Bendaoud : un prévenu "inquiétant", le cousin d'un des cerveaux du 13-Novembre

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Par Caroline TAIX - Paris (AFP)
Publié le 22 novembre 2018 - 21:02
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Pour les parties civiles, il est "plus inquiétant" que Jawad Bendaoud, au côté duquel il est jugé: Youssef Aït Boulahcen a tenté jeudi de convaincre la cour d'appel qu'il n'avait rien à voir avec son cousin, Abdelhamid Abaaoud, l'un des cerveaux présumés des attentats du 13-Novembre.

Youssef Aït Boulahcen est aussi le frère d'Hasna Aït Boulahcen, qui avait trouvé le logement où Abdelhamid Abaaoud et Chakib Akrouh s'étaient repliés à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). La jeune femme et les deux jihadistes sont morts dans ce squat, tenu par Jawad Bendaoud, le 18 novembre dans l'assaut des policiers du Raid.

Youssef Aït Boulahcen, 26 ans, à l'allure soigné, est jugé pour "non-dénonciation de crime terroriste". Il est accusé de ne pas avoir dénoncé le nouvel attentat qu'Abaaoud comptait commettre. En première instance, en février, ce jeune homme au casier judiciaire vierge a été condamné à quatre ans de prison, dont un an avec sursis.

Ses liens avec Abdelhamid Abaaoud? "C'est le fils de l'une des sœurs de ma mère, mais je ne l'ai vu qu'une fois à 11 ans", a-t-il expliqué de sa voix assurée. Il savait par contre qu'il faisait partie de l'organisation Etat islamique (EI), car il avait vu des images de lui à la télé, conduisant une voiture qui trainait des cadavres.

Il n'a pas non plus grandi avec sa sœur, Hasna, car il a été placé dans un foyer à huit ans, à cause de maltraitances de la part de leurs parents. Ils se sont cependant rapprochés quand il est retourné vivre chez sa mère en 2014.

Youssef Aït Boulahcen s'est rendu de lui-même au commissariat dans les heures qui ont suivi l'assaut du Raid, quand il a entendu que les médias parlaient de sa sœur. Mais avant cela, il a jeté la puce de son téléphone aux toilettes. "C'était une réaction de peur", explique-t-il. Selon la police, son autre téléphone a fait l'objet "d'un effacement massif", ce qu'il nie.

- "Jure sur Allah" -

Mais le téléphone d'Hasna Aït Boulahcen a été retrouvé, ce qui a permis de reconstituer certains de leurs nombreux échanges dans les jours qui ont suivi les attentats.

La jeune femme, qui savait précisément où se trouvait Abaaoud, parle notamment de "Hamid qui est dans le...", "le cousin du bled", qui "va bientôt mourir à cause de son cancer", considérés par les enquêteurs comme autant de messages codés.

"Elle tenait des propos incohérents, je n'avais aucune raison de croire ses déclarations", se défend Youssef Aït Boulahcen devant la cour. "Je ne savais pas de qui elle parlait, il y a plein de Hamid".

Le président critique ses "explications évolutives" au fur et à mesure de ses interrogatoires. Il affirme avoir bloqué le contact téléphonique de sa sœur et ne rien avoir reçu après le 15 novembre au soir.

Face au président sceptique, le prévenu "jure" sur ce qu'il a "de plus cher: Allah le miséricordieux".

Vient alors la question de sa pratique religieuse. "Je suis musulman, je jeûne pour ramadan, je fais mes prières. J'espère faire le pèlerinage à La Mecque". Que dire des documents retrouvés sur son ordinateur, parmi lesquels une photo de décapitation, des textes antisémites, d'autres appelant au jihad? "Je suis très curieux, mais ça ne veut pas dire que j'adopte les idéologies".

Quand le président l'interroge sur un chant religieux violent, il rétorque: "Et la Marseillaise, c'est pas violent?"

En première instance, cet ambulancier de profession a été taxé de pratiquer la "taqiya", la dissimulation. Les avocats de la partie civile sont nombreux à le juger "plus inquiétant" que Jawad Bendaoud. Pour l'un d'eux, Gérard Chemla, "Jawad Bendaoud a aspiré le premier procès, alors qu'il est surtout un voyou. Mais Youssef Aït Boulahcen est un théoricien, qui agit par conviction. Il se rend à la police le 19 novembre, car il sait qu'il sera mis en cause".

La cour rendra sa décision le 21 décembre. Youssef Aït Boulahcen sera à nouveau interrogé vendredi.

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