"Changer ses habitudes" : à Roubaix, 500 familles s'engagent dans le zéro déchet

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Par Clément MELKI - Roubaix (AFP)
Publié le 19 septembre 2019 - 07:58
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Magdalene Deleporte explique comment elle fabrique elle-même ses produits ménagers, le 16 septembre 2019 à Roubaix
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© DENIS CHARLET / AFP/Archives
Magdalene Deleporte explique comment elle fabrique elle-même ses produits ménagers, le 16 septembre 2019 à Roubaix
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De l'huile de coco, du bicarbonate de soude et quelques gouttes d'huiles essentielles... La recette est "rapide et hyper simple !", s'exclame Magdalène Deleporte en fabriquant son déodorant artisanal. Comme elle, 500 familles de Roubaix (Nord), ont relevé le défi du zéro déchet.

"Ca prend cinq minutes: on fait fondre au bain-marie et on laisse figer", explique à l'AFP cette infirmière libérale de 38 ans, qui s'est lancée en 2016 dans cette initiative inédite en France, proposée par la mairie pour encourager les familles à réduire leurs déchets non recyclés.

Lessive, shampoing, dentifrice, yaourts, cosmétiques... Exit les tubes et autres flacons: Magdalène fabrique elle-même les produits du quotidien, jusqu'aux éponges "Tawashi", tressées à partir de tissu usagé. Dans sa cuisine, les bocaux en verre ont remplacé les sachets industriels. "Ca fait plus de vaisselle mais au moins, je sais ce qu'il y a dans mes produits", argue-t-elle.

Le déclic, elle l'a eu à la vue de "la taille des poubelles", en pensant à l'avenir de ses deux filles, qui participent avec elle à la confection des produits. "Quand on ne voit que du plastique et du suremballage dans les grandes surfaces, on se dit qu'il y a vraiment un problème", relève-t-elle. Aujourd'hui, elle achète en vrac et dit avoir réduit le gaspillage alimentaire.

Si elle a commencé par "souci écologique", Magdalène a compris qu'il y avait aussi un "impact économique". "On gagne entre 100 et 150 euros par mois, ce qui n'est pas négligeable", souligne cette femme désireuse de partager son expérience "sans forcer son entourage" pour autant.

"Je n'ai pas l'impression de faire des choses extraordinaires, juste de reproduire ce qu'on faisait il y a 50 ans..."

- "Idée préconçue" -

Lancé en 2014 pour répondre notamment à l'insalubrité publique dans cette ville de 100.000 habitants -la plus pauvre de France, selon l'Insee- le programme accompagne les familles sur la base du volontariat à travers des ateliers gratuits, avec le défi de réduire de 50% la production annuelle d'ordures ménagères.

"Il y avait cette conviction qu'on était au bout d'un modèle. Soit on le traitait de manière administrative, soit on parlait aux citoyens" de façon "ludique", explique à l'AFP Guillaume Delbar, maire divers droite de Roubaix. Première en France à proposer une telle démarche, la ville reçoit aujourd'hui des délégations pour partager son expérience.

Car quatre ans plus tard, le bilan est "très largement positif". "On est quasiment à 50% de baisse de déchets dans les familles concernées, voire 80%", avec "un vrai effet sur le pouvoir d'achat, car certaines familles ont économisé jusqu'à 250 euros par mois, soit 3.000 euros par an", se réjouit M. Delbar, pour qui l'écologie est désormais "la préoccupation de tous".

Avant de se lancer dans l'aventure il y a huit mois, Abigayil Schnunt, professeure des écoles spécialisée, regardait cela "d'un oeil extérieur". "Je me disais que c'était trop compliqué", se souvient-elle.

Aux critiques dénonçant des pratiques trop chronophages, elle répond aujourd'hui que c'est "une idée préconçue". "Ca ne prend pas forcément plus de temps, c'est juste une routine différente", nuance cette mère de trois enfants qui a "changé ses habitudes" en passant du supermarché discount aux commerçants locaux, avec ses bocaux et sacs en tissu.

"Le prix au kilo est parfois plus cher mais comme on mange mieux, on consomme mieux: je fais moins de gâchis, je réfléchis plus avant d'acheter", insiste-t-elle, estimant que "le jeu en vaut vraiment la chandelle". "Je pense que je ne reviendrai plus en arrière".

Destiné à valoriser une économie circulaire, le programme s'est étendu à une cinquantaine de commerçants et aux cantines scolaires. A présent, "le but est de changer de vitesse" en passant "d'une expérimentation à une généralisation", souhaite M. Delbar.

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