Fessenheim : la procédure d'arrêt du réacteur n°1 est lancée

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Par AFP - Strasbourg
Publié le 20 février 2020 - 19:07
Mis à jour le 21 février 2020 - 22:44
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Vue aérienne de la centrale nucléaire de Fessenheim (Haut-Rhin), le 20 février 2020
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© SEBASTIEN BOZON / AFP
Vue aérienne de la centrale nucléaire de Fessenheim (Haut-Rhin), le 20 février 2020
© SEBASTIEN BOZON / AFP

La procédure d'arrêt du réacteur n°1 de la centrale nucléaire de Fessenheim a débuté vendredi soir peu après 20H30 et doit s'achever samedi à 02H00, même si quelques salariés opposés à la fermeture de la plus ancienne centrale française en activité pourraient perturber le processus.

Dans l'équipe de nuit qui devait prendre ses fonctions à 21H00 et compte une quinzaine de personnes, plusieurs agents étaient susceptibles de refuser de poursuivre les opérations, repoussant de plusieurs heures l'échéance, selon des sources concordantes.

Mais un salarié d'EDF arrivant en voiture à la centrale dans la soirée pour participer à la mise à l'arrêt du réacteur, tout en reconnaissant avoir "les boules" le constatait : "il y a un décret qui est sorti, il faut le faire, on ne va pas aller au tribunal".

"Pour l'ensemble du personnel de quart, cette nuit d'arrêt du réacteur n°1, réaliser les gestes pour le découpler définitivement sera quelque chose de très difficile à vivre", expliquait un syndicaliste.

"Il y a une atmosphère très lourde à la centrale, les salariés ont les nerfs à fleur de peau", a également souligné auprès de l'AFP le maire de Fessenheim, Claude Brender. Ils éprouvent "un sentiment de révolte (...) l'impression d'un gâchis".

"Je compte sur le professionnalisme des salariés d'EDF", avait lancé dans la matinée Elisabeth Borne, la ministre de la Transition écologique à l'issue d'une rencontre avec les élus locaux à Colmar.

- "Gâchis humain et financier" -

Celle-ci s'était ensuite rendue brièvement à Fessenheim à la rencontre de quelques commerçants dans l'après-midi.

Dans l'attente de l'arrêt du réacteur, la commune s'est plongée dans le noir vendredi soir pour symboliser les temps obscurs et incertains qui l'attendent.

Sur la place centrale de ce gros bourg du Haut-Rhin, une petite centaine de personnes se sont réunies dans l'obscurité vers 19H00 autour d'une soupe populaire, en soutien aux agents de la centrale, dénonçant "un gâchis humain, financier et écologique". Sur une table et tracé à l'aide de bougies, ces trois lettres: EDF.

Devant la marmite de soupe fumante, Claude Brender dénonçait une "euthanasie". "On tue une machine qui aurait pu tourner encore 20 ans" et "on ne sait toujours pas pourquoi", fulminait encore le maire. "Quelques lobbyistes écologistes ont su faire de fessenheim leur cible", a lancé pour sa part le député LR du Haut-Rhin Raphaël Schellenberger, jugeant la décision de fermer les 2 tranches de fessenheim "juste invraisemblable".

L'opération d'arrêt du réacteur met un point final à des années de remous, de débats et de reports sur le sort de la centrale alsacienne, bâtie dans les années 1970 tout près de la frontière avec l'Allemagne.

La procédure d'extinction du réacteur est identique à celle d'une opération de maintenance classique. Mais cette fois, aucune remise en service n'aura lieu. Le second réacteur de Fessenheim subira le même sort le 30 juin.

L'évacuation du combustible de la centrale sera normalement achevée en 2023. Ensuite doit se poursuivre la phase de préparation au démantèlement, processus inédit en France à l'échelle d'une centrale entière qui devrait commencer à l'horizon 2025 et se poursuivre au moins jusqu'en 2040.

Pour Matignon, la fermeture de Fessenheim "constitue une première étape dans la stratégie énergétique de la France qui vise un rééquilibrage progressif" entre les différents types d'énergies, avec une diminution progressive de la part du nucléaire - actuellement de 70%, la plus importante au monde - et une augmentation de celle de l'électricité d'origine renouvelable.

Mais la polémique sur le bien-fondé de cette fermeture ne va pas cesser avec l'arrêt du réacteur n°1. Samedi, pro-Fessenheim et antinucléaires feront entendre leurs voix en affichant une même priorité, l'écologie, mais avec des arguments bien différents.

- "Aucune perte d'emploi" -

"L'arrêt de cette centrale moribonde est un motif de célébration transfrontalière, mais pas un motif de triomphe", le combustible radioactif restant présent encore plusieurs années sur place, a commenté l'association écologiste allemande Bund, qui s'oppose depuis des années à cette centrale et plus encore depuis la catastrophe nucléaire de Fukushima en 2011.

Vendredi, Elisabeth Borne a confirmé le projet de "Technocentre" consacré aux déchets métalliques sur le site de la centrale après sa fermeture, même sans soutien allemand. Mme Borne a promis qu'il n'y aurait "aucune perte d'emploi".

Trois grandes banderoles sont accrochées à l'entrée du parking de la centrale: "La centrale de Fessenheim est sûre... Qu'elle dure!", "La fermeture anticipée est une faute historique" et, en rouge sur fond noir, "Fessenheim sacrifiée".

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