Coronavirus : l'épidémie sous contrôle mais l'urgence sanitaire maintenue

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Par Sophie LAUBIE - Paris (AFP)
Publié le 05 juin 2020 - 15:04
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Un baigneur avec son kayak sur la plage à Arcachon, le 2 juin 2020
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© GEORGES GOBET / AFP
Un baigneur avec son kayak sur la plage à Arcachon, le 2 juin 2020
© GEORGES GOBET / AFP

A la veille d'un premier week-end loin de chez eux pour de nombreux Français, l'épidémie est enfin "contrôlée" selon les experts missionnés par le gouvernement, même si ce dernier rappelle que le pays reste dans un état d'urgence sanitaire.

Et après de nombreuses études contradictoires, l'usage de l'hydroxychloroquine contre le Covid-19 continue de faire couler beaucoup d'encre: l'essai clinique majeur britannique "Recovery" a conclu qu'elle n'avait "pas d'effet bénéfique", ses responsables annonçant l'arrêt "immédiat" de l'inclusion de nouveaux patients pour ce traitement contre le Covid-19.

- "Restons vigilants" -

En France, "le virus recule, mais il circule toujours", a prévenu sur Twitter le ministre de la Santé Olivier Véran, vendredi, avant le premier weekend depuis la suppression mardi de la limitation des déplacements à plus de 100 km du domicile.

"Nous restons en état d'urgence sanitaire. Profitons de la liberté retrouvée mais restons tous vigilants dans la période et surtout n'oublions pas les gestes barrières", a-t-il ajouté.

Plus tôt dans la journée, le Pr Jean-François Delfraissy, président du Conseil scientifique chargé de guider les autorités face à la crise sanitaire, a affirmé sur France Inter que l'épidémie était "contrôlée" et que le virus circulait "à une petite vitesse".

Et plus tard sur Europe 1, il a de nouveau écarté la possibilité d'un nouveau "confinement généralisé" en cas de rebond de l'épidémie, appelant toutefois à garder la distanciation "pendant longtemps" et estimant que le principe de porter un masque dans un espace clos perdurerait.

La Direction générale de la Santé a fait état vendredi soir de 46 nouveaux décès en 24 heures dans les hôpitaux du pays, portant le bilan officiel à 29.111 morts depuis le début de l'épidémie. La baisse se poursuit en réanimation avec 1.094 malades (contre plus de 7.000 au pic début avril), soit 69 malades de moins depuis jeudi. Le prochain bilan sera communiqué lundi, a précisé la DGS.

En ce week-end de Fête des mères, les Français, qui ont pu retrouver depuis mardi les cafés, bars et restaurants dans les zones vertes et les terrasses dans les zones oranges (Ile-de-France, Mayotte, Guyane) pourront, grâce à la fin des restrictions de déplacements, aller voir leurs proches dont ils ont été pour certains séparés depuis bientôt trois mois.

Avec la réouverture progressive depuis cette semaine des plages, musées, monuments, zoos ou théâtres, en respectant certaines règles de distanciation ou de port du masque, ils vont aussi pouvoir retrouver le plaisir de renouer avec des loisirs oubliés.

Ce vendredi, les touristes n'étaient pas nombreux mais ravis d'arpenter à nouveau le château de Chambord, avec 360 entrées, au lieu d'environ 3.000 à cette époque habituellement. Et samedi, ce sera au tour de Versailles d'accueillir à nouveau des visiteurs.

La Fête de la musique est quant à elle maintenue pour le 21 juin mais sera différente des éditions précédentes: si des spectacles pourront être montés dans des salles en zone verte, "on se dirige vers l'impossibilité de pouvoir organiser spontanément un concert dans la rue", a indiqué le ministre de la Culture Franck Riester sur Europe 1, alors que la plupart des festivals d'été en France ont été annulés.

"Il faudra laisser un siège vide, et non pas une rangée, entre chaque groupe social" au cinéma, a-t-il par ailleurs précisé.

- Quatre scénarios -

Dans ce contexte, le Conseil scientifique, préparant la suite, a publié jeudi un nouvel avis recommandant de se préparer à "quatre scénarios probables" pour les mois à venir, allant d'une "épidémie sous contrôle" à une "dégradation critique".

Le premier scénario, "le plus favorable", envisage seulement quelques foyers "localisés pouvant être maîtrisés".

L'Assemblée nationale a examiné vendredi un projet de loi qui permettrait à la fois le report du second tour des municipales en cas de regain de l'épidémie de coronavirus et un vote par procuration facilité, s'il a bien lieu le 28 juin.

- "Surinterprétation du protocole" -

Du côté des écoles, la reprise n'est pas assez large au goût de certains parents, comme pour Rachida, à Pantin. "Mon employeur exige désormais ma présence physique trois ou quatre jours par semaine... une vraie galère" pour cette mère célibataire, car ses enfants, "pas prioritaires", n'ont pas eu de place à l'école.

Le ministre de l'Education Jean-Michel Blanquer a dit jeudi espérer que le protocole sanitaire puisse être assoupli "bientôt". Pour la porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye, "certaines mairies ont surinterprété le protocole sanitaire", souhaitant que "les mairies qui n'ont pas encore ouvert leurs écoles puissent le faire le plus rapidement possible".

A ce propos, la justice a enjoint vendredi à la ville de Marseille d'accueillir les élèves des petites et toutes petites sections de maternelle, dans le respect des règles sanitaires, allant à l'encontre d'une décision de la mairie qui renvoyait la reprise de leurs classes à septembre.

Alors que les enquêtes d'opinions ont montré qu'une large majorité des Français jugent sévèrement sa gestion de la crise, le gouvernement pourrait annoncer prochainement la création d'une commission d'enquête indépendante.

Sur le front de l'urgence sociale et économique, qui prend de plus en plus le pas sur l'urgence sanitaire, Emmanuel Macron et Edouard Philippe ont réuni jeudi syndicats et patronat en quête de solutions pour "sauver l'emploi".

Parmi les mesures annoncées après cette rencontre, les entreprises qui recruteront un apprenti du 1er juillet au 28 février bénéficieront d'une aide élargie à l'embauche de 8.000 euros pour les majeurs et 5.000 euros pour les mineurs.

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