Casse de la Brink's à Toulouse : le dernier braqueur jugé pour "retrouver sa dignité"

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Par Rémy ZAKA - Toulouse (AFP)
Publié le 05 juin 2018 - 18:24
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Gilles Bertin encourt 20 ans de réclusion criminelle pour le casse de la Brink's. Portrait du 3 septembre 1988
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© Georges GOBET / AFP/Archives
Gilles Bertin encourt 20 ans de réclusion criminelle pour le casse de la Brink's. Portrait du 3 septembre 1988
© Georges GOBET / AFP/Archives

Pour retrouver sa liberté, il a décidé de risquer de la perdre. Trente ans après le casse de la Brink's en avril 1988 à Toulouse, dont vingt huit en cavale, Gilles Bertin, est jugé mercredi par la cour d'assises de la Haute-Garonne.

L'ancien chanteur punk, aujourd'hui 57 ans, encourt 20 ans de réclusion criminelle pour ce braquage commis avec une dizaine d'amis musiciens. Il avait rapporté 11.751.316 francs (1,79 ME) dans le dépôt toulousain de l'entreprise de sécurité.

"C'est la venue de son petit garçon, qui a sept ans maintenant, qui a tout changé. Mentir sur sa vie, sur son passé, sur son histoire lui était devenu insupportable. Il a décidé d'être dans la clarté et de retrouver sa dignité pour son fils", explique son défenseur Me Christian Etelin.

Condamné par défaut en 2004 à dix ans de réclusion criminelle, "il aurait pu attendre tranquillement la prescription" (2024, NDLR), fait valoir son défenseur, constatant qu'il y avait "très peu de chance" que la police débarque à Barcelone dans le bar de sa compagne et de ses parents où il travaillait".

Mais Bertin avait décidé de renouer avec son passé. Et même de reprendre sa vie car ses sœurs l'ayant déclaré "disparu" depuis plus de 20 ans, il est considéré comme mort pour l'administration. Aujourd'hui, il n'a toujours pas de carte d'identité et ne peut donc pas avoir de compte bancaire...

le 17 novembre 2016, Régis Bertin, a traversé à pied la frontière franco-espagnole puis pris le train. Entendu par un juge, il s'attendait à un séjour en prison, selon son défenseur mais il a finalement été remis en liberté sous contrôle judiciaire en attente de ce procès, où il comparaîtra libre.

Les faits remontent au 27 avril 1988. Les braqueurs bien préparés avaient dans un premier temps enlevé et séquestré deux responsables et leur épouse pour se faire ouvrir les locaux. Ils avaient ensuite vidé la chambre forte puis téléphoné, hilares, au quotidien régional pour annoncer leur forfait sans avoir tiré un seul coup de feu.

- Sida et trithérapie -

"Certains savaient qu'ils avaient le sida. Ils pensaient qu'ils allaient en mourir. Ils sont montés au casse pour vivre un moment intense", explique Me Etelin, reconnaissant qu'au moment des faits, Bertin, chanteur du groupe Camera Silens, concurrent sur la scène bordelaise de Noir Désir de Bertrand Cantat, ne "se savait pas séropositif".

Bertin, accroc très tôt à l'héroïne, ne découvrira sa maladie que sept ans plus tard. Et sera sauvé par la trithérapie. Non sans avoir été très malade. Au point de l'empêcher de revenir en France comme il l'avait alors déjà envisagé. C'était en décembre 2004 au moment du premier procès de l'affaire. "Il manquait de forces", selon Me Etelin.

Lors de ce premier procès devant les assises de la Haute-Garonne, 16 ans après le vol, quatre prévenus, dont un proche de l'ETA, morts du sida, manquaient à l'appel. Deux autres ont écopé de peines de prison avec sursis, échappant à la détention à cause du délai déraisonnable de l'instruction.

Sept complices ont été condamnés pour "recel" ou pour une aide apportée à l'équipe alors qualifiée de "structurée, aux méthodes para-militaires".

Bertin a été finalement le seul à prendre dix ans de réclusion. A ce moment, il travaillait à Barcelone dans le bar de la famille de Cecilia, sa compagne, et vivait en bon et honnête père de famille.

L’Espagne, c'était d'ailleurs le pays où ce révolté, fils de fonctionnaire de l’Hôtel des monnaies à Paris puis Pessac (Gironde), dont la maman est décédé d'un cancer, avait erré après le braquage. Il avait vu la police se rapprocher, ses amis arrêtés et pour certains mourir du sida.

Ensuite, il était parti au Portugal, non loin de Lisbonne. Il avait ouvert avec Cecilia un commerce de vinyles. Au début des années 2000, le couple était revenu à Barcelone.

Maintenant, il veut solder les comptes. Même si la grande majorité du butin n'a jamais été retrouvé.

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