Ceta : Hulot appelle les députés à avoir "le courage de dire non"

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Par AFP - Paris
Publié le 22 juillet 2019 - 12:13
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Nicolas Hulot sur le plateau de "L'émission politique" sur France 2, à Saint-Cloud (Hauts-de-Seine), le 22 novembre 2018
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© Bertrand GUAY / AFP
Nicolas Hulot le 22 novembre 2018 à Saint-Cloud
© Bertrand GUAY / AFP

Nicolas Hulot a appelé lundi les parlementaires à avoir "le courage de dire non" au traité de libre-échange UE-Canada (Ceta), qui sera soumis au vote des députés mardi et risque, à ses yeux, d'ouvrir la porte à des substances dangereuses par un abaissement des normes sanitaires.

"Demain, chacun de vous aura plus de pouvoir que tous les ministres de l’Ecologie réunis. Demain, chacun de vous sera libre de voter contre la ratification du Ceta et exiger ainsi la réouverture des négociations", écrit l'ancien ministre de la Transition écologique dans une lettre ouverte publiée lundi sur le site de franceinfo.

Après avoir mis en cause récemment le libre-échange comme facteur du dérèglement climatique, Nicolas Hulot s'inquiète des normes et de la remise en cause du principe de précaution dans le cadre de cet accord controversé, qui a déjà donné lieu à de vifs débats à l'Assemblée.

Le Ceta doit être ratifié par les 38 assemblées nationales et régionales d'Europe, d'où le vote de l'Assemblée mardi, puis au Sénat à une date qui reste à définir.

Perturbateurs endocriniens, pesticides et autres substances cancérigènes, mutagènes ou reprotoxiques pourraient faire leur entrée en Europe par cet accord commercial, qui doit supprimer les droits de douanes sur 98% des produits échangés entre les deux zones, selon l'ancien ministre.

"Le gouvernement a dû finalement reconnaître que les normes qui s'appliquent sur le sol européen et celles qui s'appliquent à l’importation ne sont pas les mêmes en matière sanitaire et phytosanitaire", souligne Nicolas Hulot.

Et d'étayer sa démonstration: "Pour permettre l’accès au marché intérieur européen à des produits canadiens, la Commission européenne (qui a négocié l'accord au nom de l'UE, ndlr) a commencé à relever nos limites maximales de résidus autorisées pour certaines substances et produits", souligne-t-il, voyant dans cet accord une porte ouverte aux lobbys.

"Quand nous interdisons des substances dangereuses en France (...), nous portons plus largement atteinte aux intérêts de BASF, Bayer-Monsanto, Syngenta, Dow Chemicals etc. (...) . Ce sont ces firmes qui font pression pour que l’Europe abandonne son approche unique au monde, qui considère que les substances les plus toxiques doivent être interdites sans autre considération que leur danger intrinsèque", écrit-il.

"L'Union européenne doit aujourd’hui faire évoluer sa doctrine de tolérance à l’importation pour aller vers une logique de tolérance zéro résidu pour les substances les plus dangereuses", conclut M. Hulot.

"Ce que je regrette, c'est qu'il ait renoncé d'une certaine façon à agir", a réagi sur France Inter le ministre des Relations avec le parlement Marc Fesneau. "Nous avons porté la sortie du glyphosate en trois ans, la fin des centrales à charbon, la fin de l'exploitation des hydrocarbures, ce qui compte pour moi, c'est les faits concrets et pas ce qu'on peut raconter dans les tribunes".

Nicolas Hulot "a raison d'insister sur la gravité de l'enjeu et sur ce pouvoir que détient chaque député de dire non à un traité commercial qui accélère et aggrave le changement climatique", a approuvé au contraire la députée et présidente de Génération écologie Delphine Batho sur Franceinfo.

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