Coronavirus : au Samu, des appels inquiets mais pas de panique

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Par Amélie BAUBEAU - Paris (AFP)
Publié le 29 janvier 2020 - 19:55
Mis à jour le 30 janvier 2020 - 09:08
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Le centre d'appel du Samu de Paris, le 29 janvier 2020
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© ALAIN JOCARD / AFP
Le centre d'appel du samu de Paris, le 29 janvier 2020
© ALAIN JOCARD / AFP

Des voyageurs revenant de Chine avec des symptômes grippaux aux signalements les plus farfelus: le Samu de Paris reçoit une centaine d'appels par jour de Français inquiets au sujet de l'épidémie de nouveau coronavirus.

"Les appels, c'est d'abord des personnes qui demandent à être rassurées", explique à l'AFP Pierre Carli, le chef de ce service de régulation, "en première ligne" dans la réponse sanitaire à la pneumonie virale apparue en décembre à Wuhan, dans le centre de la Chine.

Dans la petite salle du centre d'appels, au sein de l'hôpital Necker (AP-HP), à Paris, une vingtaine de personnes sont sur le pont, derrière leurs écrans: des assistants de régulation médicale décrochent en premier le téléphone, puis des médecins régulateurs (urgentistes ou généralistes) sont chargés d'évaluer le risque et de déclencher la réponse la mieux adaptée à l'état du patient.

Depuis une semaine, les autorités martèlent le message aux personnes qui ont un doute: si elles ont de la fièvre, des symptômes respiratoires et qu'elles ont séjourné en Chine, elles doivent appeler le "15" et non se rendre aux urgences ou chez leur médecin traitant, pour éviter de transmettre le virus si elles sont effectivement infectées.

Sur quelque 3.500 appels par jour à ce numéro d'urgence réceptionnés par le Samu de Paris, "80 à 100" portent sur le coronavirus, selon Pierre Carli.

"Une bonne moitié est éliminée d'emblée", car "à l'évidence il n'y a pas de risque", observe le professeur en médecine d'urgence.

"Ces appels sont parfois étonnants: ce n'est pas parce qu'on croise une personne dans la rue qui a un masque ou qu'on aurait pu être en contact avec un objet qu'elle a touché qu'on risque quelque chose...", souligne-t-il.

"Sachant qu'il y a des gens qui sont malades, d'autres qui ont perdu la vie dans cette épidémie en Chine, c'est des choses un petit peu risibles", insiste le Pr Carli, invitant les patients à réaliser le caractère "totalement irrationnel" de ce type d'interrogations.

- Jeu de pistes -

Sur la moitié des appels restant, l'entretien détaillé avec le médecin régulateur, qui peut faire intervenir un service de traduction, permet d'écarter le risque dans environ 40% des cas.

En revanche, dans 10% des cas, "on va avoir besoin d'une opinion de l'infectiologue, spécialiste des épidémies virales", pour décider s'il convient d'envoyer la personne dans un hôpital de référence "où elle pourrait réaliser le test diagnostique pour savoir si elle a été en contact avec le virus".

Sur un tableau blanc, une affichette récapitule les "questions-clés" que les soignants doivent poser face à un cas suspect: "Le patient a-t-il un tableau clinique compatible avec une infection à 2019-nCov", le nouveau virus chinois? Est-il immunodéprimé ou atteint par une "maladie chronique notamment des voies respiratoires"?

Un jeu de pistes pas toujours évident en pleine épidémie de grippe saisonnière, une maladie qui peut entraîner des symptômes proches (fièvre, toux...)

"Le risque, c'est que le nouveau coronavirus profite de l'épidémie de grippe pour se camoufler, c'est-à-dire pour passer au départ inaperçu", alerte le Pr Carli.

Autre question importante: le patient "revient-il de la zone de circulation du virus depuis moins de 14 jours?".

A côté de l'affichette, une carte précise la situation géographique de Wuhan par rapport aux autres villes chinoises. Des zones à risque autour de cette ville berceau du virus ont en effet été déterminées et un cas ne sera pas considéré aussi risqué s'il a séjourné à proximité de Wuhan ou dans une province très éloignée.

Au bout du fil, une femme passée par l'aéroport de Shenzhen demande des conseils. Cette ville de la côte sud de la Chine n'est "pas dans la zone" la plus à risque, répond l'un des employés du Samu.

Les mesures appliquées ne sont pas improvisées, mais prévues depuis des années, dans le cadre du dispositif ORSAN (organisation de la réponse du système de santé en situations sanitaires exceptionnelles).

"Si ces mesures sont mises en place (...) ce sont les meilleures armes pour éviter que ce virus se répande", assure le chef de service.

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