Daniel Rondeau lauréat du Grand prix du roman de l'Académie française

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Par AFP
Publié le 26 octobre 2017 - 18:35
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Daniel Rondeau, le 25 septembre 2017 à l'Elysée
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© LUDOVIC MARIN / AFP/Archives
Daniel Rondeau, le 25 septembre 2017 à l'Elysée
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L'Académie française a ouvert jeudi la saison des prix littéraires en attribuant son Grand prix à l'écrivain Daniel Rondeau pour "Mécaniques du chaos" (Grasset), roman polyphonique, mené comme un thriller, décrivant la préparation d'un attentat islamiste en France.

Le romancier a obtenu 14 voix contre 13 à Yannick Haenel, et une à l'écrivain haïtien Louis-Philippe Dalembert, a annoncé le secrétaire perpétuel de l'Académie française Hélène Carrère d'Encausse.

"Ce roman représente la somme de tous mes engagements littéraires et personnels depuis plusieurs années", a estimé Daniel Rondeau après la remise de cette récompense. "Je ne suis pas content, je suis très content", a ajouté le lauréat, qui avait été rajouté in extremis à la liste des finalistes de ce prix, doté de dix mille euros.

Ancien ambassadeur de France à Malte et par deux fois candidat malheureux à l'Académie française, Daniel Rondeau, 69 ans, est également en lice pour le prix Renaudot, qui sera décerné le 6 novembre.

Écrivain engagé (notamment en faveur des chrétiens libanais), Daniel Rondeau cherche à tout embrasser. Chaque court chapitre se déroule dans un lieu différent.

"C'est un roman polyphonique. C'est extrêmement original, à la fois par le thème traité et la structure", a estimé Mme Carrère d'Encausse, interrogée par l'AFP.

Soucieux de décortiquer les mécanismes de préparation d'un attentat, Daniel Rondeau emmène son lecteur, au risque de l’abasourdir, de Somalie en Ethiopie, de Turquie en Irak, de Libye en Algérie, ou encore dans une tour de La Défense, dans la banlieue déshéritée de Paris ou dans la prison de Fleury-Mérogis, contrôlée par des détenus islamistes.

Il est question de terrorisme, mais aussi de trafic d’œuvres d'art et d'êtres humains. C'est un monde qui se délite que décrit Rondeau dans un livre où la mélancolie le dispute au désenchantement.

Son narrateur, Sébastien Grimaud, est archéologue, spécialiste de l'Antiquité. Mais le roman foisonne de voix singulières. Il y a celle d'Habiba, "boat-people" somalienne rescapée d'un naufrage sur les côtes maltaises, de Moussa, chef de milice esclavagiste, de Levent, diplomate turc au jeu ambigu, de Bruno, policier de la brigade antiterroriste, de M'Bilal, caïd salafiste, de Sami, fils d'immigré algérien, modèle d'intégration en voie de radicalisation, ou encore de Harry, pauvre gamin orphelin d'une cité pourrie de banlieue, utilisé comme "guetteur" par des dealers...

- 'Perdus dans la vie' -

"Tous mes personnages sont un peu perdus dans la vie", a résumé l'écrivain, interrogé par des journalistes. "J'aborde la vie difficile pour des gens qui habitent dans des banlieues où la République, dans son œuvre d'éducation et son œuvre d'autorité, a été un peu défaillante".

Tous ces destins vont se croiser ou se frôler. On peut se perdre parfois dans cette toile d'araignée, mais jamais très longtemps.

Ancien militant d'extrême gauche (avec les "maos" de la Gauche prolétarienne), journaliste à Libération puis au Nouvel Observateur, Daniel Rondeau a écrit de nombreux romans et essais, dont "Chagrin lorrain" (1979) son premier livre et parfois considéré comme l'un de ses meilleurs.

On lui doit aussi "L'enthousiasme" (1988) où il relate son expérience d'ouvrier "établi" en usine, "Alexandrie" (1997) récompensé par le prix des Deux Magots, "Vingt et plus" (2014) et, l'an dernier, "Boxing-club" où il parle de sa passion pour la boxe, un sport qu'il pratique régulièrement.

Éditeur, il a fondé la maison d'édition Quai Voltaire en 1987 avec Gérard Voitey, avant de diriger la collection Bouquins chez Robert Laffont.

Ambassadeur de France à Malte en 2008, il avait été nommé en 2011 délégué permanent de la France auprès de l'Unesco, poste dont il a démissionné en 2013.

A la fin du roman, Sébastien Grimaud s'interroge et l'on croit entendre la voix de Daniel Rondeau: "Je me demande de plus en plus souvent si nous ne sommes pas en train d'assister à la fin d'un cycle en Occident et ailleurs, et à la disparition progressive mais inéluctable de cette vie chrétienne qui dure depuis deux mille ans".

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