Colmar : Alain Soral, poursuivi pour une "quenelle", relaxé
Le tribunal correctionnel de Colmar a relaxé vendredi l'essayiste d'extrême droite Alain Soral, jugé pour avoir diffusé sur internet un cliché de lui effectuant une "quenelle" sur les marches de ce tribunal, les juges estimant que ce geste pouvant être assimilé à un salut nazi déguisé n'était pas, dans ce contexte, antisémite.
Six mois de prison avec sursis, assortis d'une mise à l'épreuve, avait été requis lors du procès le 28 novembre.
De son vrai nom Alain Bonnet, Alain Soral, absent à l'audience, était poursuivi pour "injure" et "incitation publique à la haine ou à la violence en raison de l'origine, l'ethnie, la nation, la race ou la religion". Il avait diffusé sur Twitter et sur son site internet "Egalité et Réconciliation" un cliché pris le 5 mai, le montrant faisant une "quenelle" devant le tribunal de grande instance de Colmar.
La "quenelle" (bras tendu vers le bas et main opposée posée sur l'épaule) a été popularisée par le polémiste Dieudonné, condamné à plusieurs reprises pour des déclarations antisémites, geste qu'il qualifiait d'"antisystème".
"Le tribunal a estimé que la diffusion (...) de la photographie (...) dans un lieu non mémoriel et sans lien avec la religion juive (un tribunal de grande instance, ndlr) ne constitue pas les infractions d'injure publique et de provocation publique à la haine ou à la violence en raison de l'origine, l'ethnie, la nation, la race ou la religion", a indiqué dans un communiqué la procureure de la République de Colmar, Catherine Sorita-Minard.
M. Soral avait déjà été condamné pour une "quenelle" réalisée dans contexte différent : le 18 février 2016, la cour d'appel de Paris l'avait condamné à 5.000 euros d'amende pour avoir fait ce geste au Mémorial de la Shoah de Berlin. Le cliché, privé, avait été selon M. Soral "piraté", puis diffusé.
Sur son site, le polémiste, venu en Alsace pour une conférence, avait accompagné la photo prise à Colmar d'un texte évoquant le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) et la Licra.
Le tribunal a estimé que ces associations n'étaient "pas clairement citées ou visées à raison de leur engagement mais davantage à raison de leur prise de position quant à l'exécution d'une décision de justice" passée concernant l'essayiste, poursuit Mme Sorita-Minard qui indique qu'elle "va analyser" le jugement avant de décider d'un éventuel appel.
"Nous contestons cette décision et comptons sur un appel du parquet", a réagi auprès de l'AFP Me Thierry Cahn, l'avocat du Consistoire israélite du Haut-Rhin, l'une des parties civiles. "Compte tenu du personnage et de ses précédentes condamnations (...) la matérialité de l'infraction est constituée", a-t-il estimé.
L'avocat d'Alain Soral, Damien Viguier, avait plaidé la relaxe, affirmant que la "quenelle" n'est rien d'autre qu'un "bras d'honneur ou un doigt d'honneur" et non "un salut nazi inversé".
Mme Sorita-Minard avait pointé qu'Alain Soral, condamné à de multiples reprises notamment pour négationnisme, était en "récidive" et "incit(ait) à la haine de l'autre" en diffusant son geste "délibéré, choquant et provocateur".
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