Buzyn à l'AFP : le système de santé est "mûr" pour une transformation globale

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Par Aurélie CARABIN, Lucile MALANDAIN - Paris (AFP)
Publié le 18 septembre 2018 - 01:18
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La ministre de la Santé, Agnès Buzyn, dans son bureau le 17 septembre 2018 à Paris
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© Eric Feferberg / AFP
La ministre de la Santé, Agnès Buzyn, dans son bureau le 17 septembre 2018 à Paris
© Eric Feferberg / AFP

Le gouvernement présente mardi une réforme "à 360 degrés" de l'offre de soins englobant la médecine de ville et l'hôpital, a indiqué dans un entretien à l'AFP la ministre de la Santé Agnès Buzyn, jugeant le système "mûr pour cette transformation".

QUESTION. Vous promettez plus qu'une "énième réforme" de l'hôpital. Ne craignez-vous de pas de vous heurter aux corporatismes ?

REPONSE. Je pense que notre système est mûr pour cette transformation et que les orientations qui sont prises aujourd'hui sont totalement consensuelles. Elles correspondent point par point aux demandes de terrain.

La philosophie du plan, c'est de passer d'une logique de structures, de statuts, à une réponse aux besoins. La grande majorité des acteurs y adhèrent. (Mes prédécesseurs ont) toujours voulu attaquer le système par petits bouts. Une réforme qui se veut à 360° est pour moi la seule façon d'aboutir à un système rénové qui préserve les valeurs fondamentales de la sécurité sociale: l'universalité de l'accès aux soin, l'égalité des chances face à la maladie...

Q. Les attentes sont très fortes à l'hôpital. Allez-vous augmenter les effectifs ?

R. Progressivement, les soignants se sont sentis écartés de ce qui faisait leur fierté en termes d'accompagnement des malades. Ils ont l'impression d'une course à l'activité alors que beaucoup voudraient prendre plus de temps. En ville aussi, les soignants sont acculés à faire de l'acte, à accélérer le rythme, c'est une très grande partie de la souffrance au travail.

Ce n'est pas forcément de bras dont on manque mais d'organisations qui correspondent aux besoins des patients. Il faut qu'on change de logiciel en valorisant la qualité des soins, cela changera complètement le regard que les soignants portent sur eux-mêmes.

En ville, nous allons valoriser les exercices professionnels coordonnés entre soignants - médecins, infirmiers, sages-femmes... Tout cela permettra de redonner plus de plaisir aux soignants.

Q. Comment allez-vous mesurer la qualité des soins ?

R. Actuellement, on tarifie et on finance de la même façon des structures et des personnels qui font très bien et ceux qui font moins bien. Les professionnels, et pas le ministère, vont définir des parcours de soins de qualité pour les pathologies chroniques. Et on va développer des indicateurs de qualité des parcours et de service rendu. Par exemple, après une chirurgie de la cataracte, en combien de temps vous pouvez de nouveau lire ou en cas de chirurgie d'une prothèse de hanche, en combien de temps vous avez remarché ou gravi un escalier ?

Il faudra progressivement aller vers une transparence complète de ces indicateurs et leur publication (au risque de voir certains établissements moins fréquentés que d'autres, NDLR). C'est de l'émulation saine de connaître les pratiques des autres.

Q. Vous voulez maintenir des hôpitaux de proximité tout en prévenant que certaines disciplines ne pourront pas toujours y être maintenues. Est-ce un message difficile à faire entendre ?

R. Très. Sauf si on valorise l'hôpital de proximité réellement en réinvestissant dans des disciplines vraiment attendues comme la réadaptation après un AVC quand vous êtes une personne âgée.

Quand vous avez un service d'urgence qui n'a pas d'urgentiste ou une maternité qui n'a plus d'obstétricien un jour sur deux, je ne suis pas sûre qu'on rende service à la population en les maintenant de façon artificielle.

Q. Vous allez supprimer le numerus clausus. Est-ce la fin de la sélection dans les études de médecine ?

R. On va forcément sélectionner. L'idée, c'est vraiment de diversifier les profils des étudiants.

On a aujourd'hui une sélection centrée sur des matières très scolaires de type maths et physique qui aboutit à un profil d'étudiants assez normé qui ne correspond pas aux besoins de la médecine actuelle. On a besoin de personnes qui soient issues plus des sciences humaines et sociales ou qui aient plus un profil d'ingénieur pour aller vers la bio-informatique... L'enjeu, c'est vraiment de favoriser les passerelles dans tous les sens.

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