Dans un Paris confiné, la livraison de repas tente de tirer son épingle du jeu

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Par Rebecca FRASQUET - Paris (AFP)
Publié le 18 mars 2020 - 09:00
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La livraison de repas à domicile, épargnée par le confinement, essaie de tirer son épingle du jeu en s'efforçant de rassurer sur l'hygiène
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© MEHDI FEDOUACH / AFP
La livraison de repas à domicile, épargnée par le confinement, essaie de tirer son épingle du jeu en s'efforçant de rassurer sur l'hygiène
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Dans une capitale privée de restaurants en raison de l'épidémie de coronavirus, la livraison de repas à domicile, épargnée par le confinement et déjà en plein boom, essaie de tirer son épingle du jeu en s'efforçant de rassurer sur l'hygiène.

"Il n'y a pas d'explosion. Notre activité globale est même un peu inférieure à d'habitude", dit à l'AFP Julia Bijaoui, cofondatrice de Frichti qui livre à la fois des plats cuisinés et des produits alimentaires frais.

"En fait, ça évolue de jour en jour: les courses en ligne (fruits et légumes essentiellement, ndlr) qui représentaient 30% de notre chiffre d'affaires ont bondi à 70%. Les Parisiens ont beaucoup quitté la ville, donc nous avons moins de commandes, mais ceux qui restent achètent davantage, ils stockent pour plusieurs jours", explique-t-elle.

Né en 2015, Frichti qui compte 300 salariés, veut répondre aux nouveaux besoins nés avec l'épidémie, en livrant davantage de personnes à mobilité réduite et malades, ainsi que des seniors, qui passent commande via "une +hotline+ ouverte lundi".

Autre clientèle en croissance: les soignants, "qui vont avoir besoin qu'on fasse la cuisine pour eux: nous sommes en pourparlers avec l'AP-HP", dit Mme Bijaoui. La société pourrait aussi livrer des paniers repas à la Croix Rouge.

De son côté Dark Kitchen, qui exploite cinq restaurants (quatre à Paris et un à Bordeaux) entièrement dédiés à la livraison - assurée par Deliveroo ou Uber Eats -, a vu ses commandes bondir à 700 dimanche soir, contre 500 à 600 d'ordinaire.

"On n'était pas forcément prêt à faire face à une telle hausse de la demande, on n'a pas pu suivre", explique à l'AFP Jean Valfort, fondateur de Dark Kitchen. Il se veut toutefois prudent.

"On a peu de recul: les restaurants parisiens ont fermé samedi à minuit, il y a donc eu un report de clientèle, et puis les gens n'avaient pas eu le temps de faire leurs courses. On verra dans une semaine si ça dure", dit-il, alors que les Français sont confinés à leur domicile depuis mardi à midi, comme l'a décidé le gouvernement pour tenter d'enrayer l'épidémie de Covid-19.

- Livraison "sans contact" -

Interrogée sur son activité ces derniers jours, la société de livraison de repas Uber Eats botte en touche, assurant avoir pour "priorité de continuer à accompagner et soutenir les restaurateurs et livreurs" qui seront indemnisés pendant 15 jours s'ils sont infectés, en cette période "difficile".

De son côté, Deliveroo, qui travaille avec quelque 12.000 restaurants dans 300 communes - et promet aussi d'indemniser les livreurs malades -, évoque des "commandes assez stables". "Il faudra voir dans les jours qui viennent", selon un porte-parole.

"Nous essayons de soutenir les restaurants indépendants, les plus fragiles, qui ont fermé leur salle mais continuent à travailler pour la livraison", dit-il. Deliveroo met en avant le règlement via les cartes de paiement émises par les sociétés Sodexo ou Edenred, "sans frais de livraison".

Frichti, Dark Kitchen, Deliveroo ou Uber Eats affirment se concentrer sur l'application des règles d'hygiène, renforcées et consignées par le ministère de l'Economie dans un "guide de précautions sanitaires" qui préconise notamment de désinfecter fréquemment les cuisines, d'aménager une zone de récupération des plats éloignée, et de faire une livraison "sans contact".

Raillée sur les réseaux sociaux pour sa "convivialité", celle-ci exige du livreur qu'il s'en aille juste après avoir sonné ou s'éloigne de deux mètres du client avant que celui-ci n'ouvre sa porte.

Mais nombre de restaurateurs n'ont pu se tourner vers la livraison pour maintenir un semblant d'activité après la fermeture des établissements "non essentiels" à la vie du pays jusqu'à mi-avril.

C'est le cas de Paris Society qui exploite huit restaurants festifs (Monsieur Bleu, Loulou, Girafe, Apicius) et des discothèques (Raspoutine, Castel...). Le groupe a mis ses 500 salariés au chômage partiel après avoir fermé tous ses établissements.

"Nos restaurants sont hébergés par des institutions culturelles comme l'Opéra de Paris, la Cité de l'architecture ou le Palais de Tokyo, qui ont elles-mêmes fermé leurs portes et nous ont demandé d'arrêter notre activité", explique à l'AFP Alexandra de La Brosse, directrice de la communication.

Entre 30.000 et 50.000 euros de marchandises ont été données au personnel et à des associations.

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