Coronavirus : dans les supermarchés, pas de ruée mais le besoin d'anticiper

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Par Céline AGNIEL à Montesson, Pierre PRATABUY à Lyon, avec les bureaux de l'AFP - Montesson (France) (AFP)
Publié le 13 mars 2020 - 14:07
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Des files d'attente aux caisses dans un supermarché à Villiers-sur-Marne en banlieue parisienne, le 13 mars 2020
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© Martin Bureau / AFP
Des files d'attente aux caisses dans un supermarché à Villiers-sur-Marne en banlieue parisienne, le 13 mars 2020
© Martin Bureau / AFP

Alerte embouteillage au rayon des pâtes, parce qu'"on ne sait pas trop où l'on va"... Plusieurs grandes surfaces, qui appellent à la raison, connaissaient une fréquentation inhabituelle vendredi au lendemain des annonces d'Emmanuel Macron pour tenter d'endiguer l'épidémie de coronavirus.

Au Carrefour de Montesson, dans les Yvelines, une source au sein de la direction du magasin n'a que le temps d'observer que "depuis hier (jeudi) soir, on a une grosse affluence, les gens se précipitent sur les produits de première nécessité". Elle doit ensuite couper court: "on doit aller aider pour les passages en caisse, dans les rayons, partout"!

Jeudi soir, M. Macron a notamment annoncé la fermeture des établissements scolaires dans l'ensemble du pays, au moins jusqu'à fin mars, pour tenter de limiter la propagation de l'épidémie de coronavirus.

Ce discours, suivi par près de 25 millions de téléspectateurs jeudi soir, "ça lance un signal que les choses empirent", observe Amel, 18 ans, venue faire le plein de conserves au Leclerc de Bobigny (Seine-Saint-Denis) avec sa maman Fatima.

"Je n'étais déjà pas rassurée, mais là, avec les déclarations de Macron hier, je fais les courses et je ne sors plus de chez moi jusqu'à ce que le virus passe", abonde Stéphanie, une Lilloise de 38 ans qui est venue au centre commercial Euralille pour faire des provisions de "15 jours au moins".

"Il faut bien s'organiser", abonde Alain, 51 ans, croisé par l'AFP au rayon lait d'une moyenne surface du 8e arrondissement de Lyon, trois packs de six litres dans les mains. D'habitude, il "prend moins". "Mais là, je ne sais pas, il vaut mieux être prudent, on ne sait pas trop où l'on va. Et quand on voit les rayons qui se vident déjà, ça incite".

- Appel au civisme et au respect -

A Marseille, Ajaccio, les rayons des pâtes sont les premiers ciblés. A Bobigny, "il ne reste que des pâtes aux œufs, mais c'est plus cher", grommelle une dame d'une soixantaine d'années. A Montesson, Michel Samine a fait une infidélité à son magasin habituel, situé dans la ville voisine de Sartrouville, où "il y a pénuries depuis une semaine" pour les pâtes et le riz.

Autres produits très convoités: les produits ménagers. "J'ai vu des gens acheter du liquide vaisselle ou des paquets d'essuie-tout trois par trois", témoigne une jeune vendeuse lyonnaise. "Ce matin, les gants sont partis très vite", observe Thomas, un vendeur à Bobigny.

Elizabeth Icher, professeure de français dans un collège toulousain, fait partie de ceux qui se sont équipés en gants: "dans ce genre de cas, l'enfer c'est les autres, beaucoup de gens ont encore des comportements à risque", estime-t-elle.

Porte-parole de Système U, Thierry Desouches met en garde contre les comportements "irraisonnables". "Emmanuel Macron a parlé hier de la solidarité, de la responsabilité, nous avons des stocks pour supporter un afflux de consommation mais si les chiffres sont multipliés par des centaines de pourcent...", avertit-il auprès de l'AFP.

"La semaine prochaine je serai bloquée à la maison avec les enfants, donc sans céder à la panique, j'anticipe un peu", répond en écho Karima à Euralille.

Si les clients portant des masques étaient rares, certains tentaient de se prémunir contre la contamination.

Ainsi de cette jeune femme à Anglet, au Pays basque, qui "avait pris un bout de tissu pour ne pas toucher les bornes de commande avec (ses) mains" au "drive" du magasin.

"J'ai essayé de communiquer le moins possible avec les gens sur place, en restant dans ma voiture et en fermant les vitres", ajoute celle à qui le médecin a conseillé de rester chez elle, bien qu'elle n'ait pas été testée positive.

"Nous appelons à votre civisme, votre respect envers les hôtesses de caisse, le personnel, les autres clients", a réclamé sur Facebook le magasin E.Leclerc de Wattrelos, dans le Nord.

S'il "est approvisionné en marchandise de façon normale", il a demandé à ses clients de penser "à l'entraide des personnes les plus fragiles, âgées, qui ont besoin également de produits de première nécessité". Et de conclure: "soyez raisonnable dans vos achats".

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