A Cernay, les habitants partagent la douleur de la famille de Sophie Le Tan

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Par Murielle KASPRZAK - Cernay (France) (AFP)
Publié le 27 octobre 2019 - 16:33
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"La vérité pour Sophie Le Tan", des soutiens de la famille Le Tan réclame justice, en octobre 2018, devant le palais de justice de Strasbourg
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© FREDERICK FLORIN / AFP/Archives
"La vérité pour Sophie Le Tan", des soutiens de la famille Le Tan réclame justice, en octobre 2018, devant le palais de justice de Strasbourg
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Les habitants de Cernay (Haut-Rhin), où vit la famille de Sophie Le Tan, espéraient dimanche que la découverte, mercredi, du corps de l'étudiante dans une forêt alsacienne allait permettre à ses proches de "pouvoir enfin faire leur deuil".

"Cette période de doute était insupportable", confie Michel Sordi, maire de cette commune de 12.000 habitants, située au pied du massif des Vosges.

La disparition de l'étudiante, le jour de ses 20 ans, le 7 septembre 2018, a suscité "un élan de solidarité" des habitants envers la famille, "des gens très discrets", souligne-t-il.

Un appel aux dons avait été lancé, une marche blanche organisée et des bouquets de fleurs déposés devant l'habitation à la façade ocre, de la famille Le Tan.

"Tout le monde s'est senti concerné. Quand on touche à des enfants, des jeunes, des valeurs fondamentales, on se sent impliqué", insiste le maire.

Sophie Le Tan, une étudiante sans histoire, avait disparu alors qu'elle allait visiter, seule, un appartement à Schiltigheim, commune limitrophe de Strasbourg.

L'unique suspect, Jean-Marc Reiser, 59 ans, qui avait posté l'annonce immobilière, avait été arrêté quelques jours plus tard et mis en examen pour assassinat, enlèvement et séquestration. Déjà condamné pour viols, il avait été acquitté au bénéfice du doute pour la disparition d'une jeune femme dans les années 1980.

En dépit de traces de sang de Sophie Le Tan retrouvées notamment sur des vêtements et le manche d'une scie, il n'a pas cessé de clamer son innocence.

Le corps démembré de la jeune femme avait été retrouvé sous des branchages, mercredi, dans une forêt vers Rosheim et Grendelbruch (Bas-Rhin), à une trentaine de kilomètres au sud-ouest de Strasbourg.

La famille avait emménagé il y a plus de 20 ans dans un quartier pavillonnaire, bordé par la rivière la Thur. Des maisons colorées avec garage et jardinet, y font face à de petits immeubles modernes carrés.

- "Jeune fille modèle" -

"C'est cruel l'attente, ils vont enfin pouvoir faire leur deuil maintenant", soupire un sexagénaire barbu, accompagné de deux petits chiens, et dont la maison a pour vis-à-vis celle de la famille endeuillé. Samedi soir, il est allé présenté ses condoléances à ses voisins d'en face, "mais ils sont rentrés quand il m'ont vu, ils sont assez renfermés", glisse-t-il.

Accompagné de sa fillette de 5 ans, Fabien, 37 ans, qui vit lui aussi dans un immeuble en face du domicile des Le Tan, pense que "c'est un soulagement pour les parents". "Depuis plus d'un an, ils ne savaient pas où était leur fille. Ils vont pouvoir faire leur deuil", espère-t-il.

Dans une pâtisserie du centre-ville, Marie, 45 ans, "assistante d'éducation dans le collège où était scolarisée Sophie", a participé, à une marche blanche organisée dans la commune il y a quelques mois avec sa fille de 11 ans "pour la sensibiliser", raconte-t-elle.

"C'est effroyable ce qui s'est passé, ça peut arriver à n'importe qui de croiser le chemin de quelqu'un au mauvais endroit, au mauvais moment, et la vie bascule", dit-elle.

"Le pire, c'est pour les parents", murmure à son tour la vendeuse, qui se dit "attristée".

"On ne peut pas se mettre à leur place. Perdre un enfant, c'est ce qu'il y a de pire", lui répond Marie.

Sophie était l'ainée d'une fratrie de trois et "fusionnelle avec sa soeur". "Elle s'occupait des démarches administratives, était la référente", explique l'avocat de la famille, Gérard Welzer.

"Pour ses parents, qui sont des réfugiés vietnamiens, Sophie était une jeune fille modèle, qui faisait des études en France, ce pays qui les avait accueillis", relate-t-il.

De Reiser, Me Welzer n'attend rien. "Il va continuer à mentir et le supplice va continuer. Il ne s'est pas contenté de tuer Sophie, de la découper. (Avec ses dénégations), il empêche la famille de savoir ce qu'il s'est passé", déplore-t-il.

Une association de bénévoles, qui a multiplié les battues citoyennes depuis la disparition de Sophie, prévoit d'organiser une veillée en mémoire de la jeune femme, le week-end prochain.

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