Décès de René Lenoir, initiateur de la loi de 1975 pour les personnes handicapées

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Par AFP
Publié le 17 décembre 2017 - 17:09
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René Lenoir, directeur de l'ENA, devant une promotion d'élèves à Strasbourg
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© JEAN-PHILIPPE KSIAZEK / AFP/Archives
René Lenoir, directeur de l'ENA, devant une promotion d'élèves à Strasbourg
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Ancien secrétaire d'Etat de Valéry Giscard d'Estaing à l'origine d'une importante loi sur les personnes handicapées, René Lenoir, décédé samedi à l'âge de 90 ans, a fait de l'exclusion sous toutes ses formes l'un des combats de sa vie.

Né le 21 janvier 1927 à Alger, ce haut fonctionnaire licencié en droit, diplômé de l'Institut d'études politiques de Paris, élève de l'Ecole nationale d'administration (promotion "Félix Eboué" de 1954), a occupé de prestigieux postes, dont la direction de l'ENA.

C'est en intégrant l'Inspection des Finances, à sa sortie de la prestigieuse école, qu'il "découvre" les problèmes sociaux, en lisant et écrivant des rapports.

Il entre en 1974 au gouvernement sous la présidence de Valéry Giscard d'Estaing comme secrétaire d'Etat auprès de la ministre de la Santé, Simone Veil. Le président avait repéré son ouvrage "Les exclus: Un français sur dix". Le haut fonctionnaire y prenait position pour "l'autre France", celle des personnes âgées, handicapées ou en difficulté.

Auprès de Simone Veil, cet "avocat des exclus" sera chargé de l'action sociale, fonction qu'il occupera jusqu'en 1978.

"Quand j'ai pris cette responsabilité, les personnes âgées mangeaient de la nourriture pour chats et chiens. J'ai pu obtenir leur maintien à domicile, le doublement du minimum vieillesse et la concertation constante avec les handicapés, en faveur desquels j'ai rédigé la première loi programme", relatait-il dans Paris Match en 1988.

Dès 1975, il présentera cette loi d'orientation en faveur des personnes handicapées, qui "manquaient alors de tout". Le texte prévoyait des dispositions comme une allocation d'éducation spéciale pour les mineurs, une allocation adulte handicapé pour les majeurs, ou encore une assurance vieillesse pour les mères ayant un enfant handicapé.

Également à son crédit, des décrets instituant pour la première fois en France un "prix de journée" (prise en charge forfaitaire par l'assurance maladie du coût des soins dispensés dans les institutions d'hébergement social pour les personnes âgées).

- 'l'écriture, seconde naissance' -

En 1988, il est nommé à la tête de l'ENA, poste qu'il occupera jusqu'en 1992. Une année avant son départ, Edith Cresson, alors Première ministre de François Mitterrand, annoncera la délocalisation de la grande école à Strasbourg, une décision que René Lenoir dénoncera, en vain, d'abord pour son coût. Et surtout parce qu'il craint que ce déménagement ne casse le "rôle international" de l'école prestigieuse.

Dans les années 1990, il présidera divers organismes d'action sociale et continuera de lutter contre la stigmatisation des chômeurs et le surendettement des ménages.

En 1994, il s'insurge contre une suggestion du directeur de l'ANPE (ancêtre de Pôle emploi), de demander aux chômeurs des contreparties à leur indemnisation sous forme de tâches d'intérêt général. Dans une tribune, il appellera alors à opposer à "la suspicion généralisée", "la générosité spontanée".

En 1995, fraîchement élu président, Jacques Chirac le charge d'une mission pour réfléchir à la manière de réduire la "fracture sociale".

René Lenoir est l'auteur de plusieurs ouvrages. Le dernier en date, "Le chant du monde est là", que son fils, l'écrivain Frédéric Lenoir, a qualifié dimanche de "testament spirituel", a été publié en octobre.

"L'écriture aura été ma seconde naissance", confiera René Lenoir.

Son pays natal, quitté en 1948, inspirera, près de 50 ans plus tard, "Mon Algérie tendre et violente". "L'Afrique m'a appris la diversité. J'aime autant le sari, la gandoura ou le boubou que le jean ou le complet veston", disait-il.

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