Dans les manifs, les fonctionnaires racontent leur quotidien

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Par Sabine PRADELLA, Les bureaux de l'AFP - Paris (AFP)
Publié le 22 mars 2018 - 18:34
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Manifestation contre la politique du gouvernement lors de la journée nationale dans les rues de Toulouse, le 22 mars 2018
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© PASCAL PAVANI / AFP
Manifestation contre la politique du gouvernement lors de la journée nationale dans les rues de Toulouse, le 22 mars 2018
© PASCAL PAVANI / AFP

Manque de personnels, conditions de travail dégradées, salaires... Dans les cortèges partout en France, les fonctionnaires et agents des services publics racontent leurs problèmes au quotidien et l'attachement à leurs missions.

"Je dois apporter mon râteau"

"Je manifeste pour les salaires, les retraites et les conditions de travail", explique Lionel, chargé de l'entretien des espaces extérieurs à l'hôpital de La Conception à Marseille. "Je travaille avec rien. Je dois apporter mon râteau, mes gants, car on n'a pas de matériel, on nous dit qu'il n'y a plus d'argent", raconte cet agent, autocollant CGT collé sur sa veste. Il gagne 1.420 euros par mois, primes comprises, après 25 ans d'ancienneté. "Quand je reviens de congé, on me dit que c'est sale, mais il n'y a personne qui m'a remplacé".

"On n'est pas des nantis"

"Le ras-le-bol est général", regrette Alain Gate, 66 ans, instituteur à la retraite qui manifeste à Clermont-Ferrand. "Toute notre vie, avec mon épouse également institutrice à la retraite, on l'a donnée à l'école, à nos classes, à la ville comme à la campagne. Mais ils n'en ont rien à faire, les petits, les classes moyennes, on ne compte pas. On ne se plaint pas mais on n'est pas des nantis. Avec la hausse de la CSG, on a perdu 1.200 euros par an".

"On perd la foi"

Pour Valérie, 51 ans, aide-soignante depuis 15 ans, qui travaille en gériatrie à l'hôpital Beaujon de Clichy (AP-HP), "on enlève du personnel tout le temps, les départs à la retraite ne sont pas remplacés et on nous demande d'en faire toujours plus, sans moyens. On a un métier de soins et on traite les gens comme à l'armée". S'y ajoutent "les vacances qu'on ne peut pas prendre quand on veut" en raison des manques d'effectifs, "les demandes de formation toujours refusées" faute de budget. "On perd la foi" dans notre métier, "tout ça pour 1.500 euros" par mois. "Aux jeunes, c'est pas un métier que je conseillerais, hélas".

"Personne ne voulait être fonctionnaire"

Albert, 67 ans, retraité de la fonction publique territoriale, défile à Marseille. "Personne ne voulait être fonctionnaire tellement les salaires étaient bas, alors qu'on arrête de nous parler de privilèges", dit-il. Après "48 ans de travail", il touche "1.800 euros de retraite. Je l'ai pas volée". A ses côtés, sa femme Gisèle fustige la "privatisation menée" par le gouvernement qui "monte les gens les uns contre les autres: le privé contre le public".

"Tendance à la précarisation"

Caroline Audric, 39 ans, assistante sociale depuis 15 ans à la Caisse d'allocations familiales de Grenoble et responsable CGT, estime que "la grosse tendance est à la précarisation de la population et à la complexification des situations. La numérisation, c'est bien pour un pan de la population qui manie bien internet, les smartphones, mais des tas de gens n'ont pas cette facilité. On attend de l'allocataire qu'il co-produise son dossier, mais c'est la porte ouverte aux erreurs et à des situations inextricables, avec des risques d'avoir à rendre l'argent".

Des filières "élitistes"

"Nous craignons vraiment une désorganisation profonde" de l'enseignement supérieur, explique Anne Perrut, maître de conférence en mathématiques à l'université Claude Bernard à Lyon. Elle anticipe des "modifications sur le long terme" qui vont bouleverser "les systèmes de sélection à l'université avec des filières très élitistes et très bien financées". Elle défile aussi "pour défendre les emplois de titulaires de la fonction publique pour l'enseignement et la recherche".

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