Danielle Darrieux, la guerre, le sexe : la vie de cinéma de Paul Vecchiali

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Par AFP
Publié le 04 décembre 2017 - 12:39
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Cinéaste à l’œuvre foisonnante et "réalisateur chercheur", Paul Vecchiali sort son dernier film à l'
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Cinéaste à l’œuvre foisonnante et "réalisateur chercheur", Paul Vecchiali sort son dernier film à l'âge de 87 ans, avec toujours la même admiration pour celle qui fut sa muse, Dani
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Cinéaste à l’œuvre foisonnante et "réalisateur chercheur", Paul Vecchiali sort son dernier film à l'âge de 87 ans, avec toujours la même admiration pour celle qui fut sa muse, Danielle Darrieux.

"A 6 ans, le choc: j'ai vu Mayerling avec Danielle Darrieux", lance, devant les photos de l'actrice défunte exposées à la cinémathèque de Toulouse, ce petit homme à la crinière blanche, moustache à la gauloise sur un fond de barbe de trois jours.

"J'ai dit à ma mère que je ferai du cinéma. +Nous sommes finis+, elle a répondu", se remémore-t-il, une étincelle dans le regard, avec une vivacité incroyable pour un "presque nonagénaire".

Pour ne pas décevoir ses parents, le jeune Paul exploite alors ses "dons" mnémotechniques et fait de brillantes études à Polytechnique. "Ma mère rêvait de me voir avec le bicorne", confie-t-il à l'AFP.

Mais le 7e art reste son objectif. Celui qui se présente volontiers comme "chercheur" réalisera une cinquantaine de films, dont trente longs-métrages.

Adolescent, il collectionne les photos de son idole Danielle Darrieux. Mais, en 1943, lorsque ses parents décident d'abandonner leur villa de Toulon avant les bombardements, le garçon doit se séparer de 4.000 clichés.

Assurément précoce, il découvre aussi très tôt la sexualité, "à 13 ans avec une femme de 37 ans", puis, quelques jours plus tard, avec un homme: "un copain m'a dit: en moins d'une semaine, tu as fait le tour de la question".

Enfant de la guerre, il vit des expériences terribles de celles qui tuent ou font grandir, forgent l'âme et nourrissent le cinéaste. A 13 ans, il fugue de l'internat après avoir entendu qu’un bombardement a détruit son quartier de Toulon. Il découvre que sa grand-mère a été tuée par la bombe qui a éventré sa maison.

La guerre, il la retrouve au sortir de Polytechnique. Jeune lieutenant du génie, il est propulsé sur les "évènements d'Algérie".

De retour en France, instructeur à Polytechnique, il prend 17 jours de congés pour faire son premier film en 1961, "Les petits drames": "15 jours pour filmer, 2 jours pour monter".

Autodidacte, il puise dans sa culture cinématographique: "j'avais l'instinct du montage", lance-t-il, se souvenant de l'assemblage des rushs "dans le salon du couple Piccoli".

Pour ce film muet, il a choisi Nicole Courcel, à l'époque compagne de Michel Piccoli, dont l'une des meilleures amies est... Danielle Darrieux. Sa muse fera alors une première apparition dans ce film dont toutes les copies ont été perdues.

Sa carrière est lancée, le souffle est là. "J'ai tout fait à l'envers", dit Paul Vecchiali: après deux films, il devient assistant puis critique aux Cahiers du Cinéma, notamment.

- Incursion dans le porno -

Vecchiali poursuit son exploration du cinéma avec "Femmes femmes" en 1974, "un succès critique et un bide en salle".

Le cinéaste a alors des problèmes à trouver des producteurs, cherche de l'argent et rencontre le réalisateur de films érotiques Jean-François Davy, qui lui propose de "faire du porno".

Il accepte, à condition de garder son "équipe" de "Femmes femmes" et de faire "du hardcore (sexe non simulé, Ndlr)".

En épluchant sa filmographie, on trouve de grands thèmes sociétaux, "la peine de mort", "la guerre". En 1983, dans "En Haut des marches", il rend hommage à sa mère, dans le portrait d'une femme détruite par la guerre, avec Danielle Darrieux dans le rôle principal.

Mais c'est le questionnement sur la sexualité qui traverse l'ensemble de son oeuvre. Lorsque le ministre de l'Intérieur Charles Pasqua évoque le sida comme "un châtiment divin contre les homosexuels", il riposte par un nouveau film "Once more", qu'il écrit "en un week-end".

Vecchiali a une image contrastée de la "grande famille du cinéma". L'avance sur recettes lui est souvent refusée: il en fait un film, "A vot' bon coeur" (2004), dans lequel il joue son propre rôle. "Je suis inflexible".

A l'avant-première toulousaine de son dernier film "les Sept Déserteurs", il lâche: "quand à 6 ans j'ai dit +je veux faire du cinéma+, je ne pensais pas avoir une vie aussi formidable".

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