Cannes à l'heure du verdict après un Festival sous le signe des femmes

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Par Sophie LAUBIE - Cannes (AFP)
Publié le 18 mai 2018 - 18:48
Mis à jour le 19 mai 2018 - 01:30
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La présidente du jury Cate Blanchett sur le tapis rouge à Cannes, le 10 mai 2018
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© Valery HACHE / AFP/Archives
La présidente du jury Cate Blanchett sur le tapis rouge à Cannes, le 10 mai 2018
© Valery HACHE / AFP/Archives

A qui la Palme d'or samedi soir? Au terme d'une compétition d'un bon niveau et ouverte, des favoris venus du Liban, du Japon, de Corée du Sud ou d'Italie se dégagent dans un Festival de Cannes où les femmes ont occupé le devant de la scène.

Dans cette première édition post-Weinstein, les femmes auront été visibles comme rarement dans le sillage du mouvement #MeToo. Avec cette image forte et inédite: une montée des marches de 82 femmes du 7e Art, menée par la présidente du jury Cate Blanchett, la vraie grande star de ce Festival, et la réalisatrice française Agnès Varda, pour réclamer "l'égalité salariale".

Autre symbole, le Festival et ses sections parallèles ont été les premiers signataires d'une charte en faveur de la parité femmes-hommes dans les festivals de cinéma.

Dans la course à la Palme d'or aussi, les femmes, même encore très minoritaires, étaient très attendues, avec trois longs métrages de réalisatrices sur les 21 en compétition: ceux de la Française Eva Husson, de l'Italienne Alice Rohrwacher et de la Libanaise Nadine Labaki.

Cette dernière, entrée en course jeudi, a créé l'un des chocs avec "Capharnaüm", émouvant film sur l'enfance abandonnée, plein d'énergie, porté par son jeune acteur, Zain Al Rafeea. Au point de rejoindre les favoris pour la Palme qui, jusqu'ici, n'est revenue qu'une fois à une femme, Jane Campion en 1993 pour "La Leçon de piano".

"Superbe mélo" pour l'hebdomadaire français Télérama, le film est "un sérieux candidat", pour succéder "The Square", Palme d'or surprise de 2017, selon le site américain IndieWire.

- Brûlante Corée -

Plusieurs autres films peuvent prétendre au palmarès au terme d'une compétition marquée par une forte présence de l'Asie et du Moyen-Orient et jugée de bonne qualité par un certain nombre de critiques.

Parmi eux, un deuxième film avec des enfants - autres vedettes de cette édition - a bouleversé et enthousiasmé une partie des festivaliers: "Une affaire de famille" du Japonais Hirokazu Kore-Eda, portrait d'une famille qui chaparde dans les magasins et recueille une fillette maltraitée.

Mais le préféré d'un grand nombre est "Burning" du Sud-coréen Lee Chang-dong, thriller lent et sinueux, qui recueillait encore jeudi la meilleure note du panel de dix critiques internationaux de la revue spécialisée Screen, devant Kore-Eda.

L'Italie est également bien placée, avec le mordant "Dogman" de Matteo Garrone, histoire d'un toiletteur pour chiens portée par l'acteur Marcello Fonte - l'un des favoris pour le prix d'interprétation - et l'original "Heureux comme Lazzaro", une fable empreinte de spiritualité d'Alice Rohrwacher.

Jean-Luc Godard, qui a divisé avec son "Livre d'image", est cité par certains.

- "Déclin" ou "audace"? -

En début de Festival, le film polonais de Pawel Pawlikowski "Cold War" - dont l'actrice principale Joanna Kulig a été saluée - et le film sur le rock "L’été" du Russe Kirill Serebrennikov, assigné à résidence, avaient été aussi particulièrement remarqués, dans une édition où deux cinéastes ont été empêchés de venir pour raisons politiques.

Outre Kirill Serebrennikov, l'Iranien Jafar Panahi n'a pas pu non plus venir défendre "Trois visages", portrait de trois femmes iraniennes. L'image de leurs sièges vides ovationnés dans le Grand Théâtre Lumière restera.

Avec une faible présence de films américains - seulement deux en compétition, ceux de Spike Lee et David Robert Mitchell - et moins de stars hollywoodiennes que d'habitude, le festival aura aussi marqué un tournant pour certains, le magazine professionnel américain Hollywood Reporter allant jusqu'à le juger "sur le déclin".

"Du manque de stars à celui, visible, des habituels panneaux promotionnels sur la Croisette, le plus prestigieux festival de cinéma au monde a semblé - et été ressenti - comme bien différent cette année", a-t-il souligné.

Mais pour d'autres, au contraire, comme Vanity Fair, cette édition du Festival a été "une année pivot", avec "une énergie accrue".

"En rendant le festival un peu moins centré sur les États-Unis qu'il ne l'avait été ces derniers temps, Cannes s'est réaffirmé comme la première destination pour un cinéma international audacieux et provocateur", selon le journal.

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