis Booba.

Booba et Kaaris n'ont en tout cas pas perdu le sens des affaires : tous deux ont sorti ces derniers jours de nouveaux "single", dont ils font allégrement la promo sur les réseaux sociaux. Sans, pour l'instant, se "clasher" l'un l'autre.

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