Coronavirus : plâtrier de profession, il est venu travailler en clinique "pour se rendre utile"

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Par Marie JULIEN - Strasbourg (AFP)
Publié le 15 avril 2020 - 10:50
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François Gérard, un plâtrier, reconverti en agent hospitalier le temps de l'épidémie de conavirus, remet un repas à une patiente à la Clinique Sainte-Anne de Strasbourg, le 14 avril 2020
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© FREDERICK FLORIN / AFP
François Gérard, un plâtrier, reconverti en agent hospitalier le temps de l'épidémie de conavirus, remet un repas à une patiente à la Clinique Sainte-Anne de Strasbourg, le 14 avri
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D'habitude François Gérard monte des cloisons et pose des plafonds, mais depuis bientôt un mois il nettoie les chambres de malades du coronavirus et leur apporte les repas, une reconversion express et temporaire "pour se rendre utile".

"Mon chantier était en arrêt technique. Je me voyais mal rester chez moi à ne rien faire et à attendre qu'il reprenne", explique cet homme de 28 ans, juste après s'être débarrassé de ses gants jetables bleus.

Sur les conseils de sa compagne infirmière, il appelle des hôpitaux et des cliniques pour proposer ses services dès la mi-mars.

"Monsieur Gérard m'a contacté de manière inopinée (...) pour m'expliquer qu'il était au chômage technique et voulait se rendre utile pendant cette période de confinement", se souvient Jean-Valère Fumaroli.

Au bout du fil, le responsable de site Sodexo à la clinique Sainte-Anne à Strasbourg, lui répond: "venez lundi matin, on va forcément vous trouver quelque chose à faire".

François Gérard est formé pendant trois jours et intégrera directement les "unités Covid" de la clinique.

- Beaucoup de petits détails -

"Avoir ce renfort là nous a beaucoup aidé", reconnaît M. Fumaroli, qui encadre les 70 agents de service hospitalier de la clinique et les 25 employés en cuisine. Il évoque "une belle rencontre", tout comme celles des quelques étudiants et d'une personne travaillant dans la restauration, venus en soutien temporaire.

En tenue jetable avec masque FFP2 sur le visage, François Gérard nettoie les sols des chambres, les salles de bains, poignées de porte, interrupteurs... Puis c'est le nettoyage des mains au gel hydro-alcoolique comme une rengaine avant de diriger le chariot de matériel de ménage vers une autre chambre.

Dans les unités Covid, les "protocoles de bionettoyage" des chambres sont spécifiques avec un passage deux fois par jour.

Puis vient l'heure de descendre en cuisine, de disposer fourchettes, couteaux ou bols sur les plateaux et d'aller les apporter aux malades. Pour ceux atteints du coronavirus, les consignes sont très strictes. "On sert tout en jetable, aucune vaisselle n'entre dans la chambre", explique M. Fumaroli. Ensuite tout sera jeté dans des poubelles de déchets à risque infectieux.

"Ce métier n'est pas forcément très compliqué, mais c'est beaucoup de petits détails qu'il faut prendre en compte. Au bout de trois semaines, je n'ai pas cerné toutes les spécificités de cet emploi, je n'aurais pas la prétention de dire ça", explique François Gérard.

Il a ainsi pu "découvrir un autre environnement" et, d'une certaine manière, "assister à cette pandémie en direct".

- "Des gens courageux" -

Une confrontation avec une maladie, à laquelle "chaque patient réagit à sa manière". "C'est plutôt stupéfiant", reconnaît M. Gérard.

"J'ai vu des choses ici qui m'ont touché, des patients que j'ai pu accompagner, dans la douleur parfois, ne serait-ce que par quelques mots, par un regard, des petites attentions", raconte-t-il.

"Plutôt enthousiaste d'avoir eu cette expérience là", François Gérard regrette néanmoins de constater, comme dans le bâtiment, un "manque de considération (...) envers les subalternes" et un "manque de logique" dans les décisions venant d'en haut "qui créé des problèmes".

Parmi les agents de service hospitalier de la clinique Sainte-Anne, beaucoup exerçaient une toute autre activité auparavant. "Ce sont des gens courageux, payés au Smic, ils se sont accrochés" pour venir tous les jours depuis des semaines avec cette "inquiétude de l'ennemi invisible", relève Jean-Valère Fumaroli.

Le CDD de François Gérard s'achèvera le 30 avril. Puis il retournera sur les chantiers.

"La vocation n'est pas venue, mais le fait d'avoir eu cette expérience différente me conforte dans l'idée que ma vocation est la plâtrerie", conclut-il.

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