Bridgestone Béthune : le gouvernement propose un "scénario" sauvegardant plus de 400 emplois

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Par Taimaz SZIRNIKS - Paris (AFP)
Publié le 19 octobre 2020 - 17:19
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La ministre déléguée à l'Industrie Agnès Pannier-Runacher (D), le président des Hauts-de-France Xavier Bertrand (C) et le maire de Béthune Olivier Gacquerre (G) lors d'une réunion consacrée à l'usine
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© ERIC PIERMONT / AFP
La ministre déléguée à l'Industrie Agnès Pannier-Runacher (D), le président des Hauts-de-France Xavier Bertrand (C) et le maire de Béthune Olivier Gacquerre (G) lors d'une réunion
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Poursuivre la production de pneus à Béthune en conservant plus de la moitié des salariés: c'est le "scénario" proposé lundi par le gouvernement français au fabricant japonais Bridgestone pour éviter une fermeture de ce site du nord de la France.

Ce projet industriel basé sur une expertise du cabinet Accenture prévoit une production sur place de 3 millions de pneus de qualité supérieure et éviterait plus de la moitié des 843 licenciements annoncés. Il suppose une restructuration, 100 millions d'euros d'investissement et de 25 à 40% de gains de productivité.

Ce scénario porterait sur la "suppression de 300 à 400 emplois, soit 460 à 560 emplois maintenus", a précisé le ministère de l'Industrie, qui avait initialement parlé de 400 emplois sauvés.

La ministre déléguée chargée de l'Industrie Agnès Pannier-Runacher l'a présenté à une quarantaine de représentants des salariés et d'élus locaux lors d'une réunion de plus de deux heures à Bercy.

"Nous avons demandé à Bridgestone de prendre le temps de creuser ce scénario complémentaire", a expliqué Agnès Pannier-Runacher. "Nous ne nous laisserons pas faire, nous allons nous battre pour donner un avenir industriel à ce site. (...) J'espère que nos amis japonais mesurent ce qui est en jeu au niveau humain à Béthune".

Mi-septembre, Bridgestone avait brutalement annoncé la "cessation définitive" de l'activité du site, qui emploie plus de 860 personnes, à l'horizon 2021, invoquant une surcapacité de production en Europe et la concurrence des marques asiatiques à bas coûts.

- Réunion "constructive" -

Selon la contre-expertise d'Accenture, "le marché du pneu en Europe est difficile, les chiffres communiqués par Bridgestone sont fondés et les scénarios qu'ils avaient regardés n'étaient pas viables économiquement. Mais il y a un scénario qu'il est intéressant de creuser", a poursuivi Agnès Pannier-Runacher.

La direction de Bridgestone a assuré avoir "accepté d’examiner avec Accenture sa viabilité durant les prochaines semaines", tout en continuant à négocier les mesures sociales pour les salariés et à chercher de possibles repreneurs.

"Accenture a commencé à explorer la possibilité de maintenir une partie de l’activité, au prix d’une réduction significative de la taille et des effectifs du site et d’une hausse importante de la productivité", indique le groupe dans un communiqué. "Cette possibilité repose néanmoins sur des hypothèses qui nécessitent d’être détaillées et travaillées."

"C'était une réunion constructive, ça fait du bien de se sentir soutenus", a dit Stéphane Ducrocq, l'avocat représentant les salariés de Bridgestone. "On espère aller vers autre chose que cette fermeture".

"Notre grosse crainte aujourd'hui, c'est le temps qui passe", a-t-il poursuivi. "La fermeture, si elle a lieu, est prévue pour le 2 mai. Ils pourraient nous balader pendant trois ou quatre mois et finalement fermer".

- "Bras de fer" -

"Il faut que Bridgestone au Japon nous dise comment ils répondent. Les Japonais sont toujours très attachés à leur réputation, il faut qu'ils fassent bien attention (à la façon dont) ça se passe", a souligné le président (ex-LR) des Hauts-de-France, Xavier Bertrand.

"Si c'est non, on va rentrer dans un bras de fer pour obtenir le maximum pour le site et les salariés. On ne part pas comme ça, en France", a-t-il ajouté.

Selon lui, l’État et les collectivités locales pourraient soutenir un nouveau projet industriel, à une hauteur de plus de "10, 20 ou 30% "si on a un projet qui tient la route".

"Il faut qu'on arrive à convaincre la direction européenne de retravailler ce scénario avec nous. Il faudra compacter, travailler sur le reclassement d'une partie des salariés. Il faut aussi mettre la pression sur la direction japonaise", a pour sa part déclaré le maire (UDI) de Béthune Olivier Gacquerre, évoquant un possible "boycott" des produits Bridgestone.

Selon lui, "le directeur local est complètement disqualifié, il ne joue que la fermeture de l'usine".

"Les organisations syndicales et les salariés ont eu un comportement absolument exemplaire", a salué la ministre chargée de l'Industrie. "Tout le travail a continué à être fait en temps et en heure. Cette image de professionnalisme, d'attachement au site, et d'exigence vis-à-vis de Bridgestone (...) nous permettent d'avancer".

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