Conflit commercial sur la distribution : Canal+ coupe le signal de TF1

Auteur:
 
Par Sophie ESTIENNE, Yann SCHREIBER - Paris (AFP)
Publié le 02 mars 2018 - 12:54
Image
France-Soir
Crédits
©DR
Municipale 2014
©DR

Déjà en conflit ouvert avec Orange sur les droits de diffusion de ses chaînes, TF1 a reçu une déclaration de guerre de Canal+, qui a décidé de lui couper le signal.

Canal a annoncé jeudi soir dans un communiqué qu'il interrompait la diffusion des chaînes du groupe TF1 faute d'arriver à un accord commercial avec ce dernier dont il dénonce "les exigences financières déraisonnables et infondées".

"Le groupe Canal+ regrette l'impasse dans laquelle se trouvent les négociations avec le groupe TF1 après 18 mois de discussions et se voit contraint d’interrompre la diffusion des chaînes TF1, TMC, TFX, TF1 Séries Films, LCI et leurs services associés", écrit-il.

TF1 a réagi vendredi en se disant "scandalisé" par ce qu'il décrit comme une "décision unilatérale" de Canal+. Il "déplore que les clients du groupe Canal+ (...) soient pris en otage" et demande à Canal+ de "prendre en compte l'intérêt légitime des abonnés", ajoute-t-il dans son communiqué.

TF1 évoque une décision "incompréhensible", ajoutant n'avoir "jamais demandé à ce que ses chaînes et son service +replay+ (télévision en rattrapage, NDLR) soient coupés, mais (avoir) au contraire proposé une poursuite des négociations".

Au moment de la coupure, TF1 diffusait un épisode de sa série "Section de recherches" tandis que "90' Enquêtes" allait démarrer sur TMC.

De nombreux abonnés de Canal ont exprimé leur incompréhension sur Twitter face au message apparu sur leur écran: "Le groupe TF1 veut désormais faire payer ses chaînes gratuites (…) alors même que ces chaînes sont diffusées gratuitement sur la TNT et sur Internet. Cette diffusion payante aurait pour conséquence de vous faire payer l'accès à ces chaînes, ce que nous refusons (…)".

- Orange "comprend" -

TF1, qui fournissait jusqu'ici ses chaînes en clair gratuitement, veut en effet obtenir le paiement de droits de diffusion de la part des opérateurs qui les retransmettent à leurs abonnés via leurs "box". Pour justifier sa revendication, le groupe a mis en avant sa nouvelle offre "TF1 premium", enrichie de nouvelles fonctionnalités et proposée aux fournisseurs d'accès internet, câblo-opérateurs et opérateurs satellites.

S'il a réussi à signer de nouveaux contrats avec SFR et Bouygues Telecom, dont il partage la maison mère, ce n'est pas le cas avec Canal+, ni avec Orange.

Ce dernier refuse lui aussi catégoriquement de payer pour la diffusion des chaînes de TF1 en flux continu, mais a jusqu'ici refusé de couper le signal, malgré une assignation en justice par le groupe de télévision début février.

"Nous ne faisons pas de commentaires sur les relations entre le groupe Canal+ et le groupe TF1. Néanmoins Orange, confronté à la même situation, comprend la décision du groupe Canal+", a indiqué vendredi à l'AFP un porte-parole de l'opérateur historique, réaffirmant que les conditions de TF1 sont "inacceptables".

"Nous sommes toujours en discussion, mais la posture du groupe TF1, qui consiste à refuser toute avancée significative (...) nous conduit, hélas, a ne rien exclure", ajoute ce porte-parole, interrogé sur une éventuelle coupure par Orange des chaines de TF1.

Orange a déjà renoncé à des campagnes de publicité sur TF1, qui a annoncé de son côté début février avoir suspendu la fourniture à l'opérateur historique de son service de "replay" MYTF1.

- "chantage" -

Canal+ dispose de ses propres chaînes gratuites et payantes, mais c'est aussi un diffuseur de chaînes par le biais de son décodeur, de son service internet MyCanal et de son service par satellite.

Son directeur général, Maxime Saada, avait prévenu début février qu'il était prêt, si le conflit perdurait, à couper le signal de TF1, qu'il accusait de "chantage". En mettant sa menace à exécution, il fait encore monter la pression d'un cran, quelques jours après l'annonce d'une plainte pour contester les demandes de la filiale de Bouygues devant le tribunal de commerce de Paris.

Canal+ justifie sa décision jeudi en invoquant "l'intransigeance du groupe TF1 qui abuse de sa puissance de marché, et notamment de son canal numéro 1, pour imposer unilatéralement à ses distributeurs, dont le groupe Canal+, de payer pour continuer à diffuser ses chaînes disponibles gratuitement sur la TNT et sur internet".

Alors que Canal+ a réaffirmé qu'il "n’entend pas payer pour la diffusion de ces chaînes", TF1 juge sa demande de rémunération "en aucun cas abusive" car Canal+ "vend les chaînes du groupe TF1 aux téléspectateurs sous forme d'abonnement".

Canal+ fait valoir que les chaînes qu'il cesse de diffuser "occupent des fréquences nationales relevant du domaine public qui leur ont été octroyées gratuitement" et peuvent "diffuser en exclusivité des événements sportifs majeurs comme la coupe du monde de football qui doivent être accessibles à tous".

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Dessin de la semaine

Portrait craché

Image
Castex
Jean Castex, espèce de “couteau suisse” déconfiné, dont l'accent a pu prêter à la bonhomie
PORTRAIT CRACHE - Longtemps dans l’ombre, à l’Elysée et à Matignon, Jean Castex est apparu comme tout droit venu de son Gers natal, à la façon d’un diable sorti de sa ...
13 avril 2024 - 15:36
Politique
Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.