Climat : occupation écolo d'un "temple de la consommation"

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Par Stéphane ORJOLLET - Paris (AFP)
Publié le 05 octobre 2019 - 19:54
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Des militants écologistes occupent un centre commercial à Paris, le 5 octobre 2019
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© JACQUES DEMARTHON / AFP
Des militants écologistes occupent un centre commercial à Paris, le 5 octobre 2019
© JACQUES DEMARTHON / AFP

"Qu'est-ce que vous voulez qu'on fasse?" Les vigiles devant le grand atrium d'Italie 2 sont dépassés. Les petits groupes de jeunes qui détonnaient un peu à l'ouverture des portes se sont transformés en flot d'écolo-activistes.

Sac au doc et en sweat à capuche, les militants d'Extinction Rebellion (XR) se sont invités samedi matin en avant-première d'une semaine d'action dans ce grand centre commercial du sud-est de Paris, symbole pour eux d'un capitalisme qui détruit la planète, comme ces chaînes de "fast fashion" mondialisée, sitôt portée, sitôt jetée.

"Travaille (et sa variante Pollue)! Consomme! Et ferme ta gueule!" Les slogans retentissent sous les yeux étonnés de quelques gens venus faire leurs courses, et vite repartis.

Rapidement, sans violence, l'occupation se met en place. Des chaînes bloquent les portes d'entrée, des chaises sont empilées, des volontaires "bloqueurs" se postent aux passages vers le reste du centre commercial.

Une escouade de volontaires en gilets orange font les "médiateurs", chargés de s'assurer que la situation ne dérape pas. Quelques groupes aux slogans plus vindicatifs ou qui commencent à sortir des masques sont invités à plus de discrétion, ou à sortir.

Une première patrouille de police arrive après 30 minutes, mais ne parvient pas à entrer. Puis viennent les renforts, CRS et gendarmes mobiles, qui se déploient sans intervenir.

À l'intérieur, on s'organise. Les groupes qui ont appelé à l'action - outre XR, qui prône la désobéissance civile non-violente, différents collectifs dont quelques groupes de "gilets jaunes" - déploient affiches et banderoles, tels ce "Queer VNR - révolutionnaires" au balcon d'une mezzanine.

Sur la grande verrière de l'entrée du centre commercial, des varappeurs montent précautionneusement pour installer une banderole.

Dedans, c'est une autre banderole qui fait débat: le slogan "Écologie radicale. Mort au capital" flanqué de chaque côté du logo de XR, un sablier stylisé dans un rond représentant la Terre.

"C'est violent, mort à quelque chose. On veut être radical, mais pas dans la violence", argumente Camille (les militants d'XR se présentent sous des prénoms, souvent modifiés, ou demandent l'anonymat), architecte de 37 ans, partisan de décrocher la banderole. "Et extinction, c'est pas synonyme de mort?" rétorque un grand barbu.

- Pas de dégradations ! -

Le débat ira en assemblée générale, où l'on décidera d'un compromis pour garder le slogan, en masquant les logos. Mais il est représentatif d'un débat dans la mouvance écolo: "Convergence des luttes" ou pas? Il avait surgi le 21 septembre, à la manif "pour le climat et la justice sociale", qui n'avait pu aller à son terme en raison de la présence de black blocs venus en découdre avec la police.

Mais hormis quelques montées de décibels et chants anti-Macron à l'arrivée de petits groupes de "gilets jaunes", comme Jérôme Rodrigues, la foule, majoritairement jeune, voire très jeune, est bon enfant.

On lit, on joue aux cartes et évidemment on discute, comme il se doit dans une structure qui se veut aussi horizontale que possible. Deux AG en moins de trois heures, menées à chaque fois par des intervenants différents, où l'on exprime ses choix avec des signes des mains.

Un "comité toilettes" a monté des toilettes sèches et un urinoir improvisé, mais on fait aussi la queue pour les WC de service d'un restaurant.

Deux jeunes gens interpellent une militante d'XR, désignant des tags au feutre sur une vitrine. "On n'avait pas dit pas de dégradations? Les tags c'est pas des dégradations?" "On a du blanc de Meudon pour nettoyer", répond-elle.

A la sortie arrière de l'atrium, une grille baissée donne sur le reste du centre commercial, ouvert comme si de rien. Des gens s'approchent, échangent quelques mots à travers le rideau de fer avec les jeunes militants. "Je suis d'accord il faut réagir, ici comme à Rouen", glisse une dame.

Vers 15h00, les varappeurs finissent de déployer leur banderole sur l'immense façade. "La nature n'est pas à vendre. Écologie sociale et populaire". Ils ont aussi accroché un hamac, signe de la volonté que l'occupation dure.

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