Bordeaux : 12 ans requis contre une mère accusée de cinq infanticides

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Par AFP - Bordeaux
Publié le 22 mars 2018 - 15:16
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La justice civile, familiale, commerciale et sociale est au bord de l'asphyxie. (...) Il est urgent
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© JACQUES DEMARTHON / AFP/Archives
Douze ans de réclusion ont été requis jeudi contre Ramona Canete, une mère de 37 ans, jugée depuis lundi par la cour d'assises de Bordeaux pour l'infanticide de cinq de ses nouveau-nés à Louchats (Gironde), de 2009 à 2015.
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Douze ans de réclusion ont été requis jeudi contre Ramona Canete, jugée depuis lundi par la cour d'assises de Bordeaux pour l'infanticide de cinq de ses nouveau-nés à Louchats (Gironde), de 2009 à 2015.

L'avocat de cette jeune mère de 37 ans, Me Arnaud Dupin, a quant à lui demandé sa libération.

"Douze ans", a-t-il soupiré en se tournant vers les jurés. "Mais Ramona, ça fait presque dix ans qu'elle est en prison", en référence aux grossesses cachées et "subies" entre 2009 et 2015 après des rapports contraints avec son mari, puis aux trois ans de détention provisoire déjà effectués à la prison de Gradignan (Gironde).

"L'infanticide ne peut être considéré comme un moyen de contraception", avait insisté avant lui l'avocat général Xavier Chavigné. La mère encourait une peine de réclusion à perpétuité pour ces meurtres sur mineurs, mais l'accusation a pris en compte le profil de son mari, "dépressif, jaloux et possessif", dans ses réquisitions.

"Nous ne sommes pas dans un déni de grossesse mais il y a un déni de maternité", a encore souligné M. Chavigné, reprenant les conclusions d'une experte psychologue.

Ramona Canete a toujours reconnu qu'elle avait laissé ses bébés, tous nés viables, au fond de l'eau après avoir accouché dans la baignoire, avant de les congeler, mais elle a dit à l'audience ne pas se souvenir réellement des événements.

Peu avant le réquisitoire, l'accusée, femme frêle au visage émacié, avait tenté une dernière fois d'expliquer son geste. "Je n'aurais jamais imaginé qu'un jour je serais capable de faire ça" (...) Je n'avais pas d'autre issue, j'avais tellement refoulé l'idée d'être enceinte que pour moi, dans ma tête, ces enfants ne pouvaient pas exister", a-t-elle lâché entre deux sanglots.

Le président Jérôme Hars l'interroge alors sur son état d'esprit durant chaque grossesse menée à terme à l'insu de tous. "C'est la confusion totale dans mon esprit, je suis en panique... Je ne les considérais pas comme mes enfants", répond-elle avant de s'enfermer dans le silence.

Quand l'avocat général lui demande pourquoi elle n'a pas eu recours à la contraception, elle dit simplement que "c'est incompréhensible". Mais ajoute qu'elle "était alors sous cette pression de ne pouvoir être libre de ses faits et gestes, d'être épiée, traquée" par son mari, au point de ne pouvoir consulter le médecin de son choix.

C'est son époux, Juan Carlos Canete, qui avait donné l'alerte, le 19 mars 2015, après la découverte macabre du premier nourrisson caché dans un sac isotherme, au domicile conjugal, où les gendarmes avaient trouvé quatre autres bébés dans un congélateur.

Initialement mis en cause pour "non dénonciation de crimes" et "recel de cadavres", cet époux dépressi,f suivi notamment pour actes d'exhibitionnisme, a été disculpé par l'instruction.

"Juan Carlos, n'a pas fait de Ramona sa femme, il en a fait une chose", s'est enflammé Me Dupin, évoquant une "vie conjugale destructrice", "résumée à rien".

Il s'approche alors des jurés et prévient que s'ils condamnent "ce sont les deux filles, Andréa (17 ans) et Adriana (19 ans)", qu'ils vont "sanctionner", les deux filles du couple venues soutenir leur mère à la barre.

Le verdict est attendu vendredi.

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