Comment vont fonctionner les "brigades sanitaires" anti-coronavirus ?

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Par Valentin BONTEMPS - Paris (AFP)
Publié le 03 mai 2020 - 12:36
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Echantillons prélevés sur des personnes pouvant être malades du Covid-19 et en attente d'être analysés dans un laboratoire à Levallois-Perret, près de Paris, le 22 avril 2020
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© THOMAS COEX / AFP/Archives
Echantillons prélevés sur des personnes pouvant être malades du Covid-19 et en attente d'être analysés dans un laboratoire à Levallois-Perret, près de Paris, le 22 avril 2020
© THOMAS COEX / AFP/Archives

A partir du 11 mai, chaque département disposera d'une "brigade sanitaire" chargée d'identifier les personnes atteintes par le coronavirus et d'éviter l'apparition de nouveaux foyers d'infection. A quoi vont ressembler ces équipes "anti-covid" et comment vont-elles travailler?

Pourquoi ces brigades?

Les "brigades sanitaires", dont la création a été annoncée mardi par le Premier ministre, seront chargées d'enquêter sur l'entourage des malades pour repérer les personnes potentiellement contaminées et les inviter à se faire tester.

Il s'agira de "brigades d'anges gardiens, parce qu'elles vont venir au contact des malades et des personnes potentiellement malades, pour assurer leur propre protection", a expliqué samedi le ministre de la Santé Olivier Véran.

Le dispositif, déjà testé par certains hôpitaux de l'AP-HP, vise à identifier le plus grand nombre possible de personnes infectées, qu'elles soient symptomatiques ou asymptomatiques. L'objectif final est de "casser" les chaînes de contamination.

Qui va y participer?

Les brigades seront composées principalement de salariés de l'Assurance maladie. Des employés de Centres communaux d'action sociale (CCAS), de conseils départementaux ou d'organismes comme la Croix-Rouge pourraient également les intégrer.

Au total, 3 à 4.000 personnes seront mobilisées. "Nous aurons 2.500 collaborateurs supplémentaires prêts à venir immédiatement en renfort si nécessaire", a toutefois assuré le directeur de l'Assurance maladie, Nicolas Revel, au journal Les Échos.

Les "brigades sanitaires" seront par ailleurs intégrées dans un dispositif plus large, impliquant notamment le personnel de santé et les services municipaux. Selon Jean-François Delfraissy, président du conseil scientifique, 30.000 personnes au total pourraient être mobilisées.

Quel sera le rôle des médecins?

Les généralistes ayant pris en charge un malade du Covid-19 devront recenser les personnes ayant été en contact avec ce patient et effectuer une première analyse du risque de contamination. En ce sens, ils formeront "la première ligne" du dispositif, a souligné Édouard Philippe.

Les informations recueillies seront transmises à l'Assurance maladie. Pour ce travail, les médecins recevront un forfait de 55 euros par patient, comprenant à la fois la consultation et la saisie informatique des coordonnées des membres de la cellule familiale.

Pour encourager les médecins à poursuivre l'enquête au-delà du cercle familial, deux euros seront versés pour chaque contact supplémentaire identifié. Ce montant sera porté à quatre euros quand les coordonnées permettant de les joindre seront renseignées, a précisé Nicolas Revel.

Comment travailleront les brigades?

Une fois les informations sur les patients et leur entourage transmises à l'Assurance maladie, via une plateforme dédiée, les brigades seront chargées de contacter une à une les personnes recensées. Elles devront aussi identifier les autres "sujets contacts" potentiels.

Les personnes contactées recevront alors une série de consignes sanitaires et, le cas échéant, des masques et du gel hydroalcoolique. Surtout, elles seront invitées à se faire tester. En cas de test positif, une liste des personnes qu'elles auraient pu contaminer sera à son tour établie.

Qu'adviendra-t-il des personnes positives?

Les personnes testées positives seront invitées à s'isoler soit chez elles (ce qui entraînera le confinement de tout le foyer pendant 14 jours), soit dans un lieu mis à disposition, notamment des hôtels réquisitionnés, quand la nature de leur logement rend l'isolement difficile.

Le gouvernement n'a pas retenu la mesure, un temps envisagée, de contraindre à l'isolement les personnes testées positives qui refuseraient de se soumettre à ces règles sanitaires. "Nous faisons confiance à l'esprit de responsabilité des Français", a expliqué Olivier Véran.

Quid de la confidentialité des données?

Plusieurs syndicats de médecins se sont inquiétés de l'impact de ce dispositif sur le secret médical, à l'image de la Confédération des syndicats médicaux français (CSFM), qui a mis en garde contre une "banalisation" de l'accès aux renseignements confidentiels.

Il faut que "la transparence soit faite sur les acteurs qui assurent la collecte de l'information" et "la durée de stockage" des informations, a jugé de son côté le Syndicat des médecins libéraux (SML), réclamant la signature d'une "clause de confidentialité" par les personnes recrutées.

Le gouvernement, qui a prévu de soumettre au parlement de nouvelles dispositions légales pour permettre aux "brigades sanitaires" d'avoir accès à ces informations médicales, se veut de son côté rassurant, évoquant un dispositif exceptionnel et limité dans le temps.

"Les personnels non-soignants" qui auront accès aux informations médicales "sont des collaborateurs de l'Assurance-maladie dont c'est déjà la mission", a assuré de son côté Nicolas Revel. "Aucune donnée médicale sensible n'a vocation à être partagée au-delà", a-t-il promis.

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