Chez Carrefour, accalmie après une grève historique

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Par Sabine PRADELLA - Paris (France) (AFP)
Publié le 13 avril 2018 - 09:35
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Un employé d'un supermarché Carrefour à Marseille en grève pour protester contre la menace de suppressions d'emplois
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© BORIS HORVAT / AFP
- En grève -
© BORIS HORVAT / AFP

Deux semaines après la mobilisation historique qui a touché des centaines de magasins, l'heure est à l'accalmie chez Carrefour, avec un dialogue qui se renoue, mais la vigilance reste de mise et la CGT demande toujours un "vrai partage des richesses".

"La pression redescend doucement", note Michel Enguelz, représentant de FO, premier syndicat du groupe, qui avait appelé au mouvement du 31 mars, en plein week-end de Pâques, avec la CFDT (2e), la CGT relayant cet appel séparément.

En proposant plusieurs mesures la semaine dernière, dont un bon d'achat de 150 euros, l'entreprise "a désamorcé la tension", même si la "colère" est "toujours présente" parmi les salariés, observe Sylvain Macé (CFDT).

La CGT, troisième syndicat du géant de la distribution, appelle d'ailleurs seule les salariés à se mobiliser vendredi et samedi, avec des "casserolades" ou des "tambourinades" pour se "faire entendre". Son objectif : obtenir de "réelles augmentations de salaires" et non une "aumône (..) sous forme de bons d'achat".

Son appel vise aussi les week-ends des 1er et 8 mai.

"Ca rouscaille un peu" encore sur le terrain, admet M. Enguelz, mais "la majorité (des salariés) ne repartiront pas en grève" et les éléments avancés par la direction "correspondent à nos attentes", dit-il.

"Surprise" selon les syndicats par "l'ampleur" de la grève - au moins 300 magasins intégrés touchés à des degrés divers, dont une quarantaine d'hypermarchés fermés -, la direction avait convié les représentants du personnel à une réunion le 5 avril.

Pour "répondre aux préoccupations de pouvoir d'achat", après l'annonce d'une participation de 57 euros en moyenne, contre 610 l'an dernier, Carrefour a mis sur la table, outre un complément d'intéressement de 350 euros, un bon d'achat maison de 150 euros pour un salarié à temps complet.

- "En demi-teinte" -

La direction a aussi pris en compte des demandes relatives à la location gérance, aux dispositifs de fin de carrière, au plan de départs volontaires (PDV) des sièges (2.400 postes) et au plan social (PSE) des magasins de proximité (quelque 2.300 postes).

Pour les salariés, c'est un résultat "en demi-teinte", reconnaît aussi M. Macé. La CFDT "prend acte" des "avancées" obtenues, qui permettent de "renouer le dialogue social", mais elle "reste mobilisée" car "on est en désaccord avec les orientations stratégiques et la gouvernance" du groupe, explique-t-il.

Le syndicat "prépare activement" l'assemblée générale des actionnaires prévue le 15 juin, où il voudrait soumettre au vote une résolution "sur le partage des bénéfices", après des années de "pillage des résultats" via le versement de dividendes en augmentation.

Dans l'immédiat, il s'agit pour FO et la CFDT de négocier pour finaliser les engagements pris par la direction: aboutir sur le contenu de la "clause sociale" qui accompagnera le passage en location gérance de magasins; mettre en place une "instance de dialogue social" au niveau des magasins franchisés et en location gérance; instituer un "observatoire paritaire de la transformation" en lien avec le PDV et le PSE; travailler sur l'ouverture d'un dispositif de retraite anticipée.

Celui-ci pourrait "libérer potentiellement 1.700 à 1.800 postes" d'ici à fin 2019, selon M. Enguelz, pour faciliter des reclassements.

Parallèlement s'achèvent cette semaine les négociations salariales annuelles, avec celles pour les entités supermarchés et logistique.

Pour l'entité hypermarchés, la direction a proposé la semaine dernière 1,5% en deux temps (1% au 1er janvier, 0,5% au 1er septembre), soit "environ 1,17% sur l'année civile", "loin de notre revendication", souligne le SNEC CFE-CGC qui ne sera pas signataire.

Rappelant que "l'orage gronde" aussi dans l'encadrement, le SNEC attend des négociations sur la mobilité et la rémunération variable.

Pour la CGT, qui dénonce des "salaires de misère", "le compte n'y est pas". Les "mesurettes" de la direction "ne règlent en rien les problèmes des salariés lors des passages en location gérance et les suppressions d'emplois", estime aussi le syndicat.

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