Christophe Castaner, l'ascension à marche forcée d'un "type normal"

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Par AFP
Publié le 16 novembre 2017 - 10:48
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Christophe Castaner, alors candidat socialiste aux élections régionales, lors de la "Fête de la Rose
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© ANNE-CHRISTINE POUJOULAT / AFP/Archives
Christophe Castaner, alors candidat socialiste aux élections régionales, lors de la "Fête de la Rose" à Marseille, le 10 octobre 2015
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Ce n'était pas son rêve mais Christophe Castaner prendra samedi la tête de La République en marche, le parti présidentiel, animé d'une obsession personnelle: "rester un type normal", malgré une ascension aussi fulgurante que tardive.

"Souvent, on fait des choses pas parce qu'on a rêvé de les faire, mais parce qu'on a une responsabilité de les faire", souffle M. Castaner.

Désigné volontaire par l'Elysée et seul en course, il sera donc élu samedi à Lyon "délégué général" du parti d'Emmanuel Macron, chargé de raviver la flamme d'une formation en jachère depuis les élections.

Drôle de destin pour celui qui se défend farouchement d'être "un homme d'appareil": "je n'ai jamais eu cette culture, ni même cette volonté-là, y compris pour La République en marche", insiste-t-il auprès de l'AFP.

Mais, à l'aube de son 52e anniversaire, Christophe Castaner s'est imposé comme une figure incontournable du "nouveau monde" qui a soudainement émergé avec Emmanuel Macron.

Lors des élections régionales de 2015, il avait concouru sous la bannière du Parti socialiste en Provence-Alpes-Côte d'Azur avant de devoir jeter l'éponge au soir du premier tour pour faire barrage au Front national.

Il s'estime alors lâché par la direction du PS, un épisode qui marquera une rupture fondatrice: "sans cela, je serais sans doute resté fidèle au parti".

Ce rocardien de toujours, qui s'est "construit dans l'enracinement local", rejoint quelques mois plus tard M. Macron, sans croire "une seconde qu'il puisse gagner la présidentielle".

"Je le fais parce que je pense qu'après cinq ans de frondeurs, de mollesse dans la majorité, les deux gauches irréconciliables sont au sein même du PS" et qu'"Emmanuel Macron va nous aider à casser cela". Avant d'ajouter: "la politique, c'est aussi être au bon endroit au bon moment".

De fait, il prendra la roue de M. Macron dès le début: membre de son premier cercle de parlementaires, porte-parole de sa campagne puis du gouvernement, tout en recevant le portefeuille de secrétaire d'Etat aux Relations avec le Parlement.

- "Vous me poussez, je pousse aussi" -

Verbe rond, "accent un peu ensoleillé qui met du sucre à ce qu'il dit", dixit le ministre de l'Agriculture Stéphane Travert, l'ancien député des Alpes-de-Haute-Provence et ancien maire (pendant 16 ans) de Forcalquier joue de sa faculté à établir le contact.

"Quand je redescends chez moi, que je vais au comptoir, les mecs, ça les impressionne douze secondes que je sois secrétaire d'Etat. Ils me retrouvent et ils blaguent comme ils veulent", plaide-t-il.

"Il y a des coupures, ce que je vis, là, c'est une coupure", insiste-t-il en désignant le salon cossu de son ministère. "Mais je veux rester un type normal, chez moi, c'est obsessionnel".

Pour preuve, il décrit la traversée de sa circonscription à pied, 270 km à l'été 2016 en logeant chez qui voulait bien l'accueillir. Un mélange de "démarche politique", de coup de com' et de quête "plus personnelle, pour retrouver le temps long".

"Vous assumez votre faiblesse liée à la fatigue. Le troisième soir, je ne parlais plus aussi facilement que le premier. Je me suis aussi rendu compte que ça me rendait vachement plus abordable", se souvient-il.

Ce fils de militaire, adolescent rebelle, bachelier tardif, père de deux filles, "petit Manosquin" qui, "au lycée, rencontra une Forcalquiéraine" et l'épousa, admet "une part de mise en scène" dans son personnage vaguement pagnolesque.

"Moi, je suis un garçon simple. Vous me poussez, je pousse aussi", crâne-t-il, en citant son compte-rendu de Conseil des ministres effectué sur un Vélib', en réponse au défi d'un journaliste.

"Il a été perçu à Paris comme le kéké, le cacou, il ironise là-dessus", décrypte un de ses mentors, l'ex-ministre Jean-Louis Bianco.

L'ancienne porte-parole du gouvernement de Lionel Jospin, Catherine Trautmann, garde un autre souvenir de son chef de cabinet, quelqu'un de "très sérieux, loyal, attentif", armé de "self control".

Lui confesse qu'il "doute beaucoup", surtout à l'heure de prendre le parti. "Je sors de ma zone de confort. Ca m'angoisse un peu", confie-t-il.

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