Débarquement en Provence : une bataille d'état-major

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Par AFP - Paris
Publié le 09 août 2019 - 11:46
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Le leader soviétique Staline (G), le président américain Roosevelt (C) et le Premier ministre britannique Winston Churchill (D) lors de la conférence de Téhéran le 28 novembre 1944
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Le leader soviétique Staline (G), le président américain Roosevelt (C) et le Premier ministre britannique Winston Churchill (D) lors de la conférence de Téhéran le 28 novembre 1944
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Le débarquement en Provence d'août 1944 a donné lieu à une âpre bataille d'état-major concernant le lieu de l'opération entre le Premier ministre britannique Winston Churchill et le général américain Dwight Eisenhower.

En novembre 1943, au cours de la conférence de Téhéran, Roosevelt, Churchill et Staline arrêtent définitivement le principe de l'ouverture d'un second front en Europe, mais Anglais et Américains divergent quant au choix du rivage européen où s'effectuera l'opération, complémentaire du débarquement en Normandie du 6 juin 1944.

A l'origine, Dragoon, nom de code du débarquement en Provence, devait s'appeler Anvil (enclume). L'opération devait être déclenchée en même temps qu'Overlord (nom de code du débarquement en Normandie), baptisée dans un premier temps Hammer (marteau). Le nazisme devait ainsi être écrasé entre le marteau et l'enclume des forces alliées.

Les deux opérations furent finalement dissociées faute de moyens et de troupes suffisants.

Churchill défend un débarquement sur les côtes adriatiques avec une stratégie de "grande tenaille" pour "pincer" le maximum de troupes ennemies. Un débarquement en Yougoslavie, "dans le ventre mou du crocodile", est ainsi préconisé.

Le Premier ministre britannique redoute que Staline n'étende son emprise sur les Balkans et souhaite parvenir à Vienne, voire Budapest, avant les troupes de l'Union soviétique.

Les Américains préfèrent se concentrer sur leur objectif immédiat, libérer la France, et opérer coup par coup, en repoussant les Allemands au delà des frontières rhénanes.

C'est finalement le général Eisenhower, commandant suprême des forces interalliées, qui tranche en faveur de la Provence. Churchill, la mort dans l'âme, doit s'incliner.

A quinze jours du déclenchement de Dragoon, les Anglais tenteront une dernière fois de faire changer les plans en proposant un débarquement à Bordeaux.

"Eisenhower disait non tout au long de l'après-midi, il continua de dire non et ne cessa jusqu'au bout de dire non avec tous les moyens que la langue anglaise mettait à sa disposition", raconte le capitaine Harry Butcher, aide de camp du général américain, sur le bras de fer avec Churchill.

"Comme d'habitude", écrivit plus tard Eisenhower, "le Premier ministre poursuivit la discussion jusqu'au moment même de l'exécution. Comme d'habitude également, à la seconde même où il vit qu'il ne pourrait obtenir gain de cause, il jeta dans la balance tout ce qui restait en son pouvoir pour le soutien de l'opération".

Le 9 août, soit six jours seulement avant le débarquement du 15 août 1944, l'ordre ferme pour la Provence est enfin transmis aux troupes impliquées dans l'opération.

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