Boucheries lilloises : prison ferme, aménageable pour deux activistes antispécistes

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Par Clément MELKI - Lille (AFP)
Publié le 08 avril 2019 - 18:43
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Une balance de la justice
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© LOIC VENANCE / AFP
Deux activistes antispécistes ont été condamnés lundi par le tribunal correctionnel de Lille respectivement à dix et six mois de prison ferme.
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Deux activistes antispécistes ont été condamnés lundi par le tribunal correctionnel de Lille respectivement à dix et six mois de prison ferme pour avoir dégradé ou incendié des boucheries, restaurants ou commerces des Hauts-de-France, deux autres écopant de prison avec sursis.

Présentée par les avocats des parties civiles comme une première en France, cette condamnation marque un "point d'arrêt" pour les défenseurs de la cause animale refusant la hiérarchisation entre espèces, qui ont vandalisé depuis mi-2018 plusieurs commerces alimentaires, dont des boucheries ou des poissonneries, dans la métropole lilloise.

Parmi eux, Cyrile, médiateur social âgé de 23 ans, et Mathilde, auxiliaire de puériculture de 29 ans, étaient poursuivis pour une quinzaine de faits dont des tags, bris de vitrines et plusieurs dégradations par incendie à l'aide de bidons d'essence ou de cocktails Molotov, entre novembre 2018 et février 2019.

Conformément aux réquisitions du parquet, le tribunal les a condamnés respectivement à 18 mois d’emprisonnement, dont huit mois avec sursis, et 15 mois d'emprisonnement dont neuf avec sursis. Ces peines -assorties d'une mise à l'épreuve de trois ans- ne sont pas accompagnées de mandat de dépôt.

"C'est une peine adaptée à la personnalité des prévenus", a réagi auprès de l'AFP leur avocate, Me Muriel Ruef, précisant ne pas avoir encore décidé si elle allait ou non faire appel.

Deux autres prévenues, une femme soupçonnée de complicité et une autre, soupçonnée d'avoir participé à l'un des faits, ont été condamnées à six mois d'emprisonnement avec sursis.

Le tribunal, qui a retenu le risque de réitération, a également ordonné l'indemnisation des victimes pour les préjudices subis, à hauteur de plusieurs dizaines de milliers d'euros.

"Nous avions là besoin de l’exemple pour qu’enfin cessent ces agissements, faits de groupuscules aux idées extrémistes et profondément violents", a réagi dans un communiqué le président de la Fédération des bouchers du Nord, Laurent Rigaud.

"Nous espérons que cette décision mettra un terme définitif à ces attaques et nous fera reprendre le cours normal de nos activités", a-t-il ajouté.

- "Jugement sans précédent" -

"Nous sommes satisfaits de la décision rendue, même si elle est conforme aux réquisitions du parquet que l'on jugeait un peu trop faibles", a déclaré à la presse Me Damien Legrand, avocat du syndicat des bouchers du Nord, dans le hall du tribunal de grande instance de Lille où une quinzaine de militants végans étaient présents.

"On espère que cette décision marquera un point d'arrêt aux agissements perpétrés", a-t-il ajouté, saluant "un jugement sans précédent".

"Il reste énormément de préjudices à évoquer. C'est un débat qui va durer encore plusieurs mois" au niveau des indemnisations, a prédit Me Legrand. "Pour les victimes, ça reste catastrophique. Il y a certains professionnels qui ne pourront plus travailler."

Détruit par un incendie, le restaurant "La Boucherie", à Marcq-en-Baroeul dans la périphérie de Lille, va ainsi avoir "des difficultés" à rouvrir. "En attendant, huit personnes sont sans emploi depuis le 30 décembre", a souligné Me Sylvie Van Engelandt.

Lors du procès en mars, Cyrile et Mathilde, qui n'avaient jamais été condamnés auparavant, avaient reconnu la plupart des faits, disant "regretter" leurs actes.

Ils ont dit avoir participé à des expéditions nocturnes lors desquelles ils brisaient les vitrines, peinturaient ou taguaient les devantures de ces entreprises associées au commerce de viande ou de fourrure avec des expressions comme "Stop spécisme", "Assassins" ou encore "Leur peau, pas la vôtre".

Selon l'enquête, ils revenaient parfois sur des lieux déjà dégradés auparavant, écrivant dans certains cas sur la devanture un "T'as compris ?", associé au nom de l'entreprise.

Le 2 mai, le tribunal correctionnel de Lille jugera d'autres faits du même genre.

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