A Cannes, du cinéma plein les oreilles

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Par Anthony LUCAS - Cannes (AFP)
Publié le 16 mai 2018 - 13:26
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Le comédien russe Roma Zver, à l'affiche de "Leto", pose à Cannes lors d'un photocall le 10 mai 2018
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© Valery HACHE / AFP
Le comédien russe Roma Zver, à l'affiche de "Leto", pose à Cannes lors d'un photocall le 10 mai 2018
© Valery HACHE / AFP

La recette d'un grand film? Des acteurs convaincants, un scénario bien ficelé, des dialogues percutants... Mais aussi une bande-son au diapason, rappellent ceux qui, au Festival de Cannes, distinguent la meilleure musique parmi les prétendants à la Palme d'or.

Les festivaliers mélomanes sont gâtés cette année avec deux films en compétition où la musique tient le premier rôle: en mode rock soviétique dans "Leto" ("L'été") du Russe Kirill Serebrennikov, en mode folklorique puis jazzy dans "Cold War" du Polonais Pawel Pawlikowski.

Deux films qui montrent, en noir et blanc, comment de s musiques venues de l'Ouest pouvaient, ou non, se faire entendre de l'autre côté du rideau de fer, à Leningrad au début des années 80 ou en Pologne dans les années 50 et 60.

Pour Roma Zver, lui-même chanteur en Russie et acteur de "Leto", la Perestroïka a "très certainement" commencé en partie dans les clubs de rock comme celui décrit dans ce film consacré aux débuts de la rockstar soviétique Victor Tsoï.

Même si "ce club de rock de Leningrad a quand même été créé pour contrôler tous ces groupes, qui n'étaient pas exactement standards. Il y avait cette dualité entre la liberté que ça donnait et le contrôle du KGB, qui vérifiait tout jusqu'aux textes", explique à l'AFP ce musicien, qui a enregistré avec son groupe Zveri les chansons du film sur des instruments d'époque, par souci d'authenticité.

- Un prix en 1946 -

Pawlikowski a lui aussi choisi pour incarner son héroïne une actrice sachant parfaitement chanter, Joanna Kulig.

La troupe folklorique de "Cold War" est aussi inspirée d'un véritable ensemble, Mazowsze, fondé en 1949, qui avait été "récupéré" par le gouvernement communiste pour faire passer des messages politiques à travers une musique très populaire, selon les notes d'intention du film.

Sur les 21 films en compétition pour la Palme d'or, 19 comptent des musiques originales. En revanche, "Le Livre d'image", de Jean-Luc Godard, et "Plaire, aimer et courir vite", de Christophe Honoré, avec ses morceaux des années 90, n'utilisent eux que des musiques existantes, indique Vincent Doerr, créateur du Cannes Soundtrack, une distinction créée en 2010 pour la meilleure bande originale parmi les postulants à la Palme d'or.

Une récompense informelle, précise-t-il, la musique n'ayant jamais figuré au palmarès officiel du Festival à l'exception de la toute première édition, en 1946, où un prix avait été remis par la Sacem, la société française des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique.

Une récompense remise l'an dernier à Daniel Lopatin pour la B.O. de "Good Time", des frères Benny et Josh Safdie.

- Trop ou pas assez? -

Au-delà d'une récompense, la volonté est de "faire exister" la musique pendant la quinzaine avec aussi des rencontres organisées avec des compositeurs comme cette année avec Khaled Mouzanar (pour "Capharnaüm" de Nadine Labaki) ou Morgan Kibby (pour "Les Filles du soleil" d'Eva Husson).

L'occasion, pour Morgan Kibby, de défendre par exemple le parti pris musical de ce film sur des combattantes kurdes, où la bande originale prend beaucoup de place et vient surligner les moments de tension.

Avec le risque, admet la musicienne américaine, de se faire taxer de "kitsch" par certains: "Dans le cinéma français, on ne veut pas autant de musique, c'est davantage une approche américaine", dit celle qui se considère au service des réalisateurs.

La musique au cinéma, "ingrédient indispensable", est souvent une question de dosage, rappelle Olivier Nuc, spécialiste musical au Figaro, l'un des 26 jurés du Cannes Soundtrack cette année.

"On peut rater un film avec une mauvaise musique... Quand elle prend trop d'importance, même si elle est bonne, c'est généralement mauvais signe, ça masque quelque chose. Et d'autres fois, on ne la remarque même pas", souligne le journaliste qui, pour sa part, est tombé sous le charme des guitares de "Leto" et de la voix de Joanna Kulig dans "Cold War".

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