Coronavirus : Macron à Mulhouse, un TGV "médicalisé" à la rescousse du Grand Est

Auteur:
 
Par Damien STROKA avec Murielle KASPRZAK à Metz et Angela SCHNAEBELE à Besançon - Strasbourg (AFP)
Publié le 24 mars 2020 - 13:57
Mis à jour le 25 mars 2020 - 10:58
Image
L'hôpital militaire de campagne à l'extérieur de l'hôpital Emile Muller à Mulhouse, le 22 mars 2020
Crédits
© PATRICK HERTZOG / AFP
L'hôpital militaire de campagne à l'extérieur de l'hôpital Emile Muller à Mulhouse, le 22 mars 2020
© PATRICK HERTZOG / AFP

Emmanuel Macron se rendra mercredi à l'hôpital de campagne à Mulhouse, foyer de l'épidémie du coronavirus dans le Grand Est qui affronte une situation sanitaire devenue critique comme en témoigne la décision inédite d'évacuer 20 patients à bord d'un "TGV médicalisé".

Le Président souhaite "rendre hommage au personnel soignant" et "témoigner sa solidarité envers la région Grand Est qui est fortement éprouvée" par la crise du coronavirus, a annoncé mardi soir l'Elysée.

Un premier malade a été admis mardi sous les tentes kaki de l'hôpital de campagne déployé par le Service de santé des armées au pied de l'hôpital civil de Mulhouse.

Autre première, un train sanitaire sera affrété pour permettre "dans un premier temps l'évacuation de 20 patients" de Strasbourg et Mulhouse vers les Pays-de-la-Loire, jeudi, selon le ministère de la Santé.

C'est une "première en Europe", a insisté devant l'hémicycle clairsemé de l'Assemblée le ministre de la Santé, Olivier Véran.

Dans les deux cas, il s'agit de désengorger les hôpitaux du Grand Est, proches de la rupture devant l'afflux croissant de patients.

Jour après jour, le nombre de contaminations et de décès ne cesse d'augmenter. Mardi soir, dans les dix départements du Grand Est, l'Agence régionale de santé (ARS) dénombrait 2.722 personnes hospitalisées en lien avec le virus, dont 595 en réanimation.

407 personnes ont succombé dans la région, plus d'un tiers des morts dénombrés en France, où le Covid-19 a fait 1.100 victimes.

Parmi eux, cinq médecins, dont quatre de l'Est du pays, décédés ce week-end. Deux exerçaient dans le Haut-Rhin, foyer majeur de contamination après un rassemblement de quelque 2.000 fidèles d'une église évangélique, fin février à Mulhouse. Contaminés, certains avaient involontairement répandu le virus à travers la France.

- "Angoisse et fatigue" -

Une situation déjà dramatique et qui a connu une brutale aggravation lundi: outre les décès des médecins, 21 résidents d'un Ehpad des Vosges, à Cornimont, seraient morts "en lien possible avec le Covid-19".

"La vague est là": cité dans le Journal du Dimanche, Emmanuel Macron a résumé la rapide progression du virus. Lui faisant écho, le Premier ministre Edouard Philippe a averti lundi que "le temps du confinement" des Français, initialement fixé à au moins quinze jours, pourrait "durer encore quelques semaines".

Dans le Grand Est, le monde médical s'attend à ce que l'épidémie franchisse cette semaine un nouveau cap.

En Moselle, "la vague arrive" en provenance des hôpitaux alsaciens sans parvenir pour autant à les désengorger, et "la saturation augmente chez nous", constate François Braun, chef des urgences à l'hôpital Mercy de Metz.

A Sarreguemines, "la vague est déjà là", confirme aussi Emmanuelle Seris, à la tête des urgences de l'hôpital mosellan, où les services "commencent à être saturés" depuis lundi. Il y a "beaucoup d'angoisse et de fatigue dans les équipes", explique-t-elle.

Face à cette situation, "nous n'avons ni les lits, ni les locaux, ni les équipements, ni les personnes pour augmenter nos capacités dans des proportions extrêmement importantes", expliquait lundi Marie-Odile Saillard, directrice générale du CHR de Metz.

Le pic est attendu en milieu de semaine" et devrait "durer quinze jours, trois semaines", renchérit Bernard Dupont, directeur général du CHRU de Nancy.

- "Matériel d'occasion" -

Avec désormais "près de 900 lits" de réanimation, l'ARS a doublé "les capacités d'accueil" dans la région où, avec 58 patients en réanimation, la Champagne-Ardennes (Aube, Haute-Marne, Marne et Ardennes) est pour l'heure moins touchée (258 en Alsace et 210 en Lorraine).

Avant le recours à un "TGV médicalisé", des évacuations aériennes, par des appareils civils ou militaires, de patients vers des hôpitaux français, mais aussi en Allemagne ou en Suisse, ont déjà eu lieu pour soulager plusieurs hôpitaux, notamment celui de Mulhouse.

Et les soignants sont toujours aux prises avec le manque de matériel, que les nombreux dons peinent à compenser.

A Sarreguemines, "on a prévu d'ouvrir 14 places en réanimation +Covid+ mais les respirateurs ne sont pas encore arrivés. Les délais, c'est dix semaines", s'agace Mme Seris.

Des dons privés devraient permettre d'acheter "du matériel d'occasion disponible tout de suite", poursuit la déléguée Grand Est du syndicat des urgentistes AMUF, qui a elle-même contracté la maladie.

Car les soignants payent un lourd tribut au virus: aux Hôpitaux universitaires de Strasbourg (HUS), 253 des 12.500 salariés l'ont contracté et ne peuvent plus venir travailler, a indiqué sur France Bleu Alsace Christophe Gautier, son directeur général.

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Dessin de la semaine

Portrait craché

Image
bayrou
François Bayrou, baladin un jour, renaissant toujours
PORTRAIT CRACHE - François Bayrou, député, maire de Pau et plusieurs fois ministres, est surtout figure d’une opposition opportuniste. Éternel candidat malheureux à la...
20 avril 2024 - 10:45
Politique
Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.