Coronavirus : en Charente, des salariés d'Ehpad confinés volontaires avec les résidents

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Par AFP - Angoulême
Publié le 25 mars 2020 - 20:39
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Le gouvernement a décidé de suspendre l'intégralité des visites de personnes extérieures dans les établissements d'hébergement des personnes âgées, particulièrement vulnérables au coronavirus
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© STEPHANE DE SAKUTIN / AFP/Archives
Coronavirus: en Charente, des salariés d'Ehpad confinés volontaires avec les résidents
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Confinés volontaires avec les résidents: la moitié du personnel d'un Ehpad de Mansle (Charente) a choisi de rester 24h sur 24 avec les 59 personnes âgées jusque là préservées de l'épidémie de Covid-19, pour éviter tout contact extérieur et espérer ainsi "passer au travers de la crise".

"Le week-end dernier, on n'avait toujours pas de Covid-19 chez nous", raconte à l'AFP Pascal Ramirez, directeur de l'Ehpad Bergeron-Grenier de Mansle (Charente), "mais on voyait les Ehpad autour de nous tomber les uns après les autres. On s'est dit qu'il fallait agir".

L'idée du confinement de certains salariés avait été évoquée une première fois à la mi-mars, ajoute le directeur de cet établissement géré par une association à but non lucratif, puis elle a été arrêtée le week-end dernier.

"Notre objectif, c'est d'éviter tout contact avec l'extérieur. On espère comme ça se donner une chance de passer au travers de la crise", dit-il en précisant que la décision est "collective" et que "seuls les salariés volontaires vont rester".

"Chaque matin, on avait la boule au ventre avant de prendre le travail", se souvient Mathilde Buxeraud, 24 ans, ergothérapeute à l'Ehpad, "on n'avait qu'une crainte, faire entrer le virus dans l'établissement. Rapidement, on s'est dit que la seule réponse possible était de nous confiner" avec les pensionnaires.

Les 18 volontaires sont aide-soignants, agents d'entretien, cuisiniers, responsables administratifs, détaille La Charente Libre qui a révélé l'information.

"Seuls ceux qui n'avaient pas les moyens d'organiser leur vie familiale autrement n'ont pas pu se rendre disponibles pour participer à cette aventure", affirme Mathilde Buxeraud.

- "Colonie de vacances" -

Selon M. Ramirez, "on s'est organisé avec nos conjoints, car forcément c'est un peu compliqué. Il y a une part de sacrifice, bien sûr, mais ce n'est pas non plus la bataille de Stalingrad", dit-il, "et puis pour être honnête, on est en lien permanent avec nos familles, par téléphone, par internet".

La mairie de Mansle a fourni des matelas récupérés à l'auberge de jeunesse, chacun a apporté ses draps, couette et oreiller. Les dortoirs ont été disposés dans la salle de réunion, la chapelle et la salle d'animation.

"Les hommes d'un côté, les femmes de l'autre", dit la jeune femme qui évoque un côté "colonie de vacances. Il n'y a plus de notion de hiérarchie ou de grade. On en est au début, on verra bien comment on tiendra psychologiquement".

"Nous ne sommes pas constamment enfermés", ajoute l’ergothérapeute, "on a des espaces verts. En ce moment avec les pensionnaires, on plante des lauriers".

Les salariés restés à l'extérieur s'occupent des courses. "Ils les déposent devant la porte. Et quand on pourra sortir un jour, ils prendront le relais, car il faudra qu'on se repose", dit le directeur.

Chez les résidents, "les réactions sont ambivalentes", ajoute-t-il, "d'un côté, ils sont contents et rassurés qu'on soit à leur côté. Mais en même temps, ils comprennent du coup que ça se passe vraiment mal à l'extérieur. Et ça fait remonter des angoisses, plein de souvenirs qui remontent, notamment de la Seconde guerre mondiale pour ceux qui l'ont connue", dit-il.

Des dizaines de décès ont été signalés ces derniers jours dans des Ehpad, touchés de plein fouet par l'épidémie.

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