Black Friday : haro sur Amazon, symbole de la surconsommation

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Par Amélie BOTTOLLIER-DEPOIS, avec les bureaux de l'AFP - Paris (AFP)
Publié le 01 décembre 2019 - 10:44
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Manifestation anti Black Friday devant le siège français d'Amazon à Clichy le 29 novembre 2019
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© STEPHANE DE SAKUTIN / AFP
Manifestation anti Black Friday devant le siège français d'Amazon à Clichy le 29 novembre 2019
© STEPHANE DE SAKUTIN / AFP

Impact négatif sur la planète, casse sociale, "fraude" fiscale... Malgré ses démentis répétés, le géant américain du commerce en ligne Amazon s'est retrouvé vendredi en première ligne des attaques contre la surconsommation mondiale à l'occasion du Black Friday.

Youth for Climate, Extinction Rebellion, Greenpeace ou Attac: des dizaines de militants se sont donnés rendez-vous près de Paris, Lyon ou Lille devant des sites de l'entreprise américaine pour dénoncer le modèle économique qu'elle représente, qui rassemble contre lui défenseurs de l'environnement et des droits sociaux.

"Aujourd'hui, Amazon a les émissions de gaz à effet de serre d'un Etat", a dénoncé Jean-François Julliard, directeur de Greenpeace France, qui s'était joint à l'action devant le siège d'Amazon à Clichy (Hauts-de-Seine).

"On dit stop au Black Friday et son impunité!", "Block Friday", "Amazon détruit les emplois et le climat", pouvait-on lire sur les banderoles brandies par les manifestants à Clichy, Flers-en-Escrebieux (Nord) ou Saint-Priest (Rhône), où les militants ont été évacués par les forces de l'ordre.

Les critiques contre le géant de la vente en ligne ne sont pas uniquement liées à l'environnement et au climat.

"On a besoin plus que jamais d'actions de désobéissance civile car Amazon est un symbole d'impunité", notamment fiscale, a ainsi estimé à Clichy l'eurodéputée LFI Manon Aubry.

Amazon, au même titre que d'autres multinationales américaines comme Google et Facebook, est régulièrement accusé de minorer les revenus qu'il perçoit en France, afin de réduire ses impôts.

Pour mettre fin aux pratiques fiscales des multinationales du numérique, le gouvernement français a voté fin 2018 une taxe "Gafa" (acronyme de Google, Amazon, Facebook et Apple), entrée en vigueur cette année.

Selon l'ancien secrétaire d'Etat au numérique Mounir Mahjoubi, l'an dernier les géants américains du numérique (Gafa plus Microsoft) ont déclaré en France un chiffre d'affaires quatre fois inférieur à celui réalisé effectivement, engendrant un manque à gagner d'un milliard d'euros pour le fisc.

Le député LREM s'en est pris directement à Amazon il y a quelques jours, l'accusant d'avoir "détruit 7.900 emplois en France".

- "Fiers" -

"Les internautes doivent cliquer en connaissance de cause. Leurs achats sur Amazon pèsent sur l'emploi national alors que cette entreprise maintient sous pression ses salariés pour dégager une productivité singulièrement élevée", insistait-il.

Illustrant cette critique, des centaines d'employés d'Amazon en Allemagne se sont mis en grève vendredi pour le Black Friday pour de meilleurs salaires et de meilleures conditions de travail.

Amazon a rejeté toutes les critiques point par point. En Allemagne, l'entreprise assure offrir des salaires correspondant à la "fourchette supérieure des rémunérations pour ce type de travail".

En France, "nous sommes très fiers de notre environnement de travail et nous invitons tous ceux qui le souhaitent à venir visiter un de nos sites pour se faire leur propre opinion", a indiqué l'entreprise dans un communiqué.

"Amazon ne détruit pas plus d’emplois qu'il n’en crée, bien au contraire" et "s'acquitte de l'ensemble des impôts et taxes éligibles en France et dans tous les pays où il est présent", a-t-elle ajouté.

Concernant le climat, elle renvoie aux déclarations de son patron Jeff Bezos, l'homme le plus riche du monde, qui a assuré en septembre que la multinationale parviendrait à la neutralité carbone en 2040.

"L'écologie chez nous, c'est assez important, elle est au cœur de notre stratégie", a assuré vendredi sur RTL le directeur général d'Amazon France Frédéric Duval.

Un programme visant à "automatiser" les dons d'invendus des marchands que le géant américain héberge sur sa place de marché sera mis en place à partir de 2020, a-t-il ajouté, alors que l'entreprise est régulièrement critiquée pour la destruction de produits.

La loi antigaspillage en cours de discussion "prévoit l'interdiction de destruction des produits neufs invendus pour toutes les entreprises", a répondu la secrétaire d'Etat à la Transition écologique Brune Poirson sur Twitter.

"Les premières interdictions sont prévues dans les 12 mois de l’adoption de la loi. Merci à Amazon d'annoncer qu’elle compte la respecter", a-t-elle ironisé.

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