Canicule : l'été, saison à risque pour les ministres de la Santé

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Par Hugues HONORÉ - Paris (AFP)
Publié le 03 août 2018 - 09:00
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La ministre des Solidarités et de la Santé, Agnès Buzyn, le 30 mai 2018
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© ludovic MARIN / AFP/Archives
La ministre de la Santé Agnès Buzyn, le 30 mai 2018 sur le perron de l'Elysée, à paris
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Afficher sa mobilisation face à la canicule, ressasser les messages de prévention, garder l'oeil sur les urgences : l'été est une saison à risque pour tout ministre de la Santé, et Agnès Buzyn joue la carte de l'omniprésence.

Dans toutes les mémoires reste la désastreuse image de Jean-François Mattéi tentant, depuis sa villa provençale, de rassurer les Français en pleine canicule de 2003. Exactement ce qu'il ne faut pas faire : être en vacances au beau milieu d'une crise.

Alors, la ministre occupe le terrain médiatique.

"Elle fait le job. Parce que l'important pour les ministres, depuis la calamiteuse prestation de Jean-François Mattéi, c'est de montrer qu'ils sont là, qu'ils ne minimisent pas le problème, qu'ils vont sur le terrain, qu'ils s'assurent que tout est en place", estime Arnaud Mercier, professeur de communication politique à Paris II.

Difficile de manquer Mme Buzyn jeudi, à la télévision ou à la radio.

"Nous sommes bien mieux armés : il y a maintenant un plan national canicule qui s'active dans tous les départements touchés", disait-elle sur France Inter le matin.

"L'ensemble des services de l'État, les grandes associations, sont très mobilisés pour diffuser les messages de prévention. On est prêt", appuyait-elle sur RTL le midi, depuis Nîmes.

Et dans l'après-midi, elle donnait une conférence de presse, toujours pour répéter que tout le monde était sur le pont.

Dès le début de cette vague de chaleur, elle affirmait sa vigilance. "Pour l'instant, il n'y a pas d'afflux aux urgences, nous surveillons ça tous les jours", disait-elle le 25 juillet, depuis un Ehpad d'Issy-les-Moulineaux.Cette surveillance incombe à Santé publique France, qui diffuse pour le grand public des points de situation nationaux intitulés "Système d'alerte canicule et santé".

Le dernier en date, mercredi, précisait qu'il était trop tôt pour compter les morts éventuels dus à la vague de chaleur: "l'impact sur la mortalité ne sera disponible qu'au minimum un mois après la fin de l'épisode".

- Heures de grande écoute -

L'homme qui avait lancé un cri d'alarme retentissant en 2003, le président de l'Association des médecins urgentistes de France (Amuf) Patrice Pelloux, se montre cependant sceptique sur l'efficacité des mesures prévues par le ministère.

"Avec cette communication, Agnès Buzyn est dans son rôle de ministre, de dire que tout a été fait", juge-t-il. "Le problème qu'on a, c'est que, autant la société s'est adaptée, elle a compris les dangers d'une canicule, avec les médias qui en parlent, les collectivités locales qui agissent, autant là où je ne suis pas d'accord avec la ministre, c'est que l'hôpital est en crise".

"Évidemment il y a des plans canicule qui sont écrits. Mais si les prévisions météo de la semaine prochaine" sont exactes, "il va y avoir gros embouteillage aux urgences. Et on ne voit pas où on va aller chercher le personnel", dit-il à l'AFP.

Pour Thierry Herrant, professeur de communication publique à Sciences Po Paris, "en 2003 l'erreur du ministère de la Santé avait été de voir Patrick Pelloux comme un syndicaliste enfermé dans son rôle qui réclamait des moyens. Aujourd'hui, compte tenu du risque politique d'une canicule, le gouvernement met les moyens", affirme-t-il à l'AFP.

Il a par exemple fait diffuser des spots télévisés et radio sur la prévention. "Le dispositif est suffisamment massif pour toucher beaucoup de Français, à des heures de grande écoute. Et cela à des tarifs préférentiels", remarque Thierry Herrant.

Mme Buzyn a prévu de partir en vacances les deux prochaines semaines, d'après son ministère.

"Mais si ça se trouve, elle ne partira pas. Tout dépendra de la situation! Une des choses les plus importantes pour un ministre, pendant toute crise, c'est d'être vu en train d'agir", prévient Arnaud Mercier.

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