Dans les manifs d'infirmières, cris de douleur et cris de colère

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Par par les bureaux régionaux de l'AFP - Paris (AFP)
Publié le 20 novembre 2018 - 18:34
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Manifestation d'infirmières à Marseille, le 20 novembre 2018
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© GERARD JULIEN / AFP
Manifestation d'infirmières à Marseille, le 20 novembre 2018
© GERARD JULIEN / AFP

"Sacrifiées", utilisées "comme des pions" et jetées "à la poubelle": dans leurs manifestations mardi, les infirmières ont autant exprimé un profond malaise qu'elle ont réclamé "une vraie place" dans la réforme annoncée en septembre par Emmanuel Macron.

A Lille: "on veut une vraie place"

Sandra Dupuis, infirmière libérale à Libercourt (Pas-de-Calais):

"Nous nous sentons sacrifiées, complètement oubliées du nouveau plan santé. Le mot +infirmier+ y est quasi-inexistant. On veut une vraie place dans les nouvelles directives, une reconnaissance de ce qu'on fait au quotidien."

"On crée un nouveau métier (d'assistant médical, ndlr) financé par la sécurité sociale, alors que nous, les libéraux, on reste avec des tarifs qui défient toute concurrence."

A Strasbourg: "les gens s'épuisent au travail"

Marie-Cécile Decker, infirmière de bloc opératoire à Mulhouse (Haut-Rhin):

"Nous souhaitons que notre formation soit reconnue à un niveau master et que nos conditions de travail s'améliorent, que le ministère de la Santé entende que les gens s'épuisent au travail."

"Il y a un gros turn-over des jeunes. Au niveau de la sécurité cela devient limite, on est toujours à flux tendu, les créneaux opératoires sont courts et les journées de travail se rallongent."

A Marseille: "nos compétences sont dilapidées"

Annick Fillot, infirmière libérale à Six-Fours-Les-Plages (Var):

"Nos compétences sont dilapidées. Les pharmaciens font des vaccins, ils ne sont pas formés pour, on leur apprend à piquer dans des oranges. Le nouveau métier (d'assistant médical, ndlr) on ne sait pas ce que ça va être, moitié secrétaire, moitié infirmière, avec un semi-diplôme..."

"Nous, on a fait trois ans et demi d'études, on a une formation continue. On ne peut pas mettre notre profession à la poubelle comme ça. Même économiquement ça n'a pas de sens. On est les moins chers de la santé, on fait une toilette à 4 euros, une injection à 8 euros brut, trouver moins cher c'est pas possible."

A Bordeaux: "les soldes toute l'année"

Karine Sauvage, infirmière libérale à Saint-Vincent-de-Tyrosse (Landes):

"On est les seuls soignants à être sur le terrain sept jours sur sept, 365 jours par an, et les seuls à faire des actes non rémunérés (à partir du troisième acte pour une même visite, ndlr). Chez nous les soldes, c'est toute l'année!"

"Ce qu'on demande c'est la reconnaissance de nos compétences et la revalorisation de notre nomenclature. Nous nous sentons exclues du plan santé, qui fait la part belle aux médecins grâce à leur lobby."

A Lyon: "on nous maltraite"

Nadine Bruyère, infirmière de bloc opératoire à Firminy (Loire):

"L'évolution de notre système de soins est catastrophique. On manque de moyens, on nous démoralise, on nous démotive, on nous maltraite. On nous utilise comme des pions."

"On supprime des postes et on nous demande de travailler toujours plus. Evidemment ça se ressent sur la qualité des soins."

"Il faut toujours aller vite, parce qu'on a tant de personnes à soigner. Mais moi je m'en fiche, ce qui m'importe c'est la personne qui est sur la table d'opération. On est des soignants, pas des banquiers."

A Rennes: "pas mises en valeur"

Valérie Bertrand, infirmière libérale à Brandivy (Morbihan):

"Ce qui nous fait monter au créneau, c'est la création de postes d'assistants médicaux. Ce seront des secrétaires sanitarisées, ça ne va pas améliorer la prise en charge des patients."

"Nos compétences ne sont pas mises en valeur. On nous grignote de toutes parts, la vaccination est élargie aux pharmaciens. Mais un patient qui sort de l'hôpital un samedi ou un dimanche, qui peut le prendre en charge ? L'infirmière libérale, qui est toujours là pour désengorger les urgences et les services hospitaliers."

"Sur le terrain, les infirmières peuvent peut-être aider à combler la désertification médicale. Nous sommes les seules à aller quotidiennement au domicile des patients."

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